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Marie-Claude Auger (Traducteur)
EAN : 9782267022100
166 pages
Christian Bourgois Editeur (01/09/2011)
2.67/5   18 notes
Résumé :
Ce roman choral croise l’histoire de différents personnages qui tentent de surmonter leur mal de vivre et leurs souvenirs encombrants.

Anton, 43 ans, est médecin. Il vit à Berlin, entouré de ses amis Alix, Jan et Bernd. Ses parents habitent une petite ville de province, où le grand plaisir de sa mère est de cultiver des fraises dont elle fait des confitures qu’elle expédie immanquablement à son fils.
Depuis quelque temps, Anton voit avec chagr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Et c'est une saveur particulière que dégagent ces fraises qui n'existent plus que dans la fuite du temps , le temps passé présent futur entrelacé par" la mémoire qui flanche , qui ne se souvient plus très bien" , le temps obscurci par les brumes de plus en plus opaques de l'oubli ....Le temps qui glisse entre les fulgurances de la mémoire retrouvée ....Ces courts moments de prise de conscience poignardant l'être humain dans la lucidité soudaine de sa dérive vers l'absence à soi et aux autres ....
Alors oui c'est bien D'Alzheimer dont il s'agit ....Mais l'auteure ne traite pas le sujet comme un cas d'étude clinique , son regard élargi embrasse des tranches de vie , des croisements de destins , des rêves et des espoirs , des vies limées par l'usure du temps et d'autres à peine écloses ....Autour d'un rituel de cueillette de fraises , se croiseront des personnages insolites et pourtant sans grand relief , des "comme vous comme moi" qui traversons l'espace temps sans recul ...réveillés ponctuellement le temps d'un éclair par la foudroyance de "l'inéluctable" ....A peine surgie en surface , parce que plus ce serait insoutenable ....et nous ferait basculer dans le non-sens ....
Une plume en écho aux soubresauts mémoriels d'Hilde et Wilhelm, cahotique , dans une forme évanescente telle l'écriture d'une plume d'ange , réveillée inopinément par un éclair de douleur de retour à l'instant en conscience ....
Un roman qui ne se laisse pas enfermer dans les schémas de la pensée raisonneuse avec une liberté expressive étonnante pour parler autrement de la maladie de l'oubli , mais aussi de nos chemins à tous cahin-caha , parce que la vie c'est toujours affaire d'arrangements , d'espoirs et de renoncements , de petits riens essentiels et de passage .
Un petit moment de lecture vécu en résonance avec la propre conscience à soi de sa temporalité car c'est l'impact immédiat de cette petite histoire, celle-ci étant suffisamment travaillée pour prendre quelques allures de thrillers réjouissant les amateurs de fiction et pourtant avec une grande vacuité pour laisser s'engouffrer les angoisses existentiels du lecteur , béance implacable et sans échappatoire : la vie .
C'était un petit moment à-part avec un ouvrage surprenant ! de quoi vaincre mon apathie accablante ces dernières semaines . Chouette .
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Anton a la quarantaine. Il vit seul à Berlin, il est médecin.
Ses parents vivent en province, dans une ville où on se soucie de Volkswagen et de son jardin. Anton tombe amoureux de Lydia, elle aussi médecin, lorsqu’il la renverse alors qu’elle est à vélo. Lydia a déjà une fille, Rachel, mais elle vit seule maintenant. Les parents d’Anton vont être enfin heureux : Anton va avoir un foyer lui aussi, c’est dans l’ordre des choses, et ils vont pouvoir partir l’esprit libre.
Sa mère surtout, qui comme chaque année va pouvoir ramasser les fraises qu’elle cultive dans son jardin, en faire des confitures et les envoyer à son fils par la poste.

Mais ses parents ne vont pas bien, sa mère surtout, elle perd la tête. Elle en oublie même de planter ses fraises.

« Les heures, les lieux ne correspondaient plus. Et alors que chaque année, début juin, elle faisait la première confiture de fraises, parce qu’elle avait attendu avec impatience les premiers fruits sucrés de l'été pour les envoyer à ses enfants, elle oubliait maintenant de planter des fraises. »


Et puis il y a une ombre sur le tableau.
Lydia a vécu il y a quelques années une période difficile. Elle buvait. Un homme s’est occupé d’elle à ce moment-là, un certain Rüdiger, un type qui n’est pas très fréquentable et qui s’est engagé dans la Légion avec un autre individu, Martin, au passé aussi douteux.

Tous les éléments du drame sont là : on le sent monter à travers la filature auxquels les deux légionnaires se livrent pour surveiller Lydia et sa fille Rachel. La menace est très présente : Rüdiger et Martin sont les témoins d’un autre monde, un monde où on tue impunément, un monde de folie meurtrière, en Afghanistan, en Afrique ou ailleurs. Et quand on revient dans la vie civile, on ne peut pas se réadapter à la vie de tous les jours.

Un autre drame se joue dans le même temps. Hilde perd la boule et Anton, malgré tous ses talents de médecin, ne peut rien contre la rapide dégradation de la mémoire. Il aurait besoin de l’appui de sa sœur Caroline, mais celle-ci a fait le choix de vivre aux Etats-Unis, peut-être pour ne pas assister à la déchéance de sa mère.
Hilde vit encore sa passion : elle s’obstine à vouloir planter des fraises comme avant, quand Caroline et Anton étaient petits, ensuite elle en fera des confitures et tout continuera comme avant.

Katharina Hacker parvient à décrire les errances de la mère avec beaucoup de tendresse. Ce sont deux générations, mais aussi deux univers (la campagne et la ville de Berlin) qui sont dépeintes par l’auteure allemande.
Peut-on tourner la page d’un passé obscur ? Anton va-t-il réussi à fonder une famille avec la belle Lydia et avec Rachel, qu’il aime déjà ? Grâce à une construction de points de vue successifs, Katharina Hacker nous tient en haleine jusqu’au bout, jusqu’à la scène de la récolte des fraises pour laquelle tous les personnages vont se retrouver.

Une belle sensibilité pour décrire des personnages avec des failles – humains donc.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Je pourrais vous dire qu'il s'agit d'un médecin berlinois, plutôt solitaire, dont les parents perdent la mémoire, dont la soeur a fui aux États-Unis, et qui, à 40 ans,
dans une douceur éblouie d'adolescent, pense/espère avoir enfin trouvé la femme de sa vie.
Mais ce serait mal rendre compte de l'originalité de ce livre, qui m'a parfois laissée déstabilisée, fait de possibles, de remords, de reviviscences, de personnages éphémères. Violence et douceur sont douloureusement intriqués. Tous les personnages sont d'une intense solitude , pleins d'errances et d'interrogations car la vie est rarement un long fleuve tranquille
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Des passages, distincts, réellement lumineux.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Bonjour, madame Hübner ! disait une voix d’homme.
Caroline sursauta, comme si c’était elle qui avait commis la bévue, comme si c’était sa faute si l’ancien nom avait ressurgi, madame Hübner, répétait sa mère dans un murmure, honteuse. Mais ce n’est pas moi. Et Caroline l’entendit se tourner de nouveau vers le téléphone, et elle perçut aussi que sa mère avait oublié avec qui elle parlait. Allô ? Elle l’avait dit si timidement que Caroline en eut les larmes aux yeux.
Mère, c’est moi !
Mais qui était-ce, et où es-tu, où est père ?
Oui, père.
Non, je veux dire papa, ton mari.
Ah, dit sa mère, mais elle hésita et Caroline comprit que ce n’étaient pas les oublis, c’étaient les trop nombreuses directions que prenaient les pensées, trop de ramifications, tout était trop confus, nul ne pouvait s’y retrouver.
Ah mère, dit sa fille qui se serait bien tue
Mais qui est là ? demandait Hilde Weber, méfiante.
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Mais comment décrire ce qu'elle ne pouvait encore ni voir ni comprendre elle-même, comment expliquer qu'il n'était rien d'aussi personnel que ce vide, que cette main tendue dans l'obscurité, une obscurité qui engloutissait non seulement la main mais la vue elle-même, de la manière la plus indolore qui soit ?
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- Mais ils sont là les couvercles!
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