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EAN : 9782843378140
205 pages
Anne Carrière (18/02/2016)
3.48/5   48 notes
Résumé :
Nina Gary a 18 ans ; alors qu'elle tente de devenir une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l'accent de Popek qui boit de la vodka, entre le trop d'amour de sa mère cachée pendant la guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue. Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le cœur d'être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Difficile de rentrer dans le moule quand on est fille, noire, juive, issue d'une mère blanche et d'un père noir musulman, et un grand-père maternel rescapé de la Shoah. Allez-vous intégrer avec ça !
Passionnée de danse Nina se fera jeter du cours parce que noire, dans la danse classique ça fait désordre. Heureusement elle est d'un optimisme débordant doublée d'une boute en train, la nature lui a offert un don : celui de courir comme une gazelle. Lors des entrainements, elle tombe amoureuse de Jackson, mais Jackson ne la voit pas. Pire il tombe dans les bras de sa rivale de compétition : Nadia.
Les écueils sont de tailles lorsqu'il s'agit de se confronter au quotidien. La populace vit de ses préjugés et de ses schémas depuis trop longtemps implantés. Si certains sont tolérants, d'autres ont encore des efforts à faire. Rachel Khan nous décrit les brimades et le rejet permanent, la seule issue est de devenir une star pour que cesse enfin ce vent de haine.
Un roman qui se boit comme du petit lait, les chapitres s'enchainent les uns après les autres. L'écriture est simple avec les mots de la rue, les mots de tous les jours. Ceux qui vous frappent de plein fouet et qui pénètrent en vous comme des dards empoisonnés.
J'ai hésité entre quatre et cinq, j'ai mis cinq car j'y ai été de ma petite larmichette vers la fin du bouquin.
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Pas facile de trouver qui l'on est en général... alors quand on est le fruit d'identités multiples et d'histoires dramatiques, c'est encore plus compliqué. C'est ce que raconte Rachel Kahn / Nina Gary en exposant le long chemin entrepris à peine sortie de l'adolescence pour tenter de se connaître. Issue d'une famille réunie par l'amour, elle porte en elle la mémoire de la Shoah du côté maternel et celle de l'esclavage du côté de son père africain. Métisse, Nina cherche sa place entre l'affection de son grand-père avec lequel elle partage sa foi et les visites à la synagogue, et sa couleur de peau transmise par son père. Cette couleur de peau qui la désigne aux autres mais qui ne donne d'elle qu'une image incomplète. Qui lui interdit par exemple d'envisager une carrière dans la danse classique... La narratrice se heurte à l'image qu'on lui renvoie et qui nie une partie de sa personnalité. Elle finira par trouver son chemin grâce à l'athlétisme, sur le sprint, et à accepter cette prédisposition génétique comme une chance.
Un témoignage sincère qui a certainement fait beaucoup de bien à l'auteure. Un thème toujours intéressant à aborder dans une société de plus en plus multiculturelle, confrontée aux préjugés et aux rejets des uns et des autres. Mais je pense avoir lu sur le sujet des livres qui m'ont beaucoup plus touchée. Peut-être parce que l'auteure n'arrive pas à transformer ce récit personnel en un roman qui toucherait à l'universel.
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Lu hier, chroniqué aujourd'hui ! Il faut dire que lorsque l'on parle d'athlétisme, je suis dans les starting-blocks !

Nina a 18 ans. Elle commence des études supérieures de droit à la Faculté d'Assas de Paris. Alors qu'elle pense pouvoir s'émanciper dans ce nouvel univers, c'est toute sa condition métisse qui lui éclabousse à la figure, encore et encore. Petite, quand elle pratiquait la danse, on lui reprochait la rondeur de ses fesses. Alors, pourquoi ne pas se confronter à un chrono ? Nina court vite, très vite. L'athlétisme pourrait bien lui donner une chance de devenir quelqu'un...

Dans ce 1er roman de Rachel KHAN, la parole est donnée à une certaine jeunesse de la société française d'aujourd'hui. Il y a bien sûr la découverte de l'amour, c'est l'âge comme l'on dit. Il y a aussi la découverte d'un monde d'adultes avec les études universitaires. Mais les jeunes comme Nina sont singuliers et doivent affronter des démons bien particuliers. Ils sont le fruit de 2 cultures et en portent la trace sur leur peau.

"Ma mère m'a faite noire pour que je m'en sorte toujours, pour que ma cachette à moi, ce soit la couleur de ma peau. Mon père m'a faite blanche pour que je n'aie pas à prendre le bateau à fond de cale et que j'aie des papiers en règle." P. 20

Et comme si le faciès n'était pas suffisant, Nina est juive. Et là, c'est encore une autre histoire.

"Je suis une fille issue de deux histoires qui sont dans les livres. Celle d'un peuple que l'on a voulu éradiquer et celle d'un autre peuple que l'on a voulu soumettre. J''aurais pu apprendre ces histoires chez moi, de manière intime, sans que j'aie à sortir du quartier, ni même de la rue de la Justice mais ils sont trop pudiques, dans cette maison." P. 19

Avec les études, les livres, Nina découvre L Histoire, celle d'un peuple, celle de sa famille. Rachel KHAN met le doigt sur l'absence de transmission aux générations descendantes chez les immigrés, sur la difficulté qu'ont les enfants à accéder à l'histoire, au passé de leurs parents. On parle souvent de secret de famille, là il en est un qui concerne souvent des communautés toutes entières.

Nina se pose aussi des questions sur les enjeux de ce passé sur sa propre existence à elle.

"Et je me tais pour ne pas comparer nos héritages. Après tout, l'histoire de mes parents est elle encore la mienne ?" P. 111

Mais elle trace son chemin, cette jeune femme a des convictions, des valeurs, elle est attachée à son grand-père qui incarne le peuple juif, elle est attachée au savoir parce qu'elle sait très bien que son émancipation y sera liée.

"Enfant, je ne comprenais pas que s'en sortir, ça voulait dire apprendre. Plus tard, je m'y suis mise. Je fais actuellement des études de droit. J'ouvre les livres et les dictionnaires. Plus j'apprends, plus les livres lisent en moi." P. 19

Et puis Nina entretient des relations d'amitié, elle se sent portée, accompagnée, et y puise sa force.

"En fait, c'est ça les amis, ça vous fait avancer." P. 99

Avec le sport et plus particulièrement l'athlétisme, il s'agit de repousser les limites. La citation de Serge GAINSBOURG en tout début de roman en disait déjà long sur ce qui attendait le lecteur :

"Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au delà".

La vitesse de Nina, ses performances, vont lui permettre d'être enfin reconnue pour ses qualités.

"Dans les yeux de l'entraîneur, je retrouve la bienveillance de M. Chauvel quand il regarde Camille. Il me trouve intelligente l'entraîneur, je le vois. Pourtant j'ai pas dit grand chose." P. 33/34

Mais tout cela n'aurait pas été possible si Nina n'avait pas été portée par un sentiment de FIERTÉ, fierté d'être juive en mémoire de son grand-père déjà, mais fierté aussi d'appartenir au peuple noir :

"Mes yeux s'arrêtent sur la collection "Présence africaine" qui réunit des textes de tous les écrivains noirs de l'après-guerre. Des textes qui clament la fierté d'une race, qui dressent le poing sans colère." P. 172

Ce 1er roman de Rachel KHAN est porteur d'espoir, il montre à quel point il faut y croire. Cette jeunesse, bien que freinée dans son élan par le poids de son passé, du passé plus précisément de la génération d'avant, peut trouver sa place dans la société, c'est tout ce que je retiendrais de ce livre.

En parlant de livre justement, je crois que vous serez sensible(s) à cette citation :

"Mais un livre, quel qu'il soit, c'est une consécration de l'existence. C'est être au monde, même après le pire." P. 172

Après des grandes et des petites, ce 1er roman de Rachel KHAN augure de bien belles choses.
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Avoir dix-huit ans ce n'est pas si facile. Avoir dix-huit ans, être une fille à la peau teintée de sombre et aux fesses qui débordent, c'est encore plus difficile. Mais être fille, avoir dix-huit ans, un père gambien, musulman, anglophone, une mère "couleur chair", libraire, et un grand-père juif polonais, c'est une mosaïque très compliquée à accorder. Nina, la narratrice de ce très joli premier roman, se heurte à toutes les histoires et toutes les couleurs dont elle est composée : colonisation, esclavage, extermination, religions, langues... Dépositaire de récits et de silences, elle erre dans un labyrinthe de contradictions, d'oppositions et de paradoxes qui se matérialisent dans sa relation aux autres que ce soit à la fac de droit d'Assas, au cours de danse ou dans les vestiaires d'un club d'athlétisme. Comment se construire une identité propre dans ce maelström d'origines et d'histoires ? Comment savoir qui elle veut être et quelle place elle veut occuper ?
Et si c'était justement toutes les tragédies dont elle est issue qui lui donnaient sa force, sa conscience et son être ? La maîtrise de sa vie passe par celle de son propre corps, accepté tel qu'il est, soumis aux impératifs de la course, de la rapidité pour échapper mais aussi pour rattraper et, enfin, réintégrer joyeusement ses diverses filiations.
Grandes choses ? Petites choses ? Comment faire la part des choses ? Peut-être en refusant de trier et en accueillant le tout ensemble comme une richesse et non plus comme une malédiction ?

C'est un beau personnage que cette Nina pleine d'énergie pétillante et tout sonne juste dans le roman de Rachel Khan. Les jeux sur les mots, les torsions de la langue reflètent pleinement les dissonances voire les incohérences de ce que Nina affronte. de la mosaïque disloquée des débuts elle parvient à créer une harmonie apaisée et c'est un beau message d'optimisme lucide. Une très agréable lecture !
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L'héroïne de ce roman d'apprentissage, Nina Gary, est la soeur presque jumelle de l'auteur Rachel Khan. Elle est le fruit du métissage : sa mère est polonaise et juive, son père est gambien et musulman. Nina se retrouve à la fois héritière de deux lourds passés, la Shoah et la colonisation mais aussi de deux cultures très riches. A la maison, ce "mélange" est harmonieux, l'amour que se portent ses parents est un extraordinaire liant. Nina grandit entre la synagogue qu'elle fréquente assidûment avec son grand-père Yoram et sa tante Koumba, qui lui tire les cauris, des petits coquillages que l'on lance et qui prédisent l'avenir.

le temps de l'enfance se termine pour la jeune femme et arrive celui des questions sur ses origines et de la confrontation avec le monde. Rachel Khan concentre son récit sur l'année des dix-huit ans de Nina.Celle-ci découvre la faculté d'Assas où l'on pratique un entre-soi bourgeois. La couleur de sa peau la fait rentrer dans une case : banlieue, langage d'jeun, prédisposition à la course à pied. Nina tente de "jouer" de ce cliché ou plutôt de le" déjouer". Pas si facile de faire comprendre que sa culture est celle de la "négritude" d'Aimé Césaire et que son physique, taillé pour la vitesse, ne l'empêche pas d'avoir aussi une cervelle qui fonctionne à cent à l'heure.

La pratique de la course lui permet de se retrouver, de "réintégrer" son corps et son esprit, tiraillé entre les multiples facettes de son métissage.Ce roman nous offre un éclairage particulier sur le monde de l'athlétisme. Nina y apprend les vertus de l'effort et du dépassement de soi. Elle est confrontée aussi à la loi du silence quand trois "lanceurs" la violentent.

A dix-huit ans, elle rêve bien évidemment d'amour. Seulement, comment trouver l'âme soeur, celle qui saura accepter ses appartenances multiples ?

le coeur de ce livre est le questionnement sur le métissage. L'interview de l'auteure, à ce sujet, est passionnante( par la librairie Mollat) J'ai beaucoup apprécié la personnalité de Rachel Khan, plus peut-être que son roman qui m'a un peu laissée sur ma faim. Je l'aurais aimé plus dense, avec des personnages plus approfondis et surtout une fin moins rapide.

Une lecture en demi-teintes
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critiques presse (1)
Bibliobs
11 mars 2016
Cette athlète de haut niveau évoque le racisme avec le punch d'une Angela Davis et l'humour juif d'un Woody Allen.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
En fait, un stade, c'est un puissant bâtiment de mémoire. Au Rwanda, ils ont rassemblé les gens dans des stades avant de les tuer. C'est plus simple pour les cérémonies de commémoration.
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J'entends les discussions, je vois bien les groupes dans les différentes disciplines, on dirait un peu l'Afrique du Sud ici, ça fait voyager ; les Noirs au sprint, les Arabes au demi-fond, les blonds au saut en hauteur ou à la perche.
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A l'époque, je me disais que je n'avais rien à faire chez moi, vu que je ne ressemblais ni à l'un ni à l'autre de mes parents. D'ailleurs eux non plus n'avaient rien à faire ensemble. Mon père était noir comme mon sac de danse, ma mère pâle comme mon collant couleur chair. En fait nous vivions dans une maison où personne n'avait rien à voir avec personne, au-delà de l'amour que nous éprouvions les uns pour les autres, bien sûr, et même si chacun avait sa manière de l'exprimer. Bref, je ne comprenais pas ce que je faisais chez moi.
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Ce jour-là, la reine d'Angleterre doit faire une allocution à la BBC. C'est parfait pour la prononciation, c'est elle qui a le meilleur accent du monde en anglais.
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Ça me faisait du bien de quitter la maison, mes parents, mon frère, mon grand-père Yoram pour aller danser. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, plusieurs fois par semaine, je suis allée respirer à l’école de danse. À l’époque, je me disais que je n’avais rien à faire chez moi, vu que je ne ressemblais ni à l’un ni à l’autre de mes parents. D’ailleurs, eux non plus n’avaient rien à faire ensemble. Mon père était noir comme mon sac de danse, ma mère pâle comme mon collant, couleur chair. En fait, nous vivions tous dans une maison où personne n’avait rien à voir avec personne, au-delà de l’amour que nous éprouvions les uns pour les autres, bien sûr, et même si chacun avait sa manière de l’exprimer. Bref, je ne comprenais pas ce que je faisais chez moi.
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