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EAN : 9782753802810
139 pages
Les Editions du Rocher (21/02/2008)
3.83/5   3 notes
Résumé :
L'Ayahuasca, ce breuvage psychotrope originaire d'Amazonie ne cesse d'être mentionné dans de nombreux ouvrages consacrés au chamanisme. Quel est son mode d'action ? Quels sont ses principes actifs ? Se pourrait-il que ce que les Indiens nomment les esprits, ou "mères des plantes ", soit une représentation de l'intelligence des végétaux ? Romuald Leterrier nous conduit dans une enquête passionnante, réalisée chez des chamans d'Amazonie péruvienne, ponctuée de cérémon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ethnobiologiste et baroudeur en Amazonie, Romuald goûta de l'amer breuvage de l'ayahuasca (aujourd'hui courue par les avant-gardistes de la défonce chic) sous la tutelle du chant Icaros d'un chaman. « Son goût était extrêmement amer, et je sentis le liquide descendre dans mon estomac, occasionnant hauts de coeur et nausées. J'espérais ne pas être aussi malade que les autres fois où j'avais cru me vider littéralement de mes organes ». Mais bientôt, la douleur s'atténue, laissant place aux visions. Des serpents se dessinent dans le ciel et la conscience éjacule du corps, vaquant au-dessus d'une forêt aux arbres souples comme des flagelles.


Plusieurs questions animent ce livre : les plantes psychotropes trouvent-elles un quelconque intérêt à offrir le plaisir hallucinatoire aux hommes ? Les visions qu'elles procurent ont-elles un sens, et si oui, lequel ? Ces questions étranges se sont imposées à Romuald lorsqu'il remarqua que les hallucinations suscitées par la consommation de DMT végétale sont constituées surtout par des motifs naturels alors que la consommation de DMT synthétique laisse plutôt voir des motifs abstraits.


Les molécules psychotropes de ces plantes permettent-elles d'accéder à ce qui serait une « mémoire collective de l'espèce » ? On devinera sans mal que cette question est influencée par une lecture quelque peu distraite (façon rhum arrangé) des hypothèses de l'inconscient collectif de Jung. Mais ne nous arrêtons pas à cette regrettable réticence théorique.


Romuald part de l'hypothèse pas inintéressante que les alcaloïdes des plantes psychotropes pourraient être considérés comme des exophéromones qui annulent la barrière entre les espèces. Un peu comme l'orchidée qui ressemble à s'y méprendre à une abeille et qui dégage des phéromones sexuelles d'abeille pour se faire polliniser par le mâle (il ne suffit donc pas d'être bourré pour baiser n'importe quoi).


De la même façon, nous dit Romuald, « les esprits des plantes que l'on nomme mères des végétaux sont, pour moi, la résultante de processus mimétiques biochimiques ». Il se pourrait même qu'une plante condense en elle l'esprit de plusieurs autres plantes, comme l'ayahuasca que les indigènes considèrent comme l'esprit encyclopédique de la forêt vierge. Si vous avez lu cet incroyable illuminé qu'est Rupert Sheldrake, on peut avancer la notion de champ morphogénétique pour se faire une idée de ce que ça pourrait être, enfin c'est pas sûr non plus.


Viennent ensuite les arguments proprement biochimiques. L'intentionnalité exophéromonale des plantes psychotropes à destination de l'esprit humain a pu être favorisée, ce qu'expliquent les bien pratiques lois de l'évolution darwinienne : « sous la forme des alcaloïdes messagers, qui lorsqu'ils se connectent à l'ADN neuronal se synchronisent avec un savoir homogène situé dans l'ADN non codant (ADN camelote). Cette mémoire et ce savoir s'expriment à la conscience par une mise en résonance de la stimulation de l'ADN des milliards de neurones de notre cerveau. Ce qui a pour effet de rendre conscient ce savoir sous forme d'images mentales et d'enseignements linguistiques conjoints avec notre cognition ».


On en vient à une vision délirante de la réalité. Délirante, mais ô combien réjouissante, ne vous égarez pas ! Ce livre a connu un beau succès dans son milieu et on comprend aisément pourquoi. Les plantes auraient quelque chose à nous dire. Elles auraient traversé des temps immémoriaux pour nous transmettre leur secret – qui est aussi le secret de la vie, car quel citadin ne s'imagine pas aujourd'hui que la nature est la seule chose qui soit vraie ? Grâce à ces plantes, quelque chose comme le savoir universel et absolu deviendrait accessible. Rendez-vous compte ! Une perspective se dessine, la fin d'un égarement apparaît. Plus besoin de perdre du temps et de se fatiguer des vies entières pour creuser, chercher et comprendre dans des voies bien incertaines. le savoir est là et il ne demande, pour se laisser percer, rien d'autre que des investigations en biochimie et en psychologie jungienne, que l'on aura entre-temps redéfinie comme outil de traduction archétypale pour la communication transspéciste, qui succède bien logiquement aux joies asexuées de la réunion transsexiste.


Les plantes psychotropes tenteraient-elles de réaliser ce que l'homme n'a jamais eu, ne serait-ce que l'idée, de réaliser : comprendre et s'unir à l'esprit des autres espèces vivantes de ce monde, réalisant ce vaste mensonge qu'est l'Unus Mundus ? Ce n'est pas parce que nous préférons ne pas manger de ce pain-là qu'il ne faut pas se poser sérieusement la question, ne serait-ce que pour rire aux larmes des espoirs touchants que nourrit parfois l'humanité.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La plupart de ces tribus [amazoniennes] utilisent dans leurs pratiques chamaniques un breuvage hallucinogène constitué de deux plantes enseignantes, la Chacruna et la liane Ayahuasca, portant selon les ethnies des appellations différentes, caapi au Brésil, yagé pour les Tukano, natem chez les Jivaro ou encore Ayahuasca au Pérou. Par sa composition et sa préparation faisant intervenir de nombreuses plantes additives, l’Ayahuasca pourrait presque être décrite comme une synthèse des différentes substances psychoactives du bassin de l’Amazone, véritable « usine phytochimique ». Ainsi, le pilier central du chamanisme hallucinogène d’Amazonie semble s’articuler autour d’une substance au nom compliqué de diméthyltryptamine (DMT) dont on retrouve l’utilisation avec différentes plantes de la forêt, dans la quasi-totalité des ethnies amazoniennes. Ainsi certaines tribus comme les Yanomanis utilisent des plantes contenant de la DMT sous forme de poudre à priser, « yopo », obtenue à partir de la plante anadenanthera peregrina. Il est important de savoir que la DMT est inactive si les plantes la contenant sont consommées oralement seules, car des enzymes présentes dans notre estomac inhibent son action hallucinatoire dans notre organisme. Or, l’originalité du breuvage Ayahuasca est de contenir dans sa composition une liane dont les éléments bioactifs harmine et harmaline inhibent l’enzyme gastrique permettant au DMT contenu dans les feuilles de l’arbuste Chacruna de devenir actif et de permettre à l’utilisateur l’accès à la sphère hallucinatoire. Certaines plantes servant d’additif au breuvage Ayahuasca sont des hallucinogènes à part entière dans d’autres régions de l’Amazonie et de l’Amérique du sud, ainsi les daturas, les brugmansias, ou les volubilis de la famille des ipomés contiennent des éléments psychoactifs qui semblent s’ajouter parfois à l’Ayahuasca dans un esprit de synthèse. A la vue de ces constations, il est évident que l’Ayahuasca est le fruit d’une extraordinaire connaissance synthétisée des hallucinogènes végétaux de la forêt amazonienne.
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L’Ophris est une Orchidée originaire du bassin méditerranéen ayant l’aspect d’une abeille. Celle-ci a réussi, au cours de l’évolution et par l’intermédiaire d’un mimétisme perfectionné, à imiter l’insecte jusque dans sa couleur, sa forme, sa pilosité et son odeur. L’orchidée par sa structure formelle mimétique émet des exophéromones volatils qui sont identiques aux phéromones émises par les abeilles femelles au moment de la reproduction. Dupé par l’Orchidée Ophris, le mâle de l’abeille se précipite vers celle-ci, croyant trouver une partenaire sexuelle. Après s’être rapproché de la fleur, guidé par les exophéromones, le mâle de l’abeille confond la corolle de la fleur par sa couleur et son aspect physique avec une femelle Goryte et entreprend avec celle-ci un accouplement en bonne et due forme.
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La littérature consacrée à l’Ayahuasca désigne et regroupe plus communément sous le terme Icaros des chants utilisés par les chamans lors des séances hallucinatoires. Ces chants possèdent la particularité d’exercer un contrôle et un pilotage par les sons vocaux sur l’univers des visions. L’origine des Icaros se situe dans la sphère hallucinatoire où ces chants sont émis par les esprits de l’Ayahuasca dans un registre de fréquence sonore aiguë. La tâche première du chaman lors de son initiation est de recevoir de ces esprits les mélodies Icaros, et de les mémoriser pour enfin les restituer le plus fidèlement possible. Grâce à cette pratique imitative, le chaman peut à nouveau soit contacter les esprits des végétaux, ou avec un Icaros de nature thérapeutique soigner un patient en chantant à sa proximité, ou encore chanter sur un breuvage curatif pour en activer les éléments posologiques.
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[…] des alcaloïdes naturels et synthétiques ne génèrent pas les mêmes thématiques. Il est effectivement très étrange que le DMT végétal du psychotria viridis employé dans la fabrication de l’Ayahuasca ne génère pas les motifs induits par le DMT synthétisé, pourtant de même structure moléculaire. Comme l’ont montré les expériences, les thématiques sont radicalement différentes, univers organique et éléments phylogénétiques, serpents, insectes, etc., pour le DMT végétal, et des motifs hors cadre de la réalité pour le DMT synthétique.
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[…] il est tout de même étonnant que ces plantes [psychotropes] produisent des molécules (DMT) qui ne semblent pas, au jour d’aujourd’hui, avoir de fonction pour elles-mêmes et qui viennent se loger dans les récepteurs (ceux de la sérotonine) les plus sensibles du cerveau des mammifères. Serions-nous « construits » pour dialoguer ensemble ?

[Préface de Jan Kounen]
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