Quatre cents ans après leurs aventures « cervantesques », Don Quichotte et son fidèle compagnon Sancho, revenus des ténèbres et parvenus au terme d'un long voyage, posent leurs malles sur leur île, dans un moulin du bout du monde.
Si Sancho s'accommodera assez facilement de ce last minute et de la vie au 21e siècle, Don Quichotte continuera à rêvasser à un monde idéal où vertu, honneur, intégrité et bienveillance seront ses armes de chevalier des temps modernes...
Mais il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes, les nouveaux moulins de l'humanité n'en sont pas moins des géants diaboliques. Les réveillés de l'ombre pourront-ils chausser bottine, mener croisade et combattre la noirceur de l'âme humaine pour lui redonner toute sa lumière ou couleront-ils des jours heureux à vivre leur oisiveté insulaire à l'écart de ce Nouveau Monde ?
« L'homme libre, l'homme de bien ne peut renoncer à son âme, à sa joie et à sa densité. Une fois qu'il a goûté à ces mets royaux, peu lui importent les très mauvais moments qu'il doit endurer dans le froid, les ténèbres, la grelottante obscurité de ses angoisses.
Il se souvient et tente sans relâche de retrouver ce ciel d'or pur. »
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Cher Alain,
Merci pour ce livre offert avec tant de gentillesse et la découverte de cette poétique uchronie théâtrale. J'ai pris beaucoup de plaisir à cheminer aux côtés de cet Hidalgo de la Mancha et de Sancho Panza, ces réveillés de l'ombre, dans leur quête des purs soleils de l'âme.
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LA SERVEUSE : - Oh, oh, je vous vois venir... Grand coquin... Me feriez-vous du charme...
DON QUICHOTTE : - Ah, sachez Madame, que ce mot, le dernier, est le plus dangereux qui menace nos existences. Le « charme » avec ses airs gentils recèle un grand mystère.
LA SERVEUSE : - Et bien sachez qu’en dépit de votre allure qui ferait peur au Diable lui-même je vous trouve « charmant ». On voit bien que vous venez de loin, vous n’avez pas les mauvaises manières de tous ces hommes vulgaires qui n’ont qu’une obsession.
DON QUICHOTTE : - Et quelle est cette obsession ? Il me fait bien me renseigner sur les mœurs de cette époque.
LA SERVEUSE : - Oh rien de nouveau sous le soleil. Le cul mon bon Monsieur ! Mais pardon, je vais parler comme vous... Le popotin, les fesses, accessoirement les seins, et ce « grand mystère » qui a tous les noms du monde. Ça va du plus joli coquillage aux fruits les plus dodus, en passant pour les plus peureux à de terrifiantes visions de gouffres, cavernes, crevasses et pour les plus sensibles ayant aspect de déchirure, faille, fissure, fêlure. Au cœur de cette fourche sacrée, gît cependant un filon qui, s’il n’est pas d’or pur, les attire tous comme des guêpes sur un petit pot de miel.
Chacune d’entre nous se sent ainsi et bien malgré elle, porteuse d’une mythologie qui continue son chemin, qui inspira, inspire et toujours inspirera les plus grands.... Et bien entendu toutes les tailles...
L’homme libre, l’homme de bien ne peut renoncer à son âme, à sa joie et à sa densité. Une fois qu’il a goûté à ces mets royaux, peu lui importent les très mauvais moments qu’il doit endurer dans le froid, les ténèbres, la grelottante obscurité de ses angoisses.
Il se souvient et tente sans relâche de retrouver ce ciel d’or pur.
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