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EAN : 9782334117807
Edilivre-Aparis (31/03/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Un vieux médecin retrouve, au fond de sa barque, un enfant accompagné d’une panthère mourante. Peu à peu, les origines et la destinée de cette enfant se dessinent au fur et à mesure que celui-ci intègre une haute société égyptienne secouée par des conflits de toutes sortes.
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Debout autour du grand bassin d’Amon sur la façade sud du temple, près du feu sacré, quelques privilégiés guettaient l’instant où les nouveaux notables leur apparaitraient sur l’esplanade. Des lueurs de torches suivies par un groupe d’individus apaisèrent leur attente. Les rythmes des tambours s’affolèrent. Le pharaon, assis sur son trône, occupait, avec sa famille, une estrade. En face de lui, de l’autre côté du bassin, se trouvaient les aristocrates. Puis, le long du canal qui alimentait le bassin, s’étaient amassés les citoyens les plus ponctuels et les plus prompts à assister aux festivités.
Séqén-en-Rê voulait fêter avec un faste inégalé l’initiation de son fils, Sipaïr, le prince héritier. Le pharaon trônait sur la chaise incrustée de dorures représentant la scène du Sema-Taouy. Néfertari la princesse, assise sur un tabouret aux pieds en forme de pattes de lions, se trouvait à ses côtés. Néfertari était belle et le savait, on le lui avait tant dit, pas juste par gentillesse ou par respect dû à une Altesse Royale. Elle arrivait à distinguer un regard concupiscent d’une considération de dévot. Elle avait ajouté à son éducation stricte un zeste de provocation qui se résumait en l’une de ces démarches coquettes que les femmes adoptent dans le but d’augmenter le niveau d’adrénaline dans le cœur des aventureux. Néfertari se savait inaccessible aux simples sujets du pharaon et s’en amusait. Elle se jouait des convoitises des conquérants. Pourtant, ce jour de fête, elle réalisa qu’après l’initiation, son petit frère entrait de plain-pied dans la cour des grands hommes. Elle éprouvait un soudain malaise. Si Sipaïr, lui, grandissait, elle, somme toute, vieillissait. Néfertari était une femme difficile ; à présent, elle se sentait soudainement inaccessible. Pour comble de malheur, l’éducation soignée qu’elle reçut, celle destinée à la fille du pharaon, l’avait préparée à siéger à Areika, mais pas à mener une vie conjugale. Elle résidera prochainement à Areika et deviendra la principale gardienne de la palette de Narmer pour le restant de sa vie. L’actuelle gardienne régnait déjà depuis plus de cinquante ans. Aucune autre gardienne n’avait aussi longtemps occupé cette fonction. Néfertari devrait d’un jour à l’autre épouser son destin. Le moment venu, comme on le lui avait déjà révélé, un signe apparaitra dans le ciel. Pour tout le monde, Néfertari serait la prochaine divine gardienne de la palette de Narmer et personne n’envisageait, pour elle, des lendemains plus ordinaires. Elle en fut fière dans le passé, elle s’en attristait à présent. Rien ne transparaissait pourtant sur ce visage basané aux yeux étirés. Une perruque, encerclée par un diadème ciselé de fines tresses, sculptait la figure de la princesse. Elle était assez grande comparée aux autres femmes. Cette haute stature, à défaut de la raidir, fluidifiait sa grâce inégalée. Elle était modelée pour la contemplation. Néfertari se savait admirée et ne demandait plus qu’à aimer et à être aimée en retour.
Craignant de pleurer son pathétique sort, Néfertari se leva, rejoint les danseuses au centre de la cour et s’élança dans une danse débridée. Étonnement, stupéfaction, curiosité, admiration, fascination, admiration, admiration, admiration, admiration… : pour elle, rien que pour elle, toute l’Égypte, résumée par cette foule hétéroclite, hypnotisée par sa danse féerique, s’enflammait d’admiration. Elle avait les larmes au bord des yeux.
Elle vit son petit frère, accompagné de ces deux amis initiés. Il s’était revêtu de ses attributs de prince, debout sur les marches du grand escalier du temple. Le monde qui l’entourait s’évanouit par la force de l’affection qu’elle lui portait. Au point que, pour elle, il n’eut plus personne tout autour ; il n’y avait que son petit frère sur terre. Elle courut vers lui et l’enlaça. Une larme appela une autre, telle une file de fourmis aqueuses. Elle pleura. Les personnes tout autour s’imaginaient qu’elle pleurait de joie, alors qu’elle sombrait sous une poignante tristesse, la tristesse de ne pas avoir d’autre homme dans sa vie. Peut-être, somme toute, pleurait-elle également de joie, la joie de l’élévation de son frère. Elle était emportée dans cette valse de sentiments contraires qui ne s’arrêta qu’au moment où le vizir prit la parole. Les larmes de Néfertari, mélangées au khôl, n’étaient plus que des stigmates sur les joues de la princesse, pourtant, la beauté de Néfertari ne s’estompa pas pour autant.
La musique se tut quand le vizir vint se lever devant les deux colonnes qui encadrent le feu sacré. Khéty s’apprêtait à parler ; la foule se tut à son tour ; le silence s’établit ; les danseuses et les musiciens quittèrent la cour ; Néfertari s’en allait vers ses quartiers ; Kamosis en était bouche bée et ne pouvait détacher ses yeux des formes de la princesse.
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Le soleil était déjà au zénith et s’apprêtait à entamer sa chute inexorable de l’après-midi. Quand la nuit tombera, Kamosis perdra son avantage. Il n’avait plus de temps à perdre. Il descendit précipitamment au pied de la montagne, arracha des feuilles d’acacias afin de générer le plus de fumées possible. Puis, il revint allumer un feu dans la brèche sous la cascade. Feu dont il nourrit les flammes de feuilles vertes. Les feuilles générèrent beaucoup de fumée et la fumée s’engouffra dans la grotte. L’heure de vérité approchait. Typhon ne tardera pas à surgir de son repaire.
Le jeune homme monta encore plus haut et trouva un replat qui lui donnait une vue imprenable sur la corniche et l’entrée de la grotte. Il attendit un peu et vit une trainée de fumée s’en échapper. Kamosis agrippa sa lance de toutes ses forces, la pointe endiamantée dirigée vers le bas ; il retint son souffle et attendit que l’animal de la grotte rouge surgisse de sa sinistre tanière. Tout à coup, Kamosis vit la silhouette balourde de l’animal jaillir de la grotte et tournoyer sur lui-même au-dessus de la corniche. La bête hésitait entre demeurer sous le soleil qui lui piquait les yeux et regagner la grotte enfumée. Kamosis ne pouvait pas agir, sa proie était trop instable. Un instant, le monstre arrêta de gesticuler, Kamosis en profita. Il se redressa pour lui sauter dessus, mais l’animal fit une soudaine embardée qui déstabilisa Kamosis. Ce dernier perdit l’équilibre, dérapa sur le replat, réussit à s’éviter une chute tragique. Malheureusement, il laissa tomber un morceau de rocher sur la tête du monstre.
Quoiqu’incapable d’utiliser ses yeux à cause du soleil, il restait à Typhon au moins un autre de ses sens : le flair. La bête leva sa tête ; Kamosis constata qu’elle bougeait ses moustaches comme elle le fit la veille avant de le poursuivre : le monstre avait détecté sa présence.
La bête se mit à avancer prudemment sur la corniche jusqu’à ce qu’une de ses pattes avant en touche le rebord ; il commença à tâter le contour du rebord en revenant vers le flanc de la montagne. Cela ne faisait aucun doute pour Kamosis ; Typhon recherchait à l’aveugle sa coulée, le chemin par lequel, chaque soir, il descendait se repaitre au pied de la montagne. Si Kamosis ne réagissait pas, sa « proie » allait s’échapper. Kamosis devait agir..., maintenant.
Kamosis évalua la progression de l’animal pour déceler son point de chute, qui se révéla être une fracture rocheuse régulière jusqu’à la végétation en contrebas ; il cibla la bête entrainée par la pesanteur, comme dans un rêve ; sa chute le mena droit sur le dos du monstre et la lance trouva directement la zone dégarnie de son dos et s’y enfonça sous un hurlement de l’effroyable Typhon. Sous l’emprise d’une douleur soudaine et atroce, l’animal se cabra comme un cheval de rodéo et projeta Kamosis à terre. Le monstre sentit sa présence en face de lui et tenta d’ouvrir l’œil et hurla aussitôt. Kamosis ne sut pas si la bête hurlait à cause de ses yeux endoloris par l’éblouissement de l’astre de feu ou par la rage d’avoir entraperçu son tortionnaire. Le monstre approcha de Kamosis à l’aveugle en balançant frénétiquement ses griffes acérées de gauche à droite. Jusqu’à fracasser la roche de la montagne qui se désagrégea comme du carton.
De gros morceaux de rocher tombaient dans la mare de son sang héritée de sa violente blessure. Kamosis s’abrita de l’éboulement des pierres en se réfugiant dans la grotte. Typhon arrêta de s’agiter. La lance ne cessait de lâcher une rivière de sang. La bête se retourna vers l’entrée de la grotte, renifla, sentit la présence de Kamosis et fit un pas vers la cavité pour l’y rejoindre. La fumée s’était estompée et la grotte était le terrain de prédilection du monstre. Si dehors l’homme avait un avantage certain, dans la grotte, ce serait le contraire.
Au moment où la bête s’introduisait dans la grotte, la montagne qu’il avait malmenée de ses griffes vomit une avalanche de pierre sur la tête. Elle tenta de se relever, mais elle était trop affaiblie par l’hémorragie. Elle abandonna toute résistance. Puis, elle rendit l’âme après avoir exhalé un dernier soupir apaisé. Sa chienne de vie avait pris fin. Ainsi périt Typhon, ainsi périt le monstre de la grotte rouge, le dernier spécimen de son espèce. Kamosis, quant à lui, était sain et sauf, mais malheureusement, il se retrouvait prisonnier. La carcasse de Typhon et les énormes blocs rocheux bouchaient l’entrée de la grotte et ne laissaient passer que de petits filins de lumière.
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