Un roman riche et touffu, mais qui est desservi par une construction trop hachée qui finit par faire perdre le fil d'une histoire complexe.
Jean-Claude Renault signe avec l'Héritage du Docteur Moreau un beau roman mêlant espionnage et fantastique, science-fiction et rétro-futurisme, le tout saupoudré d'un soupçon de policier. L'auteur a fourni un immense travail en amont pour alimenter son roman d'une multitude de références s'inscrivant dans la fin du 19e siècle et aider à nous projeter dans son univers quelque peu bigarré. Il n'en faut pas moins quand on fait intervenir une foultitude de créatures étranges (les hommes-bêtes du docteur Moreau, des vampires, des extra-terrestres, des martiens...) aux côtés de personnages de la culture romanesque (comme Alan Quatermain...), et de personnages historiques.
L'histoire est très bien écrite et construite, et se lit facilement.
Ce n'est pas tout à fait le cas de l'intrigue, malheureusement, en tout cas selon mon point de vue. L'intrigue grouille de détails et d'histoires parallèles, mais je trouve que la construction du roman dessert son intrigue. le fait d'avoir des chapitres de seulement deux pages consacrés à un personnage, avant que celui-ci laisse sa place à un autre qui ne restera que 3 pages, et ainsi de suite, brouille totalement l'implication que l'on peut avoir en tant que lecteur. Les personnages s'enchainent le temps d'une action, puis s'évaporent de notre esprit. Je suis très embêté parce que pour la première fois dans ma vie de lecteur, je referme un livre et je ne suis pas capable de donner le nom d'un des personnages principaux... Tout ce que
Jean-Claude Renault a pu développer à leur sujet est englouti dans le montage de son histoire, et devient détail que le lecteur oublie pour se concentrer et suivre l'intrigue qui suit une demi-douzaine de fils à la fois. le roman aurait énormément bénéficié d'un "regroupement" de chaque intrigue dans un seul grand chapitre d'une trentaine de pages, permettant de mieux développer l'intrigue "en cours" dans un lieu donné et donnant des repères temporels pour suivre chaque intrigue de façon parallèle (quitte à faire des retours en arrière), plutôt qu'en "temps réel/continu".
Ce que je dis ici est évidemment une affaire de goût et d'habitudes de lecture, je ne doute pas que d'autres lecteurs s'y retrouveront beaucoup mieux que moi avec ces courts chapitres. En ce qui me concerne en tout cas, ça aura sérieusement handicapé ma lecture et mon plaisir.
Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Nestiveqnen!