Je suis très intéressé par l'étude critique de la Bible. Celle-ci a fait de gigantesques progrès au cours de l'époque contemporaine, apportant un éclairage stimulant sur les textes fondateurs. le présent ouvrage étudie plutôt les débuts de cette discipline et l'oeuvre des pionniers dans ce domaine. L'exposé qui est fait ici est très détaillé et, même, trop détaillé pour moi. Mon intérêt sur ces questions n'est sans doute pas suffisant pour retenir longtemps mon attention. J'ai donc abandonné cette lecture. Mais je suis un peu frustré. J'aimerais lire une monographie succincte et synthétique, du genre "Que sais-je ?", couvrant toute l'histoire de l'étude critique de la Bible.
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C'est d'exégèse biblique, et plus précisément de critique biblique, que traite cet ouvrage, de son invention. Il s'agit donc du nouveau chapitre d'une histoire, de l'histoire de la lecture et de l'intelligence de la Bible, et, par conséquent, des origines d'une approche différente du texte biblique.
Cette approche a été nécessitée, exigée même, par des temps nouveaux, en rupture avec des temps plus anciens, patristiques et médiévaux, même si elle ne s'imposa pas d'abord que progressivement, presque subrepticement, au temps de l'humanisme et de la Renaissance.
C'est une histoire complexe que celle de l'autorité de cette version latine de la Bible de saint Jérôme, la Vulgate. Son universalisation et son officialisation explicitent et confirment l'ascendant qu'elle a exercé sur l'Eglise d'Occident, comme la continuité d'une réception : jusqu'au XIVe siècle, elle ne sera guère remise en question, témoignant de la force particulière du christianisme dans le contexte de la culture latine dominant l'Europe occidentale. (...)
Pourtant, dès la fin du XIVe siècle, après un siècle de triomphe dominé par la figure de saint Thomas d'Aquin comme par ses grands contemporains ou successeurs, tels saint Albert le Grand, saint Bonaventure ou Duns Scot, la remise en question de la scolastique allait bientôt poser la question de la pertinence de ce qui avait nourri cette théologie, le commentaire de l'Ecriture et, plus précisément, le commentaire allégorique dans son jeu de figures et de typologie.
Lorenzo Valla naquit à Rome en 1407 dans ue famille de juristes au service de la cour pontificale. Il appartient donc à la l'humanisme italien du Quattrocento qui, en avance sur le reste de l'Europe, l'a fait se distinguer très jeune par un intérêt égal pour les oeuvres de l'Antiquité grecque et romaine comme pour l'Ecriture et les Pères. A l'instar d'un certain nombre de ses contemporains, il conçoit cet intérêt comme une des voies de la restauration de la théologie contre une scholastique détachée de l'histoire. Sa vie fut essentiellement une vie d'enseignement en diverses cités d'Italie du Nord, (...).
Par son intérêt à la fois pour les lettres gréco-latines et pour les Ecritures, Valla relève bien de ce moment de l'histoire de la chrétienté qu'il marque de sa prescience et de ses exigences, entre christianisme et paganisme, théologie et poésie, littérature antique et enseignement évangélique.
(...) il faut nous attarder ici à ce qu'il en fut à un de ces moments premiers de l'histoire de la critique biblique, à savoir le début du XVIe siècle. Ainsi devons-nous revenir à Erasme en raison de l'édition en 1503 de l'un de ses principaux ouvrages, l'Enchiridion.
Cet ouvrage, dont la première édition date de 1503, (...), n'est, en effet, rien moins qu'un manuel d'introduction à l'intelligence des Ecritures. Il s'agit en fait d'une sorte de guide spirituel, rédigé à l'intention d'un soldat décidé à vivre en vrai chrétien dans son état de vie propre, sans nécessairement penser à la vie monastique, comme ç'eût été le cas à l'époque médiévale où la perfection du laic chrétien ne pouvait être que dans le monachisme.
L'évocation du nom d'Erasme comme éditeur de Valla met déjà sur la voie plus large de l'esprit d'une époque qu'à notre sens il contribua largement à initier et à inspirer, son influence se faisant sentir jusqu'à un moment avancé du XVIIe siècle. (...)
Car c'est avec Erasme que l'on entre vraiment dans l'esprit critique, non seulement pour la vérification et l'établissement des textes, mais pour une légitimation intellectuelle et, par conséquent, doctrinale et théologique.