Notre siècle, en vieillissant, devient, à ce qu'il semble, de plus en plus positif. C'est l'âge d'or des sciences exactes et de l'industrie, c'est l'âge de fer de la métaphysique. On est las de spéculations abstraites, on a peur de penser.
Il y a longtemps qu'on reproche aux psychologues de séparer tellement l'âme du corps que leur union devient un mystère et une impossibilité. Cette vieille accusation, il faut l'avouer, n'a pas toujours été sans quelque fondement. Quand Descartes vint soutenir que l'âme, ayant pour essence la pensée, ne peut faire autre chose que penser, et qu'elle est par conséquent incapable de mouvoir le corps, l'action de mou- voir impliquant un rapport avec l'étendue, et l'âme ne pouvant avoir avec l'étendue aucun rapport effectif et naturel, nous comprenons h merveille les réclamations de Gassendi, de Molière et de tous les hommes de bon sens.
Le beau est-il une qualité matérielle des corps, ou bien une forme de l'agréable? ou bien encore peut-on le ramener à l'utile?