Je dois avouer que depuis le début, bien que fort simple, cette courte saga de SF me séduit beaucoup aussi bien dans ses thématiques humanistes que son décor de post-apo ésotérique qui change un peu et où je retrouve de belles influences de mon enfance.
Dans cet ultime volume, Iwatobineko nous offre une conclusion logique mais non moins fouillée et juste pour cette histoire d'humanité qui a disparu, laissant derrière elle des golems qui ne savent que faire quand l'une de ses représentantes réapparaît. Alors la narration est peut-être un peu rapide ici, les développements peut-être un peu gentils, mais l'intention est là et quelle jolie intention.
J'ai beaucoup aimé les débats de ce tome autour du futur à donner à ce royaume où deux représentants de cette espèce disparue sont revenus à la vie et viennent tout chambouler. Faut-il reproduire les mêmes erreurs qu'avant ? A-t-on droit de vie ou de mort sous prétexte de protéger le camps qu'on a choisi ? Sur quoi peut se reposer notre idéologie quand les données sont tronquées ? Pas mal de questions philosophiques sur lesquelles réfléchir. Alors certes les personnages qui s'y penchent sont un brin caricaturaux, du jeune roi aux allures de Tetsuo (Akira), en passant par son adversaire, notre jeune princesse, qui elle rappelle celle du Château dans le ciel de Miyazaki, voire Nadia de la série du même nom, mais leur jeunesse est justement ce qui saisit en plein coeur, leur fougue, leurs hésitations, leurs sentiments bien entiers.
J'ai beaucoup aimé la mythologie du titre, qui est un mélange rappelant les titres cités plus haut, dans une SF avec une sorte de folklore, qui change de celle qu'on connaît bien souvent, qui est bien plus froide et déshumanisée, là on sent le poids de l'ancienne présence humaine et cela donne des allures de nouvelle Atlantide au récit. Les concepts de SF eux sont connus mais bien travaillés, du corps de rechange, en passant par le clone lambda, le nuage de consciences et de données, sans oublier les golems, les systèmes de défense et les êtres transhumanistes des autres états. Je m'y suis sentie très à l'aise.
Le dénouement est bien amené sur base de dialogue avec des tensions narratives permettant discussion et évolution dans un prisme très personnel où les émotions de chacun ont leur rôle à jouer. C'est bien sûr assez facile et naïf mais ça ne me gêne pas d'avoir une SF simple aussi de temps en temps et ça permet d'ouvrir ainsi à un public plus jeune, car si ce titre avait été classé en shonen ça ne m'aurait pas du tout choquée. Il y a juste l'ultime choix autour des clones que je trouve un peu limitatif et pas viable même dans l'utopie invoquée mais si chacun y trouve son compte pour l'autrice pourquoi pas.
Jolie petite fable humaniste, Lonely World a offert une histoire touchante sur le futur d'un monde où l'humanité a disparu mais réapparaît subrepticement et perturbe un nouvel équilibre trouvé, obligeant à en chercher un nouveau. Avec ses questions d'eugénisme et de transhumanisme dans un enrobage assez jeune et naïf, elle propose ainsi un texte de SF abordable par les lecteurs adolescents, ce qui pourrait être une jolie porte d'entrée vers des textes ensuite plus exigeants si l'envie leur prend. J'ai trouvé cette courte saga fort encourageante.
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