Fins connaisseurs de l'Arabie Saoudite où ils ont vécu de nombreuses années, les auteurs ont croisé leurs connaissances des sociologies de ce pays et du monde occidental, dans un thriller très convaincant des comportements de ces deux cultures qui se côtoient sans toujours se comprendre ou s'accepter.
Ce roman est l'occasion pour les auteurs de retracer le parcours de la dynastie des Al-Saoud et leur intelligence politique, notamment celle d'Albelaziz pour parvenir à contrôler ce pays où chaque tribu est particulièrement sourcilleuse du maintien de son autonomie. Seule la religion pouvait parvenir à fédérer cette mosaïque de potentats indépendants.
C'est aussi, par la partie romanesque de l'ouvrage, le moyen pour les auteurs de stigmatiser le comportement d'entreprises occidentales (pas toutes) relayées par leurs représentants locaux (pas tous) dont certains associés à des réseaux plus ou moins mafieux, dans un royaume où l'or (noir ou jaune) est le grand corrupteur, où tout s'achète, où tout se vend.
Évidemment, notre jugement d'occidentaux ne peut se satisfaire de la charia et la muttawa, la police « pour la promotion de la vertu et la prévention du vice » (rien que ça !). Est-on sûr que nos comportements puissent toujours servir de modèle ? Est-on sûr que certains de nos comportements ne renforcent pas le rejet d'une société qu'on voudrait exemplaire ?
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » nous prévenait
Blaise Pascal.
«Ma tête à couper» se présente comme un roman comportant plusieurs niveaux de lecture : historique, sociologique, géopolitique …. C'est aussi un « roman à clés » qui va au-delà de celles évoquées en fin d'ouvrage, mais dont les protagonistes « masqués » n'auront aucun mal à s'identifier.
« Ma tête à couper » n'est pas un thriller ordinaire. Par les thèmes abordés, il nous amène, d'une façon faussement légère, à une réflexion des plus actuelles sur la confrontation entre des mondes qui ont encore tant de mal à se comprendre.