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EAN : 9782356540645
310 pages
Ypsilon éditeur (22/01/2016)
5/5   1 notes
Résumé :

Traduction et note de Pascal Neveu

Postface de Matthieu Renault

Surnommé « le Platon noir de notre génération », C.L.R. James (1901-1989) a été l’un des principaux représentants de ce que l’on a appelé Black Marxism. En 1952, en plein maccarthysme, C.L.R. James est emprisonné à Ellis Island. C’est là qu’il débute la rédaction de Marins, renégats & autres parias. Son interprétation de Melville prolonge une lecture de... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un soir, il y a plus de cent ans, un baleinier américain prend la mer, en route vers ses lieux de pêche, lorsque soudain son capitaine unijambiste, Achab, ordonne à Starbuck, son second, « d’appeler à un rassemblement général à l’arrière ». Il y déclare à l’équipage que le but réel du voyage est de chasser
une Baleine blanche, renommée parmi les pêcheurs de baleine pour sa couleur particulière, sa taille et sa férocité. C’est la baleine, dit-il, qui a arraché sa jambe, et il la pourchassera « au-delà des flammes de l’enfer». Sa passion et son habileté tactique rallient tout l’équipage à sa cause dans un
même élan enthousiaste. Selon Starbuck, le second, les hommes chassent la baleine pour gagner de l’argent et toute autre raison n’est que folie.
Il proteste violemment: pour l’argent, je serais capable de tout faire, « capitaine Achab, et même affronter les mâchoires de la malemort si la chose doit se produire au cours de notre campagne de pêche; mais je suis ici pour chasser des baleines, non pour exercer la vengeance de mon commandant. Combien de
barriques d’huile tireras-tu de ta vengeance ? Elle ne te rapportera
pas grand-chose sur le marché de Nantucket.»
Achab prononce alors des mots qui portent atteinte aux
fondements mêmes de la civilisation américaine. Au diable les affaires et l’argent, voilà ce qu’il dit.
Le marché de Nantucket! Pouah! […] Si l’argent doit être l’aune — et les comptables qui tiennent les comptes de l’univers ont calculé, en ceinturant la planète de guinées, qu’une pièce mesure trois quarts de pouce de diamètre –, alors laisse-moi te dire, mon brave, que ma vengeance produira de gros bénéfices ici ! Et il se frappe la poitrine. La libre entreprise doit produire des biens à vendre ; en gagnant parle travail autant d’argent que possible, les hommes prospèrent et font de leur nation une grande nation; c’est là le devoir de tout homme : tels étaient les fondements incontestés de la civilisation américaine en 1851 et tels en sont encore aujourd’hui les doctrines officielles. Mais voilà qu’un homme piétine ces principes sacrés, les raille, etleur oppose ses propres sentiments d’être humain. Et le capitaine éprouve un mépris aussi profond envers les autres piliers de l’américanisme. Un jour, l’huile fuit sur le navire et Achab, tout entier à sa poursuite de Moby Dick,refuse de s’arrêter pour réparer la fuite. Starbuck, comme à son habitude, proteste : «Que vont dire les armateurs, monsieur ? »
Pour Achab, les droits des armateurs peuvent bien aller à perte. Qu’ils restent plantés sur la grève de Nantucket et couvrent de leurs cris les hurlements des typhons. Qu’importe à Achab ?
Les armateurs… les armateurs ? Tu passes ton temps à me débiter des niaiseries sur ces grigous, comme si les propriétaires étaient ma conscience. Mais écoute ceci: seul possède vraiment quelque chose celui qui en a le commandement. Il est évident que Moby Dick, quoi qu’il en soit, n’est pas
une simple aventure. Ou ne l’est plus. Si le capitaine Achab
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