En 587 avant J.C., Nabuchodonosor roi de Babylone investit Jérusalem, détruisit son temple et déporta la population au bord de l’Euphrate. C’est à cette époque que les premiers récits de la Bible, tels qu’ils nous sont parvenus, ont été mis par écrit. Et qu’un mythe tenace va naître, qui a fait couler beaucoup de sang sur la planète.
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C’est donc pour affirmer leur identité que les Juifs ont d’abord créé un mythe à partir de leurs légendes, justifiant ensuite leurs ambitions de reconquête à partir de ce mythe. Environ cinq cents ans avant notre ère, les principaux éléments du messianisme se mettaient en place. Une idéologie à trois facettes : utopique (le retour vers un monde disparu, meilleur que celui-ci), apocalyptique (au prix d’une guerre d’extermination conduite au nom de Dieu), et centrée sur la venue d’un homme providentiel, le Messie sauveur.
Ils séparaient ainsi l’humanité en deux : nous, les Justes qui accompliront les promesses de Dieu, et les autres, les méchants qu’il faut supprimer de la surface du globe.
Pour la première fois, L’Histoire prenait un sens. Le messianisme allait infester la planète, jusqu’à nos jours.
Cette idéologie était dure comme du métal : restait à porter ce métal jusqu’à l’incandescence.
Chapitre I. Naissance du messianisme
Il faudra attendre encore trois ou quatre siècles pour que ce messianisme se transforme en un explosif puissant, capable un jour d’être adopté par des non-Juifs, des Arabes qui sauront s’en servir.
Au 2e siècle avant J.C., le danger pour les Juifs ne venait plus de Babylone, mais des descendants d’Alexandre qui contrôlaient la Judée où leurs mœurs s’imposaient de plus en plus. Les Juifs ne risquaient plus cette fois d’être exilés à l’étranger, mais de disparaître sans avoir quitté leur terre, avalés et digérés par un vigoureux mouvement de mondialisation culturelle : l’hellénisme.
Devenir grecs, c’était pour ces Juifs subir l’exil d’eux-mêmes, à l’intérieur d’eux-mêmes.
En 175 avant J.C. Jérusalem fut transformée en ville grecque, ce qui déclencha une guerre civile atroce entre Juifs attachés aux traditions, et Juifs hellénisés favorables au mélange des cultures. À cette occasion, et pour la première fois, le martyre pour Dieu fut proposé aux Juifs comme un idéal8 – idéal qu’on retrouvera dans le Coran, appliqué aux Moudjahidin. Cette guerre ruina le pays, jusqu’à ce que Pompée s’empare de Jérusalem en 63 avant J.C. : la Judée perdit alors pour toujours son indépendance et passa sous administration étrangère.
Chapitre 2. Le messianisme flamboyant
Vingt ans plus tard, Hérode le Grand se fit reconnaître roi de Judée par le Sénat romain, et lança une gigantesque reconstruction du temple de Jérusalem. Quand il mourut en 4 avant J.C., Jésus venait de naître : devenu adulte, il a pu admirer le temple d’Hérode encore en chantier. C’est pendant cette période troublée qu’a été écrite une littérature qu’on appelle intertestamentaire, parce qu’elle ne figure ni dans l’Ancien Testament juif, ni dans le Nouveau Testament chrétien. De nombreux exemplaires de ces textes ont été retrouvés au bord de la mer Morte, et si on les a d’abord tous attribués à la secte des esséniens, on sait maintenant qu’ils la débordent largement : ils témoignent de l’évolution du messianisme juif jusqu’à la fin de Qumran.
Chapitre 2. Le messianisme flamboyant
Ce retour aux origines d’avant la chute, ce paradis restauré, cette paix universelle rétablie, cette justice enfin rendue aux vrais croyants… Cet idéal, si pur que nul ne songerait à y renoncer, par quels moyens pensaient-ils y parvenir ? Par une guerre d’extermination. On ne négocie pas avec le Mal, on ne traite pas avec Bélial, on ne marchande pas avec lui. Il faut lui faire la guerre, le traquer, le jeter à terre, l’éliminer jusqu’à sa racine – et qu’il n’en reste plus rien.
Chapitre 2. Le messianisme flamboyant
Il y a quinze ans, j’avais découvert l’existence d’une obscure secte juive dont Jésus aurait fait partie : les nazaréens, ou nazôréens.
On ne sait rien d’eux à son époque, mais ils refont surface aux 4e et 5e siècles, puis disparaissent à nouveau. J’eus la surprise de les voir ressurgir dans le Coran sous leur transcription arabe, nasârâ. Y aurait-il donc un lien historique entre les nazôréens du premier siècle, et la naissance du Coran ? J’ai tiré ce fil, et toute la pelote est venue.
Avant propos
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