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EAN : 9782081359062
137 pages
Flammarion (20/05/2015)
4/5   3 notes
Résumé :
Pour déjouer le «complexe de Chronos» qui fait s'opposer les générations au pouvoir, accrochées à leurs privilèges, à une jeunesse souvent infantilisée et déconsidérée, il faut «oser la jeunesse». Autrement dit, tout faire pour que la nouvelle génération régénère les anciennes. A condition bien sûr de retrouver nos merveilleuses vertus juvéniles : notre inexpérience, qui engage à la transmission ; notre goût pour la provocation, qui frappe notre bonne conscience et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
” Tu es jeune : tu as le droit de te contenter d'exister, sans efforts ni courbettes […] seul problème, tes aînés, pour s'empêcher de faire leur examen de conscience, se sont mis d'accord pour transformer ce droit en devoir.”

Oser la jeunesse de Vincent Cespedes produit cent trente pages d'une lucidité rare sur ce que vivent actuellement les moins de trente ans à qui la société, quoi qu'elle dise, ne veut donner aucun rôle, aucune place réelle.
Ce livre a remué en moi une colère que je tente d'enfouir chaque jour pour ne pas y céder et me décrédibiliser face à mes aînés. Ces aînés qui, sans procéder à une victimisation stérile, m'empêchent de me réaliser, m'empêchent d'accéder à ce à quoi ils accédaient au même âge, refusant de se rappeler ce qui bouillonnait en eux au même âge.

Vincent Cespedes, philosophe de quarante-deux ans touche juste avec cet essai : être jeune n'est pas un crime et les jeunes eux-mêmes ne doivent pas céder à cet écrasement, à ce poids que leur inflige la société contemporaine. Nous ne sommes pas obligés de faire semblant de rêver à la morne grisaille d'une vie de bureau. Nous ne sommes pas obligés de broyer nos rêves parce qu'on nous répète à longueur de journée que nous devrions être raisonnables, nous plier aux dures lois de la conjoncture économique. Nous ne sommes pas obligés de croire ce que l'on nous dit et de penser que nous sommes une génération sacrifiée, que c'est comme ça, que c'est pas de chance. Une génération qui n'aura pas le temps de s'amuser parce qu'elle doit faire des études puis qui ensuite devra donner ses jeunes années à des entreprises qui, pour l'en remercier, la précariserons, l'exploiterons et finalement l'éjecterons comme un numéro. Un numéro qui au final ne sera même pas sûr de finir par toucher une retraite qu'il a pourtant durement cotisé pour ses aînés.
Une génération qui comme l'écrit Cespedes n'a rien des “lisses caricatures de la télé-réalité ni des braves futurs précaires que la propagande néolibérale se charge de résigner“, une génération qui ne croit plus dans la politique, les journalistes, les intellectuels et les valeurs humanistes mais dont “les plus téméraires [malgré leur désillusion] tentent vaille que vaille de se trouver une ambition capable d'inverser leur frustration en un projet pourvoyeur de sens, de plénitude et de dignité.”
Bref. le constat est clair pour les moins de trente ans qui vivent en 2016 : on sent bien qu'on ne veut pas vraiment de nous, que l'on ne nous considère pas. Hormis pour ce que l'on peut emmener comme énergie pour servir un système qui nous broie. Ce qui est plus rare c'est qu'un plus de trente ans le dise également.
En cela je remercie Vincent Cespedes de s'être emparé d'un sujet avec autant de franc parler.

Oser la jeunesse, après avoir tiré un constat accablant d'une société sclérosée propose six pistes pour un vrai lien entre les jeunes et leurs aînés.
Mais reprenons les choses du début comme le propose Vincent.
Tout cela débute avec une école qui étouffe les ambitions, les rêves, la créativité pour mieux nous faire rentrer dans le futur moule qui nous attend : un “système de sélection et de conditionnement à des vies misérables de consommateurs au détriment de l'essor de l'intelligence, de la passion et de la lucidité“. S'y ajoutent les paroles des parents qui veulent du rentable, du raisonnable. Et pour cause, eux-mêmes en ayant étouffé leur jeunesse ont eu en échange de leurs sacrifices une vie plutôt tranquille. Mais aujourd'hui la machine s'est enrayée.
Comme je l'écrivais dans Les inattendues vertus de la crise “Nous avons appris à l'école à être de bon petits citoyens plutôt dociles et nous aurions accepté ces contraintes si nous avions eu en échange ce qui nous était promis : la tranquillité d'esprit d'une vie avec un emploi dans un pays stable où nos droits sont à peu près égaux à nos devoirs. Bref, un certain équilibre. Mais arrivés à l'âge adulte tout ce qui nous a été offert est un monde dévasté économiquement, socialement, écologiquement et qui chaque jour crée un peu plus de règles. Une overdose de règles qui favorise toujours les mêmes pendant que parallèlement les droits des autres sont de plus en plus bafoués…”.
Pour Vincent Cespedes, tout cela entraîne des “frustrations artificielles et sans suite” que l'on s'acharne à calmer. L'instinct étouffé et une “panne de sens” généralisée se repaissent dans ce que propose la société : sport, shopping, people, alcool, drogues, complotisme et porno.
Résultat, faute de mieux, nous acceptons la grisaille. le tableau qu'il dresse est la pure vérité mais nous-mêmes, jeunes, voulons éviter de la voir en face parce qu'elle nous fait trop peur, trop souffrir. Pourtant quoi de mieux que de prendre conscience de la réalité pour enfin agir en conséquence et s'élever contre ? Devons-nous attendre que quelqu'un comme Vincent Cespedes nous sorte de notre coma en nous disant que lui aussi constate cela de l'extérieur pour agir ?

Je vous propose pour approfondir le sujet d'en discuter directement avec l'auteur… (critique suivie d'une longue interview de l'auteur)
Lien : http://www.ca-se-saurait.fr/..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le monde moderne est-il seulement prêt à accepter le moindre changement concernant ton éducation ? Sans pour autant être des ennemis déclarés du progrès, beaucoup se montrent frileux à l'idée de son remaniement obligatoire par la nouvelle donne Internet. Leur hypocrisie se situe sur un autre plan.
Ils confondent le but de l'éducation et le besoin d'arriver qualifié sur le marché du travail ; autrement dit : l'apprentissage et les diplômes, l'ouverture au monde et l'ouverture au monde ... du travail.

(..) obsession de la note, esprit compétitif, culture du résultat conduisent adultes et enfants à perdre de vue les véritables finalités de l'acte éducatif.
On se bat pour les meilleures classes, les meilleures places, les meilleurs salaires, les meilleures planques, dans un aveuglement collectif qui réduit les ambitions culturelles et humanistes à un seul impératif :
assurer FINANCIEREMENT l'avenir du rejeton.
Le salaire futur passe loin devant l'enrichissement par le savoir et la conscience critique, si loin devant qu'il en devient le but de l'éducation, unanimement (et hypocritement) partagé.

(...) La peur du chômage, la concurrence et le culte de l'argent roi le propagent ; le stress et le conformisme l'accompagnent.
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Gardons à l'esprit que la force d'une société réside dans son passé (civilisation), dans son présent (puissance économique) mais aussi dans son futur : sa jeunesse
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Il est aussi des voyages immobiles, moins coûteux, moins risqués et tout aussi profonds [que les voyages] : les livres.
Véritables machines à voyager dans les pensées des autres et dans le temps,
ils peuvent t'emmener partout, et n'importe quand.
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Les jeunes des milieux populaires ont beaucoup plus d'intelligence et d'humour que les orateurs qui les défendent et qui "pour leur bien", les empêchent de s'adresser directement à la société, de partager leurs souffrances, leurs éclats de rire, leurs témoignages et leurs débuts de solutions.

Les jeunes des beaux quartiers eux non plus ne se font pas entendre.
Les plus cyniques attendent de grandir et de prendre la relève - salaire et prestige social assurés, questions et indignations à tuer dans l'œuf.
Les autres, ceux qui n'approuvent pas papa et aimeraient sincèrement combattre les inégalités, connaissent la désormais classique censure antijeune.

Elle consiste à priver les jeunes de moyens d'expression dès qu'ils s'intéressent à ce qui les concerne vraiment : la politique, les injustices, l'absence de voies, les solidarités transfrontalières, la marche du monde.
En revanche, elle les incite à s'agiter en consommateurs passifs pour des broutilles décevantes, comme le sport, les fictions décontextualisantes ou les vidéos LOL.
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Prisonnière de ce vaste gag antiphilosophique qui consiste à s'interdire de méditer en profondeur sur le sens de la vie, la jeunesse se dégrade en clientèle. Comme si l'objectif de la démocratie n'était plus de former le citoyen mais de "créer le client". (...)

De fait, la plupart des jeunes de ce début du XXIe siècle adhèrent à des idées, supportent des équipes, soutiennent des causes, s'accrochent à des appartenances, passent des castings ou suivent des cours comme des clients.
Mais des clients d'un type nouveau : des clients eux-mêmes en quête d'une clientèle - virtuelle, future, en voie de constitution. Des clients clientélistes.

Ils suivent des enseignes et des enseignements mais rêvent d'être eux-mêmes suivis par des "amis", des partisans, des fans, la société entière, comme pour dépasser leur statut de clients, d'où leur obsession (toujours insatisfaite) de la célébrité. La célébrité, c'est ce qui permet d'avoir une clientèle, et par conséquent d'atténuer son assujettissement volontaire en tant que client.
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Videos de Vincent Cespedes (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Cespedes
Un essai philosophique vivant et accessible sur la notion de trahison, écrit à partir d'une expérience de télé-réalité à laquelle l'auteur a participé. Pour en savoir plus :
Vincent Cespedes s'est fait connaître du grand public avec son premier livre contre la télé-réalité naissante, I Loft You (Mille et Une Nuits, 2001). Plus de vingt ans après, une grande chaîne de télévision l'a invité à passer de l'autre côté du miroir et à participer à un jeu diabolique : Les Traîtres, qui sera diffusée en septembre 2023. Cette émission de grande audience devient une expérience humaine d'une richesse inouïe pour le philosophe-candidat et lui offre l'occasion d'une méditation in vivo sur la loyauté, la confiance et la trahison.
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