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EAN : 9782849503089
129 pages
Syllepse (06/06/2011)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Les résistances contre les licenciements et le chômage sont indispensables. Mais il faut également discuter à la fois de la crise actuelle du rapport salarial et d'une alternative d'ensemble aux politiques néolibérales. Pour certains, nous serions à l'aube d'une société post-industrielle, d'un capitalisme "cognitif" permettant d'ores et déjà de sortir du salariat et du "travaillisme", qui a tant marqué le mouvement ouvrier. La défense du droit à l'emploi serait donc... >Voir plus
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« le salariat est un rapport social à travers lequel s'organise l'exploitation capitaliste, mais en son sein se sont aussi cristallisés des droits et des institutions porteuses de progrès ou de points d'appui, y compris au sein de l'entreprise. »

C'est le droit au travail qui sera au centre du livre. Des dix articles, je n'extrais que quelques idées fortes. Et en premier lieu la nécessité de ne pas accepter les licenciements et de combattre le chômage.

Les auteur-e-s reviennent sur des théorisations à la mode : capitalisme cognitif, fin du travail, revenu universel, etc… Elles et ils en critiquent les insuffisances, les impasses en insistant sur le droit à l'emploi, la réduction du temps de travail, la démarchandisation de la force de travail.

Dans un court article Leila Chaibi et Simon Cottin argumentent autour d'un revenu social inconditionnel, sans parvenir à dégager des pistes convaincantes. Ce qui ne signifie pas qu'il faille renoncer à défendre le droit à un revenu décent pour toutes et tous.

Il s'agit à la fois d'un débat revendicatif et politique pour aujourd'hui et pour tracer des pistes d'émancipation à plus long terme.

De ce point de vue, la réduction du temps de travail pour toutes et tous semble essentielle. Aujourd'hui le temps travail est partagé, mais dans la division organisée des salarié-e-s, d'un coté des chômeuses et des chômeurs sans emploi, de l'autre des salarié-e-s à temps partiel, d'autres effectuant des heures supplémentaires, etc.

Il convient de reprendre le mouvement séculaire de baisse du temps de travail avec maintien des rémunérations et embauches correspondantes. Ce qui impose d'empiéter sur les prérogatives patronales « Aucune avancée sociale d'ampleur sur le terrain de l'emploi n'adviendra sans un recul des prérogatives patronales, à commencer par le pouvoir de licencier… ».

Mais la réduction du temps de travail est aussi une nécessité politique pour permettre de dégager les moyens d'une autre gestion, d'une autogestion démocratique « Tout d'abord, politiquement, il est impossible d'imaginer un processus d'autogestion social et politique qui ne s'appuie pas sur un facteur matériel décisif : l'octroi du temps nécessaire, qui ne peut découler que de la réduction du temps de travail, pour que les salariés investissent massivement leur nouveau rôle, à la fois en tant que travailleurs et tant que citoyens. » Sans oublier la dimension écologique de réorganisation et relocalisation de la production aujourd'hui plus que nécessaire, comme le souligne Laurent Garrouste « Néanmoins la consolidation du processus de transformation écosocial suppose que les salarié-e-s y trouvent leur compte d'emblée. »

Un véritable droit au travail doit être accompagné de véritables droits sociaux « Cette conception statutaire de la construction du monde du travail autour de la défense de la sécurité sociale, qui donne un droit à la santé pour chaque salarié, trouve un prolongement dans son ouverture systématique aux chômeurs », de revenus garantis mais aussi du développement de la gratuité, en particulier pour l'accès aux biens communs « La reconnaissance effective des droits sociaux passe par la mise à disposition de manière gratuite de biens communs, comme la santé, et non par la distribution de revenus qui s'y substitueraient. Dans le cas du logement, quelles sont les solutions réellement progressistes : une politique de municipalisation des sols et de construction de logements sociaux ou l'augmentation des allocations logement ? »

Cela passe aussi, faut-il le rappeler par un véritable plein-emploi des femmes (article de Stéphanie Treillet), donc une remise en cause de la soit disant « complémentarité des rôles », du développement des biens collectifs de qualité, alternative à l'enfermement dans la sphère domestique, dans la sphère privée. Ce qui implique, même si ce n'est pas indiqué dans cet ouvrage, l'auto-organisation des femmes pour imposer l'égalité des droits dont celui de l'accès au travail.

Mais se battre pour le droit au travail ne saurait suffire. « Il ne peut y avoir d'émancipation sociale sans libération au travail. » Il faut à la fois « Libérer le travail et se libérer du travail » comme l'écrit Antoine Artous. « Toutefois, la perspective d'une démocratie socialiste autogestionnaire ne peut se réduire à une forme de pouvoir dont les structures de bases sont enracinées dans la production et à une forme de démocratie qui dissout la citoyenneté, comme catégorie universelle, dans la figure ‘sociologique' du producteur.

Je voudrais enfin soulever un problème à partir d'une idée, répétée dans ses deux articles par Stéphanie Treillet « Une tâche – un travail – exercée dans la sphère marchande ou non-marchande monétarisée (un service public) présente une différence de nature fondamentale avec la même tâche – qui n'est pas un travail – effectuée dans la sphère domestique, et il est normal que le retour à celle-ci fasse diminuer le PIB. »

Je laisse de coté la reconnaissance ou non dans le PIB de certaines tâches. Il s'agit d'une sommation de valeur ajoutée comptable, ne présentant pas vraiment de parenté avec la notion de valeur chez les marxistes ; celui-ci pourrait donc être calculé sur la totalité des valeurs d'usage produites.

L'auteure aurait dû, au moins, indiquer le sens qu'elle donnait au mot travail, pris non comme activité intemporelle, mais comme rapport social sous le régime capitaliste. Mais au delà de cette définition, il reste une large plage de débat, car cette tâche, « ce travail gratuit » fait très majoritairement par les femmes, contribue à faire baisser le coût du renouvellement de la force de travail, indirectement à faire baisser la valeur de la force de travail, et donc à augmenter la plus-value produite dans le champ de la production.

Plus généralement, les courants radicaux du féminismes insistent sur les conséquences de la division sexuée du travail, dont le travail domestique. A ce sujet, les analyses matérialistes de Christine Delphy, ne me semblent pas abouties, mais les réponses les plus élaborées des « marxistes » non plus. Je ne suis convaincu ni par les un-e-s ni par les autres. Il y a là, un champ d'étude important : comprendre l'interaction aujourd'hui entre travail domestique et travail salarié, travail domestique et reconstitution de la force de travail.

Une lecture à compléter par l'ouvrage de Laurent Garrouste, Michel Husson, Claude Jacquin, Henri Wilno :Supprimer les licenciements (Editions Syllepse, Paris 2006)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La reconnaissance effective des droits sociaux passe par la mise à disposition de manière gratuite de biens communs, comme la santé, et non par la distribution de revenus qui s’y substitueraient. Dans le cas du logement, quelles sont les solutions réellement progressistes : une politique de municipalisation des sols et de construction de logements sociaux ou l’augmentation des allocations logement ?
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Tout d’abord, politiquement, il est impossible d’imaginer un processus d’autogestion social et politique qui ne s’appuie pas sur un facteur matériel décisif : l’octroi du temps nécessaire, qui ne peut découler que de la réduction du temps de travail, pour que les salariés investissent massivement leur nouveau rôle, à la fois en tant que travailleurs et tant que citoyens.
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Toutefois, la perspective d’une démocratie socialiste autogestionnaire ne peut se réduire à une forme de pouvoir dont les structures de bases sont enracinées dans la production et à une forme de démocratie qui dissout la citoyenneté, comme catégorie universelle, dans la figure ‘sociologique’ du producteur.
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Le salariat est un rapport social à travers lequel s’organise l’exploitation capitaliste, mais en son sein se sont aussi cristallisés des droits et des institutions porteuses de progrès ou de points d’appui, y compris au sein de l’entreprise.
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Cette conception statutaire de la construction du monde du travail autour de la défense de la sécurité sociale, qui donne un droit à la santé pour chaque salarié, trouve un prolongement dans son ouverture systématique aux chômeurs
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