C'est pourquoi - il n'est rien que nous haïssions plus du plus profond de notre nature -, aucune politique organisée ne nous parait plus corruptrice et plus dangereuse que la politique actuelle du compromis, ce socialisme réaliste des masses trop nombreuses qui a cherché à établir pour le prolétariat et pour la bourgeoisie un fond d'adaptation commune - adaptation commune à l'esprit de ce qui a été jusqu'ici, en échange de possibilités matérielles de s'en sortir, une manière d'emporter avec soi l'essentiel de l'ordre ancien : et même maintenant avec un peu moins d'envergure les idées capitalistes, la réalisation de masses moyennes en tout et dans tout, mais fondée comme par le passé sur l'évidence du pouvoir et de la domination entre tous, et autour de chaque individu la solitude infinie.
Seule l'impossibilité totale d'aucun pouvoir de n'importe quel individu sur un autre assure la garantie que jamais un être, en qui subsiste et vit l'esprit libre et créateur des origines, ne doive se plier à des médiocres.
J'ajouterai ici, que le véritable critère de "la santé" psychique me paraît quelque chose de tout à fait relatif qui ne peut se déterminer pour chaque individu qu'en fonction des données préalables de son adaptation individuelle.
Le développement libre et sans entraves de l'être humain, de l'amour et de l'esprit suppose un ordre du monde qui serait en tout et pour tout mortel pour celui qui est adapté à cet autre ordre jusqu'à présent dominant et toujours et partout meurtrier pour l'humanité, l'amour et l'esprit ... C'est pourquoi on nous ment toujours et systématiquement lorsqu'on vient nous parler de transition progressive, de compensation, de mesure et de comparaison -
La psychologie de l'inconscient est la philosophie de la révolution, c'est-à-dire qu'elle est appelée à le devenir, en tant que ferment de révolte au sein du psychisme et libération de l'individualité entravée par son propre inconscient. Elle est appelée à rendre intérieurement apte à la liberté, à servir de préliminaire à la révolution.
Ce n?est pas un homme, c?est de la dynamite.
Pionnier de la psychanalyse, neurologue visionnaire, anarchiste et féministe radical, fondateur du « mouvement érotique », végétarien convaincu, écologiste avant l?heure et inspirateur des dadaïstes, Otto Gross (1877-1920) est une figure centrale de la modernité. A Monte Verità, une colonie pré-hippie où se croisent Hermann Hesse, Isadora Duncan et le révolutionnaire Kropotkine, il est le gourou d?une jeunesse en quête de liberté sexuelle et de nature. Disciple rebelle de Sigmund Freud, il fait basculer le destin de Carl Gustav Jung qui le nomme son « frère jumeau » avant de le déclarer dément.
Son internement sur ordre de son père, le professeur Hans Gross, célèbre criminaliste, incendie la presse européenne et mobilise Apollinaire, Blaise Cendrars et toute l?intelligentsia en lutte contre le patriarcat.
Dans cette fresque romanesque qui nous entraîne en Patagonie, à Zurich, Munich, Berlin, Vienne, et jusqu?au c?ur de la Grande Guerre, Marie-Laure de Cazotte, auteur de À l?ombre des vainqueurs, récompensé par de nombreux prix littéraires dont le Prix du Roman historique, retrace avec brio et profondeur l?épopée de cet esprit considéré par Michel Onfray comme « le grand oublié de l?histoire de la psychanalyse ».
http://www.albin-michel.fr/ouvrages/mon-nom-est-otto-gross-9782226402103
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