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EAN : 9782940431342
351 pages
La Baconniere (20/08/2015)
4.33/5   3 notes
Résumé :
En 1857 Champfeury écrivait dans son essai Le Réalisme qu'il souhaitait « chercher les causes et les moyens qui donnent les apparences de la réalité aux oeuvres d'art ». A peu près à la même époque Flaubert parlait des nombreuses « ruses » subtiles que l'écrivain devait inventer pour faire vrai. Son fls spirituel Maupassant, lui, revendiquait pour l'écrivain réaliste l'étiquette, plus juste à ses yeux, d' « illusionniste ». Et Valéry indiquait, de son côté, un peu p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je dois cette découverte à Babelio que je remercie et à Masse critique qui m'a offert ce livre. C'est un recueil de douze articles de l'universitaire spécialiste du roman et de la description, Philippe Hamon. Il place ce recueil sous le sceau du réalisme du XIXe en prenant le titre d'un article écrit par Baudelaire à propos des tableaux de Courbet, titre que Baudelaire reprend à Courbet écrivant à Champfleury... le cadre est donc dressé dès le titre.

Un tel livre ne se lit certes pas comme un roman, il ne se critique pas non plus de la même manière : je l'ai lu d'une traite pour Babelio mais j'y reviendrai volontiers lorque l'un des artticles me semblera en lien avec les sujets du moment car c'est un texte très documenté, érudit même et amplement enrichi de notes. Un trésor sur le réalisme.

"Comment écrire le réel ?" (I) L'auteur dresse un bilan des travaux sur les caractéristiques d'écriture des écrivains réalistes et naturalistes avant de souligner combien la question ds critères de l'analyse pose problème. Il retient cependant deux des critères d'Auerbach comme représentatifs et féconds : celui du genre d'une part, que l'on peut envisager comme cadre d'un horizon d'attente. le réalisme est conforme au réel du genre dans lequel il s'inscrit, il y a un réel du conte qui n'est pas celui du roman. Celui du "sérieux" d'autre part qui suppose neutralité, objectivité, effacement alors même que l'auteur dirige et contrôle le roman. le recours fréquent au discours indirect libre apparait comme une technique pour résoudre cette contradiction.

Dans un deuxième article, "Voir le réel" (II), l 'auteur s'intéresse plutôt à l'acte de voir pour un écrivain, à ses implications dans l'écriture et à la façon dont l'auteur réaliste donne à voir ce que le lecteur voit en lisant. Au XIXe s. entre peinture, affiches, cartes postales, photographie, les images nouvelles se multiplient et influencent l'écriture réaliste et naturaliste.Par ailleurs l'abondance des brouillons, schémas, dossiers préparatoires forme aussi un ensemble de vues de l'écrivain qui pré-voit. Toutefois "les images mentales" de l'écrivain comme du lecteur sont "in-descriptibles par essence" et forcément individuelles.

Suivent "Misère de la mimésis"(III), "Écrire les passions"(IV), "Vibrations" (V) où l'auteur s'intéresse à ces réalistes qui cherchent la réalité dans le mouvement, entre concret, observable et immatériel (Balzac jeune, Maupassant), "Mettre en listes" (VI), "Défiler"(VII), "Le Corps au travail" (VIII) en particulier dans l'oeuvre de Zola.

"Exploser les reliques" (IX) à travers les oeuvres De Balzac, Flaubert, Maupassant permet de retrouver plusieurs dimensions d'ordre esthétique du réalisme : le réel comme référent, la relation du réel avec la question du vrai et du faux, le réel comme fragment exposé, le réel par le biais des indices grâce à la métonymie et à la synecdoque, figures privilégiées des réalistes, le réel par le biais du détail.

"Poésie et réalisme" (X) est l'article qui a le plus retenu mon attention, sans doute parce qu'a priori c'est une association improbable.En tous cas, c'est pour l'auteur l'ocasion d'une réflexion sur la définition du réalisme, courant de la Mimesis que l'on fait remonter à Homère et école localisable autour de Zola et de ses avatars italien, portugais, ensemble de doctrines esthétiques et littéraires ou méthode de travail incluant l'enquête et le recours au discours socialement marqué ou ensemble de sujets particuliers comme les moeurs, le corps ou encore manière de traiter ces sujets de façon neutre et objective, "sans tabou ni censure', en "tranches de vie" plus que dans une intrigue ou bien encore le réalisme se définit-il par ses modèles comme L'Éducation sentimentale, Germinie Lacerteux et l'Assommoir ?

En tous cas, "le fantasme d'adéquation entre le réel et le texte" , le désir de Zola de mettre ce réel en exposition sous "une vitre", c'est la poésie, plus que le roman qui le réalise, explique Philippe Hamon. Il entreprend alors de chercher dans les récits réalistes et naturalistes comment est représenté le poète. Modèles ou repoussoirs quant aux valeurs du vrai, du réel, du moderne ou du matériel, le poète est souvent ridiculisé. Puis il entreprend de sonder les sujets abordés et la manière de les aborder (mode sérieux, objectivité, neutralité) et il observe alors que Coppée, Richepin, Vehaeren empruntent à Zola sujets et postures. Par le recours au prosaïsme, au conte en vers, Copée comme ses épigones Gros, Nouveau, Rimbaud, Verlaine, voire Baudelaire par exemple dans "une Charogne" fragmentent le réel. Puis l'auteur s'attarde sur les multiples "discours croisés" comme la correspondance entre Zola et Mallarmé, l'envoi de son roman Madame Bovary par Flaubert à Lamartine, les chroniques de Zola pour la presse sur les Parnassiens, sur Copée, Baudelaire, Gautier et même Hugo. Enfin les nouvelles écritures _ poème en prose et prose poètique_ qui relèvent du croisement des genres suscitent des réactions diverses des réalistes. Philippe Hamon souligne que "Les connvences structurelles sont manifestes, presque à l'oeil, ou à l'usage, entre description et poésie" or la description systématique est l'une des caractéristiques du récit réaliste et note que la pratique du récit bref comme les nouvelles rappelle le caractère fragmenté de la poésie. Et c'est finalement l'opposition tiangulaire habituelle entre poésie, réalisme et ironie qu'il convient de remettre en cause à partir du moment où on ne réduit pas ces notions à quelques poncifs.

"Balzac, l'ironie et le calembour"(XI) l'article suivant, pose justement la question de l'ironie dans le recit balzacien. Puis le dernier article, "De l'allusion en régime réaliste" (XII) explore la tension entre la volonté de tout peindre, de tout dire de tout voir des réalistes et la part de l'implicite, de l'allusion dans le récit réaliste. Alors que le roman policier, le pamphlet, la fable... exigent l'allusion, le récit réaliste a priori la proscrit. Pourtant, observe l'auteur en analysant un extrait de Nana, l'allusion est nécessaire pour faire communiquer des groupes sociaux trop éloignés, elle apparaît comme "fait de société" .

Un recueil d'articles à exploiter et consulter au gré des recherches et des travaux.

Lien : http://www.lirelire.net/2015..
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"Puisque réalisme il y a" est un essai. En littérature un essai est une oeuvre de réflexion portant sur les sujets les plus divers et exposée de manière personnelle, voire subjective par l'auteur. Contrairement à l'étude, l'essai peut être polémique ou partisan. C'est un texte littéraire qui se prête bien à la réflexion philosophique mais aussi à d'autres domaines : essais historiques, essais scientifiques, essais politiques etc.

L'auteur Philippe Hamon réunit dans ce recueil plusieurs articles publiés dans différentes revues et actes de colloques entre 1993 et 2014 dont vous trouverez les références à la fin du livre pour chaque chapitre.
Le choix des textes étudiés forment le fil conducteur qui donne sa cohérence à l'ensemble.
Cet ouvrage est composé d'une introduction et de 12 chapitres.

Vous vous demandez peut-être la raison du choix de son titre ? Et bien "Puisque réalisme il y a" est une allusion à Baudelaire, à Champfleury et à Courbet. C'est le titre d'un article de Baudelaire qu'il a laissé à l'état de brouillon dont il avait l'intention d'écrire à propos de l'exposition des tableaux de Courbet en 1855.

Le but de cet ouvrage est d'étudier la manière dont est traitée et réalisée l'écriture d'oeuvres littéraires diverses, de fictions et les conséquences stylistiques d'un désir de réalisme qui va produire des oeuvres caractérisées par une sorte de gymnastique qui comprend le faux et le vrai.

L'auteur nous invite à la réflexion, à s'interroger, il argumente, il nous informe, analyse, critique, donne beaucoup de voix à son point de vue.

Le style de l'auteur est cohérent, précis, riche et fourni. La mise en page est très opportune, il y a de nombreuses annotations et références en bas de pages. Sous presque tous les titres de chacun des chapitres se trouve une citation en caractères gras en retrait à droite.
Voici un exemple :
III. Misère de la mimesis
Pourquoi cette imitation vaine ?
Pourquoi cette reproduction banale de
choses si tristes par elles-mêmes ? Misère !
Maupassant, Sur l'eau.

Mimèsis est un terme grec signifiant imitation, dont le sens a évolué au cours des siècles. Platon et Aristote emploient le mot mimèsis pour désigner les arts d'imitation, c'est-à-dire les différentes formes poétiques et la représentation du réel par la littérature. ...

Le chapitre X est mon préféré. Il s'agite de "Poésie et réalisme" . J'ai très apprécié les références poétiques et les divers extraits.
J'ai découvert la poésie sous une forme originale, le conte en vers comme "Dans un train de banlieue" "Le petit épicier" "Au jardin du Luxembourg" "Brune" "Croquis de banlieue" de Coppée.
Ces poèmes sont appelés une fragmentation du réel en "choses vues" », en instantanés prosaïques, sortes de haïkaï réaliste parfois dépourvus de titres.

J'ai découvert que l'usage très fréquent de l'italique chez Stendhal et Flaubert signifie toujours la citation et la mise à distance d'une parlure empruntée "telle quelle"  à la réalité.
Parlure est la manière de parler de quelqu'un, d'un groupe.

Cet ouvrage est destiné à un lectorat spécialiste du monde du littéraire, les professeurs d'école, les personnes de l'enseignement en général et surtout les étudiants qui retrouveraient ainsi un recueil complet et précis sur le réalisme.

En fait, l'auteur a su démontrer comment composer le réel, mais surtout, composer avec le réel.

Mon dernier mot sera cette citation : Il est aisé de dire et de dénoncer le faux, de prouver qu'un faux est un faux, il y a une objectivité et une réalité du faux. Je peux prouver que cet alexandrin est faux (s'il a treize syllabes), prouver que ce calcul arithmétique est faux, prouver que cette nouvelle est fausse, prouver qu'un billet de banque est faux. Mais il est plus difficile de prouver qu'on détient la Vérité, ou qu'on dit la Vérité.
Lien : http://larubriquedolivia.ove..
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Merci à Babelio et aux éditions de la Baconnière pour l'envoi de « Puisque réalisme il y a » suite à ma demande via MasseCritique.

L'auteur Philippe Hamon livre un recueil d'articles publiés entre 1993 et 2004, éclairant et passionnant sur la recherche, le désir, voir même l'obsession, qu'auront les grands écrivains du XIXème siècle à vouloir décrire et retranscrire, le plus fidèlement possible, la réalité à travers leurs oeuvres.

« Puisque réalisme il y a » est ma première lecture d'une analyse relative à un mouvement littéraire, le réalisme. Ce courant s'est développé à la suite et en opposition au romantisme durant le 19ème siècle.

C'est un recueil passionnant qui nous apprend l'importance pour l'écrivain réaliste d'instaurer dès le départ un pacte de sincérité avec son lecteur. le devoir absolu d'observer le réel et de parler du vrai. Mais comment définir la réalité et de quelle réalité parle t-on ? On comprend alors toute la difficulté de l'écriture réaliste.

L'ouvrage détaille avec clarté tous les « outils », les techniques, les procédés mis en place par des auteurs comme Zola, Balzac, Champfleury, Flaubert, Maupassant, Hugo, Rimbaud ou encore Huysmans, pour évoquer le réel.
A titre d'exemple, il est décrit comment Zola construit son roman à la façon d'un catalogue en accumulant les descriptions ou encore le travail quasi journalistique de ces écrivains afin d'être au plus proche de la réalité.
Tout est démontré et expliqué au lecteur à travers des passages de textes choisis du XIXème.

Bien entendu le livre parle avec beaucoup plus de profondeur de la question du réalisme, avec un vocabulaire riche et beaucoup de références. Mais ce n'est pas pour autant un livre destiné uniquement aux initiés, la preuve !
C'est un livre très intéressant, enrichissant, très bien écrit et compilé, très agréable à lire, fluide et avec d'excellentes annotations de bas de pages.

Lien : http://lectureboheme.blogspo..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il existe un trait de style qui permet peut-être à l'écrivain réaliste de pallier les principales contradictions de sa posture esthétique. Il estime en effet qu'il doit être "objectif", ou "neutre", écrire même en se dépouillant de son sexe, ne pas intervenir ni paraître trop autoritairement dans sa fiction, pour avoir l'air en effet de laisser se présenter le réel comme de lui-même, comme s'il n'y avait pas représentation, mais d'un autre côté il ne peut évacuer complètement son désir d'intervention, de critique, de maîtrise personnalisée du réel, voire, selon les termes de Flaubert, d'écrire du point de vue d'une"blague supérieure".
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La phrase-clausule de Pot-Bouille de Zola pourrait être de Maupassant : "Mon Dieu ! mademoiselle, celle-ci ou celle-là, toutes les baraques se ressemblent. Au jour d'aujourd'hui, qui a fait l'une a fait l'autre. C'est cochon et compagnie". Et on notera la figure ultime de la ressemblance, celle où la phrase entre en redondance avec elle-même, s'imite elle-même, la tautologie ("Au jour d'aujourd'hui").
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En sachant aussi que chaque époque, donc chaque école littéraire, fabrique son réel, élabore sa conception du réalisme en réaction contre celle des prédécesseurs, et que le réalisme ne saurait évidemment être cantonné à l'intérieur du seul XIXème siècle : le roman picaresque espagnol, le réalisme psychologique de Jane Austen, les grandes sagas familiales à la Roger Martin du Gard, les grands romans historiques engagés (Malraux, Aragon), les grands romans descriptifs du Nouveau roman des années 1960 (Claude Simon, M. Butor, Perec), la Télé-réalité et les romanciers post-modernes des années 2000 (Echenoz, Toussaint, Houellebecq), sont, à leurs manières respectives, autant de fabriques originales de certaines formes de la mimesis.
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On est là, avec cette esthétique de la fragmentation, loin de la grande syntagmatique dramatique d'un Balzac, avec ses monomanies rectilignes, sa basse obstinée passionnelle, et ses vectorisations bien dessinées.
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Le monde de Maupassant est un monde de confrontations, de contagions, de mélanges, ou de neutralisations de mouvements.
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