Excellent roman, rempli d'émotions et de sensations. L'auteur a une très bonne maîtrise de la langue et parvient sans peine à faire en sorte qu'on s'attache à Alex, la jeune femme qui est au coeur de cette histoire.
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Un homme me tend sa main, il me dit de venir et je viens. Il ne me parle pas d'avant, des histoires qu'il a eues, des femmes qu'il a connues, il ne me dit rien de ce qu'il fait, de l'endroit d'où il provient, il ne parle pas des choses qu'il ne fera pas, ni de toutes celles qu'il espère. Il me demande seulement de le suivre. Un sourire sur ses lèvres, un désir. Alors je dis, J'arrive. Parce que j'ai la certitude qu'il n'y a pas d'autre mot à dire.
Il y a des amis qui entrent dans nos vies pour ne plus en ressortir. Ils restent, sincères, parfois silencieux, ne s'éloignent que par moments, par à-coups, quelques années tout au plus. Mais toujours ils reviennent, nos amis aux bras tendus, au rire franc. Quoi que nous fassions, ils restent là, solides et implacables. Ils nous considèrent, nous observent, nous prennent dans leurs bras, il arrive qu'ils nous remettent à notre place ou en question, mais jamais ils ne s'en vont. De véritables amis sont pour toujours.
Le langage est comme cela. Il implique toujours un changement. Les paroles que l'on dit, s'il y a quelqu'un devant nous pour les recevoir, engendrent aussitôt un événement, mènent toujours quelque part. Malgré ce qu'on en dit, les paroles restent, prégnantes, souvent elles reviennent, parfois des années plus tard, et font encore plus mal. Comme cette fois où tu m'avais dit, Je serai toujours là pour toi.
Menteur.
Puis, je t'ai aperçu. Mes écouteurs sur la tête. Ton corps près de la porte. Je me souviens de ce qui jouait. Une pièce de Keith Jarrett. Plus jamais je ne l'ai réentendue. Tu étais donc là devant moi. Dans le vestibule, deux valises accrochées à tes mains, celles-là mêmes que Marie t'avait offertes pour votre dixième anniversaire de mariage. Un signe de sa part, une manière de te signifier, Tu sais que tu peux partir. Jamais n'offre-t-on des valises sans intention précise.
Pourquoi les gestes qui ne se font pas, les mouvements inconvenants du corps, les désirs enfouis à l'intérieur, pourquoi sont-ils toujours présents en moi? Je sais que c'est un peu à cause de toi, tu n'arrivais pas non plus à retenir des gestes comme ceux-là. Peut-être parce qu'ils sont attrayants, effrayants, les deux en même temps, exactement comme l'océan, lorsqu'on le regarde de très haut, nos pieds sur le bord d'une falaise, on a le goût de se jeter dedans.