Avec son Ranking of Kings,
Sosuke Toka nous montre qu'on peut faire de grande chose avec peu de moyens. Il le démontre avec son art sommaire et pourtant tant porteur d'émotion. Il le montre avec le parcours sans faille de son héros et cela nous va droit au coeur !
Alors que le précédent tome m'avait un peu laissée sur mon faim, j'ai retrouvé ici tout ce qui fait le sel de la série pour moi : les belles relations entre les personnages. J'ai ainsi pris plaisir à voir les évolutions différentes et contrastée des deux frères, mais j'ai également beaucoup aimé sentir les intentions de l'auteur s'affiner. Et pourtant, le récit ne perd pas de temps et va bien vite par rapport à l'animé qu'il a inspiré. Je me demande donc quelles surprises il nous réserve donc pour tenir déjà 14 tomes au Japon et continuer encore.
Dans ce volume, nous suivons en parallèle le destin des deux frères. Daida connaît un revirement surprenant après être allé au bout de son addiction avec le miroir. Avec peu de moyen et un certain classicisme, l'auteur nous montre sa vision de la perversion d'un jeune esprit par plus puissant et plus malin que lui. le personnage de Miranjo intrigue, tandis que celui de Bosse, sur le retour, surprend car il se révèle bien cruel avec ses enfants et on se demande pour quelle finalité. Et puis, quel bonheur de recroiser la reine Hiling et le chevalier Domas, deux atouts de taille pour Bojji dans l'entourage de Daida.
De l'autre côté de l'intrigue, Bojji justement poursuit son entraînement détonnant, lui aussi, avec Despa. J'aime beaucoup la façon dont ce personnage est écrit, entre fourberie et attachement. Il est un maître surprenant et ce qu'il enseigne à Bojji sort du lot. C'est totalement atypique de voir quelqu'un d'autre faible que Bojji le rester et pourtant en tirer parti grâce à l'astuce de Despa, une astuce que l'auteur est allé chercher loin et qui pourtant tombe sous le sens. C'est excellent. J'aime qu'on nous offre un personnage faible, le restant, et pourtant trouvant une autre façon d'exprimer de la force. C'est un message très pertinent à transmettre.
Et puis surtout, avec bien peu de moyen,
Sosuke Toka met tout cela en scène avec simplicité et sobriété, en faisant appel aux classiques de la littérature enfantine et de la littérature chevaleresque, pour un récit particulièrement efficace. Malgré un trait maladroit, il touche. Malgré une mise en scène archi simple et des cadrages pas forcément recherchés, pourtant il fait mouche. C'est comme si on assistait à un duo entre un enfant débutant et un artiste confirmé qui le guiderait dans l'écriture et la mise en image de son récit. C'est très surprenant.
En attendant, l'histoire avance d'un bon pas. Nos deux frères ont acquis un nouveau statut et voient leur quête avancer. Leurs alliés se dessinent également avec de belles surprises du côté de Daida et une grande émotion pour Bojji, qui touche en parvenant à acquérir à son tour des qualités de guerrier à lui, comme il le désirait. Tout est ainsi orchestré pour rapprocher et mettre face à face les deux princes. A la limite, les autres pourraient être accessoires s'ils ne représentaient pas le moyen de nous faire sentir toute la beauté de Bojji dans l'attachement qu'ils ont pour lui malgré eux.
Avec cette parodie du récit de fantasy chevaleresque, le mangaka nous offre un objet vraiment surprenant, qui détonne par son graphisme et sa scénographie maladroite, mais qui est d'une implacable efficacité dans ce qu'il a à raconter et offrir. C'est beau d'avoir un héros qui n'a rien d'héroïque le devenir à la seule force de son âme courageuse et non de ses poings. Seul, il avance toujours le sourire aux lèvres malgré l'adversité et les larmes qui peuvent poindre. Quelle belle leçon !
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