Je remercie Babélio (masse critique) pour l'envoi de ce livre très réussi et passionnant.
J'avoue avoir été surprise en le découvrant, étonnée par le titre et le sujet.
Cela m'a permis de m'intéresser à un domaine qui m'était inconnu. Bien sûr, on connaît tous de nom, le célèbre couturier
YVES SAINT LAURENT qui a révolutionné l'univers de la couture et de la mode.
Mais mis à part cela, je n'en savais guère plus !
Ce récit est écrit par sa nièce et filleule,
Marianne VIC. J'ai beaucoup aimé son style d'écriture et le ton donné à ce témoignage. J'ai souhaité en savoir plus sur cette auteure, à savoir si elle avait déjà écrit avant cet ouvrage.
Et effet, en 2013, elle a écrit un premier roman intitulé
Les mutilés. Ce qui est certain, c'est que je vais le lire, car j'aime sa plume et elle aborde en plus, un sujet qui m'interpelle et m'intéresse.
Pour revenir au livre
Rien de ce qui est humain n'est honteux, ce titre très percutant et intriguant m'a donné envie de me plonger dans l'histoire de cette famille.
Sous leurs apparences de richesse et de notoriété, on ne s'imagine pas qu'elle puisse avoir vécu des drames. Elle n'aura pas été épargnée ! On ne voit à la télévision, que le chic et les belles manières d'
Yves Saint Laurent, sa modernité et son élégance, nous fait penser que cette famille ne porte pas le poids d'une vie de malheur et de mal-être. Malheureusement pour eux, ce fut le cas, et pour Yves comme pour son entourage, sa grand-mère, sa mère ou encore sa soeur,
Marianne Vic nous raconte tous les secrets de cette famille prestigieuse.
Nous sommes loin de penser qu'ils souffrent tous d'un manque d'AMOUR évident et d'un traumatisme que chacun essaye de gérer à sa façon.
Marianne VIC nous relate sur 3 générations, le parcours difficile des femmes de ce clan et comme elle le dit si bien dans son livre : « en cachant la vérité sur sa naissance, elle les privait d'une scène primitive fondamentale. Marianne l'aïeule, a transmis le virus du déni à sa fille, qui à son tour contamina ses trois enfants. Et ainsi de suite. Impossible pour eux, pour nous, de se trouver quand on ne sait pas d'où l'on vient. »
Ce qui m'a aussi étonné, c'est de constater autant de maladies psychologiques, du mal-être que cela soit dans leur famille ou dans leurs connaissances. Certains sont bipolaires, ont des tendances suicidaires ou alcooliques, ou encore drogués.
Je ne peux que constater les dommages collatéraux que peuvent avoir les secrets de famille et les non-dits, qu'on soit « bien nés ou pas ». C'est une bombe qui explose à différents moments de la vie et qui contamine plusieurs générations comme l'explique si bien
Marianne Vic.
Un livre que l'on peut tous lire, qu'on soit passionné ou pas par la haute couture ou les personnes célèbres..C'est juste l'histoire d'une famille où les femmes ont été malmenées, qui ont eu honte parce que le poids des traditions ou des coutumes est trop présent pour qu'elles puissent assumer sur trois générations leurs viols.
C'est aussi des mères qui n'ont pas su aimer leurs enfants…surement dus à ce traumatisme vécu ?!
Ce que je retiens surtout, c'est que ces femmes ne savent pas aimer, car elles n'ont pas appris.
C'est terrible, mais à la fois criant de vérité.
Un livre poignant sur les origines et ses problématiques qui en découlent.
N'hésitez pas à découvrir ce témoignage émouvant et fort bien écrit.
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Comme souvent dans mes chroniques, j'aime recopier des textes ou passages qui me touchent ou m'interpellent. En voici plusieurs :
« Tu veux donc réparer ?
- Je voudrais que ça s'arrête. Essayer de comprendre les émotions qui ont crée ce chaos, l'imbrication des douleurs. Trouver d'où ça vient. Oui, réparer, les morts et ceux qui restent. »
« Les enfants capricieux ne sont pas des enfants gâtés, c'est l'inverse : tout leur est dû, car ils ont peu reçu. Ils ne recevront jamais assez. »
« Mais est-ce que c'est si grave que ça, un viol, pour une femme ? »
« Ceux qui se font brûler pensent-ils à ceux qui restent ? Je ne crois pas. Sauf pour les emmerder en les obligeant à assister à une cérémonie techniquement odieuse. le cercueil part dans un four à mille degrés ; « c'est la mise à la flamme ». ça met du temps à se désagréger, un corps : une heure et demie. Malgré le fond musical de circonstance – même Tannbäuser à plein tube -, on entend le crépitement du feu. Pire encore : le raclement de la pelle qui rassemble des cendres sur le métal.
Que reste-t-il du corps aimé ? de la poussière grise dans une urne, l'objet le plus encombrant du monde.
Il est admis que le temps du deuil s'étend sur dix-huit mois, la durée approximative de la décomposition d'un corps inhumé. Face au néant qui succède à l'incinération, le deuil est désincarné.
L'absence de traces encombre. Celui qui choisit la crémation ne veut pas en laisser, il coupe avec les aieux et sa descendance. Ma mère avait tranché dans le vif, entraînant ses parents dans son entreprise d'anéantissement.»
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