Tout s’est passé comme si Saint Exupéry avait rejoint le Petit Prince sur son astéroïde. Évaporé dans l’air, pulvérisé dans l’espace. Mais infiniment présent, comme il avait toujours voulu l’être, dès les premiers vols mythiques de l’Aéropostale quand, seul dans son avion précaire, il survolait la « terre des hommes » et qu’il avait l’impression puissante de la protéger de ses ailes d’avion, comme aurait fait un archange. Jamais alors il n’avait autant compris le sens de la foi chrétienne, cette incarnation invisible du sacré. Et en une fraction de seconde, il s’était abandonné à ce mystère, et tout était si simple, soudain, si léger, si facile. Sa mère, dans son profond désespoir, aidée toutefois de sa foi catholique, comprit bien ce parcours somme toute cohérent qui avait porté tout au long de son existence terrestre, son fils tant aimé.
Mais Sa faim de lumière était telle
Qu’il monta, pèlerin des étoiles
Pèlerin du ciel, est-il arrivé
Aux balises de Dieu ?
écrivit-elle dans un poème daté de Pâques 1945.
Au cours des années qui suivirent la guerre, les milieux influents réglèrent ainsi son compte à Saint Exupéry. Il paya ses prises de position politiques et son rejet du gaullisme pourtant constamment argumenté, ses critiques fondées sur les intellectuels parisiens qui transportèrent leur existence mondaine à Manhattan tout en donnant des leçons de résistance, son dégoût public d’une société à venir, fondée sur le matérialisme et l’argent, sa détresse face à la perte du spirituel. Pour ces raisons on le renvoya au siècle qui venait, croyait-on, de s’achever avec la dernière guerre : délibérément, il était de l’ancien monde, celui que Zweig avait rassemblé sous le terme de « monde d’hier ». Saint Exupéry était donc « d’hier » et non de ce lendemain de la guerre à bâtir et dans lequel tous ceux que Saint Exupéry avait désignés comme de « faux résistants » étaient devenus les acteurs.
On le voit à Tunis, à Sidi Bou-Saïd, à Alger, à Bastia et toujours porté par une véhémence spirituelle qui frappe ses interlocuteurs. Le général Chambe auquel il s’est longuement confié notamment par lettres, rapporte sa dernière entrevue avec lui dans une oasis tunisienne. Il y est encore question de la civilisation, il s’explique sur son désir profond, exigeant, impérieux de ne pas céder aux sirènes de la fausse modernité, préférant la civilisation de Du Bellay à celle du téléphone. Il s’avoue lui-même un de ces êtres qui ne trouve pas sa place dans tout ce que le « progrès imbécile » a « fabriqué ».
Alain Vircondelet vous présente son ouvrage "Et nos pleurs seront des chants" aux éditions Fayard.
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Note de musique : © mollat
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