Ce livre est essentiel, ou en tout cas son contenu est essentiel. Il y a un cruel manque dans les études en psychologie, en tout cas il n'y a pas si longtemps que ça... Le corps en général et la sexualité en particulier est le parent pauvre. Pour le dire simplement. Or, alors qu'elle pourrait être une magnifique source de plaisir, et un moyen de choix de communication entre humains, elle est le terreau de bien des souffrances et de malheurs personnels (et collectifs).
Pourtant, plus on en parle "mieux" on comprend, mieux on se comprend, mieux on peut agir, mieux on se supporte, mieux on se porte, mieux on se comporte... Et la vie change...
Le livre commence sur de longs éclairages et explications sur la théorie et la méthode, de cette clinique particulière
Les différentes lectures (comportementales...), l'analyse fonctionnelle, prescription de tâches... Des choses assez bien connues, par ailleurs, et bien exposées ici.
Le vaginisme, les dyspareunies, le trouble de l'érection, l'éjaculation prématurée, l'anéjaculation, le désir sexuel hypoactif et la dysfonction orgasmique chez la femme constituent la deuxième partie concernant les difficultés « normales », "banales".
Une dernière partie concerne l'hypersexualité et les paraphilies, et se termine sur la pédophilie et la pédosexualité.
Dans tous ces cas, le message est clair : il y a des traitements qui fonctionnent et qui peuvent redonner courage, envie et plaisir. La sexualité n'est pas finie, elle n'a même souvent qu'à peine commencé, et rien n'est figé. Hormis les réalités biologiques, physiques, les aspects fonctionnels et psychologiques sont largement traitables. Les symptômes peuvent être atténués. le développement de tout un tas de choses peut être réalisé et est réaliste.
Oser parler, décrire. Se mettre au travail. Car rien n'arrive sans rien. le travail musculaire du périnée est une base, qui se retrouve répétée à l'envi dans le livre, pour ne citer que ça.
Il y a des des aspects communicationnels, physiques, pratiques sur lesquels on peut jouer. Pour retrouver ou trouver enfin une sexualité plus épanouie.
Concernant les aspects pathologiques et leur abord par les thérapeutes, la dernière partie est plus qu'intéressante. Elle fait bien comprendre la différence entre pédophilie et psychopathie, elle explique que OUI il est possible de travailler avec ces personnes qui pour la plupart souffrent de leur état et OUI il est possible qu'elles évoluent. Mais ça demande beaucoup.
L'écriture est assez directe, simple, sans chichi, c'est un livre scientifique. Mais il n'est pas incompréhensible, pas besoin d'être un pro ou un spécialiste. Il s'adresse selon moi à toute personne qui sait lire et qui veut apprendre un peu, beaucoup sur cette thématique tout à fait marginalisée dans les études psychologiques et dans la vie de tout les jours. Notez que la sexualité est présente dans la vie, partout, beaucoup, mais plutôt mal, mal présentée avec toutes des conséquences néfastes.
Informez-vous, lisez des choses « sérieuses », ce livre en faisant partie, il y a de l'espoir et de la beauté, et du plaisir. C'est possible. La sexualité (et le corps) est fondamentale - le dire et le redire - présente ou absente, on ne peut pas la négliger. Il faut lui redonner une vraie place, bien plus large et moins centrée que ce dans quoi elle est restreinte beaucoup trop souvent, et au contraire lui redonner une des plus belles.
A noter que le livre est très bien construit, bibliographie présente, et un index permettant de rapidement trouver le petit point qui vous chatouille. Bien joué, bien édité : Elsevier Masson.
Commenter  J’apprécie         20
Certains individus éprouvent de l'attraction sexuelle pour les gros, les grands ou les bruns, d'autres pour les minces, les petits ou les blonds. Il y en a qui sont excités par des personnes très âgées et d'autres par des personnes très jeunes Nous ne choisissons pas nos goûts et dégoûts sexuels. Mais nous choisissons de passer à l'acte ou pas. Toutefois, le sexothérapeute qui travaille avec des patients PS doit donc se garder de toute forme d'angélisme. Les patients pédosexuels non psychopathes ne sont pas des monstres, mais ce ne sont pas des enfants de choeur non plus. Il convient de régulièrement se remémorer (pour soi-même et le patient) les limites de la loi.
Il est souvent difficile de traiter avec empathie des patients qui avouent une attirance sexuelle pour les enfants. Toutefois, si l'on s'en tient aux personnalités non psychopathiques, on constate que la majorité d'entre eux n'ont jamais eu l'intention de blesser les enfants Ces patients sont généralement très malheureux de vivre une telle attirance. Dans ce contexte, il est possible de les aider à évoluer dans leur fonctionnement sexuel. Idéalement, le traitement doit s'appuyer autant sur la diminution des fantasmes et des comportements pédophiliques que sur le développement d'une sexualité adulte fonctionnelle. La part de la thérapie réservée à l'éducation sexuelle et au développement des capacités de séduction adulte devrait être essentielle. Les méthodes psychologiques classiques offrent peu de résultats pour traiter la pédosexualité. Toutefois, comme pour les paraphilies, les nouvelles pistes offertes par la STCC avec des approches nouvelles telles que l'EMDR [...] semblent prometteuses. Des résultats cliniques encourageants existent. Ils doivent encore être confirmés par la recherche.
... de Shazer (1994) préconise un protocole intéressant à utiliser pour la prescription des tâches, qu'il appelle un "prêté pour un rendu", en créant juste ce qu'il faut de différence nécessaire dans la prescription. Cela permet vraiment une très bonne coopération avec le client. En réponse à la tâche propose par le thérapeute, si la réponse du client à la tâche est parfaitement réalisée, on poursuivra par tâches indirectes ou modifiables. SI la réponse du client à la tâche est le contraire, les tâches suivantes comporteront la possibilité de faire le contraire. Si la réponse du client à la tâche est vague, nous donnerons des tâches aussi vagues que possible ou peut-être des métaphores. S'il y a une absence de réponse, nous ne donnerons que des tâches facultatives. Pour cet auteur, si une tâche n'est pas bien faite ou pas faite du tout, c'est que le thérapeute l'a soit mal présentée ou mal ciblée, soit pas dite au bon moment (souvent trop tôt) ; sinon, elle est effectuée.
Si le thérapeute est lui-même convaincu qu'on ne peut modifier son attirance sexuelle profonde, il y a peur de chance que le patient y croie. On se retrouve alors dans la situation où le pédophile se persuade qu'il sera toujours pédophile et que, dans le meilleur des cas, il deviendra simplement un pédophile abstinent. Comme pour l'ensemble des paraphilies, nous pensons que le dogme de l'invariabilité des attirances sexuelles n'est pas ondé. En effet, chez le sujet sain, les attirances sexuelles varient parfois considérablement au cours de la vie. Si certaines préférences sexuelles restent effectivement inchangées tout au long de la vie, beaucoup d'autres évoluent de manière parfois radicale au cours de l'existence d'un être humain. Il est donc intéressant de chercher à comprendre avec le patient pédophile pourquoi il reste "bloqué" à cette préférence infantile.
On sait qu'il existe une certaine influence génétique qui favorise d'autres comportements comportements sexuelles minoritaires, tels l'homosexualité ou le transsexualisme. Toutefois, dans ce domaine, la génétique n'est jamais déterministe. Il s'agit, tout au plus, d'une forme de "prédisposition" ou de"fragilité" vis-à-vis de certains aspects de la sexualité ou de la compulsion. Si pratiquement tout le monde goûte un jour à l'alcool, seule une minorité des hommes devient alcoolique. Par comparaison, nous sommes tous et toutes confrontés à des tentations sexuelles diverses, nous avons tous parfois des envies sexuelles inhabituelles ou des pensées érotiques occasionnellement envahissantes ou dérangeantes. Et pourtant, l'immense majorité d'entre nous ne sombre pas dans la souffrance occasionnée par l'hypersexualité et/ou la paraphilie.