pbShango - Diana Evans - Babelio
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EAN : 9782221114704
432 pages
Robert Laffont (02/05/2013)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Lucas, vingt-cinq ans, vit sur une péniche déglinguée à Londres. Mais la péniche, symbole d’aventure, n’a jamais largué les amarres et Lucas passe ses journées à fumer des joints et à écouter Scarface en boucle. Désœuvré, mal dans sa peau, il finit par comprendre que, pour faire quelque chose de sa vie, il doit chercher à connaître celle de ses parents. Sa mère, la magnifique Carla, est morte quand il était très jeune. D’Antoney, son père, il sait seulement que c’ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Londres, fin des années 90 : Lucas vit sur une péniche avec sa soeur, et une armoire pleine de questions sans réponse. Plus de parents mais des photos, les souvenirs de grand-mères et de petits enfants qui dessinent l'ombre d'un père envolé. Lucas cherche à comprendre ce père, ce danseur que l'on dit noyé. Londres, fin des années 60 : La compagnie afro-caribéenne Midnight Ballet connaît la gloire avant de s'effondrer. À sa tête, Anthoney, intransigeant et surdoué, qui veut danser sans s'alourdir de compromis. Qui aime Carla, aime ses enfants, tout en rêvant de sauter plus loin que Nijinski. Deux générations et une question simple : peut-on avancer quand on ne sait pas d'où l'on vient?

J'ai cru comprendre qu'avant d'écrire, l'auteur était danseuse. de fait, le roman fait montre d'une connaissance intime de la danse, sans en faire des tonnes non plus, sans livrer le pavé indigeste de qui souhaite d'abord transmettre sa passion. Evans s'intéresse à la fluidité des échanges, aux heurts, aux mouvements des uns et des autres, bref, à cette sorte d'osmose qui fonde la compagnie de danse – et dont la disparition causera d'ailleurs la perte. Cela ne me touche absolument pas, mais je le regretterais presque.

Au-delà de la danse qui sert somme toute de motif plutôt que de moteur, le roman suit en parallèle, entremêlés, les parcours du père et du fils, version miroir inversé. Autant Anthoney est habité par la danse au point d'exclure toute perturbation, autant Lucas n'a pas de but, pas d'envie, pas d'autre question, au fond, que de savoir qui était son père. Il espère que savoir d'où il vient lui permettra de savoir où il va. Classique. Méthode Coué, un peu. À vingt-cinq ans d'écart, donc, Lucas et Anthoney se répondent. le fils aussi cramponné au quai de Ladbroke Grove que son père avait des semelles de vent. Dans ce roman, les femmes sont des amarres, pour le pire et le meilleur, le pire dirait Anthoney. Lucas ne dit pas grand-chose, à vrai dire. le fait est que les personnages féminins ne sont pas particulièrement exaltants, entre la narcissique Simone, la trop douce Carla vite enfermée dans son rôle de compagne, et ces mères/soeurs terribles qui gardent les portes, ouvertes ou fermées. Shango montre des femmes fortes et des hommes faibles. Les personnages masculins sont certes plus vifs, mieux mouvants, à défaut d'être plus aimables. Parce qu'il est en quête de réponse et de sens, Lucas n'a pas d'identité propre, ne se définit que par une sorte de paresse, d'inertie au propre comme au figuré. Sympathique, sans plus. Anthoney est d'une autre trempe et tout le talent que lui prête l'auteur, toute son implication dans le Midnight Ballet, ne parviennent pas à en faire un personnage aimable. le talent seul rend égoïste, le destin, infréquentable. C'est ce que semble dire la trajectoire d'Anthoney, qui place l'art avant toute chose et se condamne à rester solitaire. On comprend confusément que c'est le désir de réussir un peu là où son propre père a beaucoup échoué qui pousse le jeune homme à accepter l'amour de Carla, les enfants qu'elle lui donne. Pas une réelle envie. Je suppose qu'il y a comme une maxime : créer est un acte de solitude, qui ne se partage pas, reste opaque à autrui. Anthoney fait le choix de son art, Carla celui de son amour. Reste à voir qui s'en sort le mieux…

Savoir d'où l'on vient, disais-je. Débarqué de Jamaïque dans les années 50, Anthoney reste lié aux Caraïbes, à la façon de danser que cette terre-là lui a apprise. Il tombe en pleines Swinging Sixties, quand une sorte de conscience noire s'épand, entre ceux qui se souviennent des côtes d'Afrique et ceux qui se sentent anglais avant tout. Shango raconte aussi en filigrane ces début du métissage, timide, où chacun reste encore sur son quant à soi, tout en restant à l'écart des conflits ouverts. Il ne s'agit pas d'un roman politique, mais cela importe quand même car l'auteur soigne tout particulièrement son cadre. Comme elle connaît la danse, elle connaît Londres, et Portobello, cette petite Caraïbe dans le fog. Des îles ou de l'Afrique, elle apporte aussi une touche de réalisme magique.
Cela m'a rendu perplexe, je dois dire, car je n'en vois pas vraiment l'intérêt. Ce qui se veut une touche, donc, m'apparaît comme un mouvement non abouti, un souvenir vague. Elle fait par exemple entrer en scène les dieux Yoruba (d'où le titre), dont les rituels inspirent les chorégraphies d'Anthoney. Outre le fait que décrire un mouvement de danse m'a toujours semblé ardu et peu concluant, j'ai eu l'impression que Shango, dieu de la foudre, n'était qu'une métaphore commode. J'ai peut-être mal compris.

Roman de la nostalgie, roman des conflits internes, le ton est doux amer, relativement dépourvu d'humour comme de saillie brusque. Tout coule, en mal comme en bien. Il se dégage une forme de lenteur – langueur, une allure molle. J'ai personnellement été gênée par l'aspect « couru d'avance » du déroulé. On se doute comment va finir l'histoire d'Anthoney et Carla, et pas simplement parce qu'elle commence par la fin, pour ainsi dire. Comme souvent, la relation amoureuse est la pierre d'achoppement de l'intrigue, et on sent l'auteur prise en deux feux : éviter les clichés et les passages attendus tout en démontrant que cette relation est impossible. Malheureusement, clichés il y a et ils viennent s'ajouter à l'impression de douceur-lenteur du récit, dont on finit par se dire qu'il traîne un peu en longueur. On devine l'issue, elle ne déçoit pas. L'ensemble tient debout et réserve quelques jolies pistes, mais je ne suis pas certaine que cela suffise à faire un monument.
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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Les premières pages de ce roman ont failli me faire fuir. Et puis ce Lucas a fini par m'intéresser, m'interpeller, j'ai même fini par m'attacher vraiment au personnage, et à sa quête. Avec Lucas, on entre dans le monde de la danse, de la vie marginale, de la discrimination raciale, de la recherche du passé. Et c'est finalement un récit puissant et magnifique que nous offre Diana Evans.
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Un beau livre, une merveille comme dit son titre anglais "The Wonder" ...

Un roman puissant qui parle de la danse, de l'identité et de l'absence. Une merveille à lire, un voyage à travers les décennies et les continents.
La danse est le moteur qui fait avancer l'histoire mais si la danse est un sujet qui ne vous intéresse pas, ne soyez pas rebuter. C'est surtout une histoire de gens ordinaires, qui s'expriment à travers leur art, une histoire d'hommes et de leurs faiblesses, de leur besoin de savoir d'où ils viennent pour savoir où aller, de leur créativité, de leur passion. Une passion qui les accable au détriment de leurs relations avec femmes et enfants.
Les mots aussi dansent ... Evans les fait danser, virevolter, planer dans un texte qui change vite et souvent de rythme, où les histoires s'entrelacent et les humeurs sautent beaucoup.
A wonder!
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J'ai lu ce livre à l'occasion de Masse critique et n'en suis vraiment pas décue.
On y fait la rencontre de Lucas un jeune homme qui cherche un but à sa vie et une identité. Il vit avec sa soeur Denise sur une péniche.
Pour pouvoir avancer dans la vie, Lucas va se plonger sur la vie de son père Antoney et de sa mère Carla. Ces deux là se sont rencontrés en faisant de la danse. On assiste à tout le déroulement de leur vie, depuis l'enfance d'Antoney jusqu'à sa séparation d'avec Carla en passant la naissance de Lucas et de Denise.
C'est au fur et à mesure de ces découvertes que Lucas grandit et apprend à regarder autour de lui pour savourer la vie qui l'entoure.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui est très bien écrit et vraiment facile à lire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Je ne peux plus retenir l'homme. il y a longtemps que je le vois marcher vers moi, mais il s'arrête sans cesse parce qu'il voit des choses distrayantes en route.
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Deux ans avant Katherine, Antoney rêva qu'il volait. Ce n'était sans doute qu'un de ces rêves ordinaires où l'on se retrouve soudain, sans explication, en suspension dans les airs. Pourtant, ce qui distingua ce rêve des autres, ce fut la réaction du rêveur. Il ne se réveilla pas simplement le lendemain pour commencer une journée comme les autres. Non, il n'arrivait pas à oublier son rêve, ni ce qu'il avait ressenti.
C'était facile! Il n'avait pas besoin d'ailes. Il se trouvait là, dans le monde distordu des songes dans le salon de leur petite maison au fronton mandarine à Annotto Bay, St Mary, au fin fond de la Jamaïque.
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Son doigt posé sur le bouton, il se demanda si on éprouvait la meme sensation au moment d'appuyer sur le détonateur d'une bombe.
Il entendit d'abord le chuintement typique des vieilles bandes. Un intérieur tranquille, anonyme, sans bruit de fond -le bureau de Riley peut etre. Et soudain une voix. Lucas baissa aussitot le son, si bien qu'il ne pouvait presque plus l'entendre, puis il le remonta peu à peu tandis que son courage s'affermissait.
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