AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070135806
128 pages
Gallimard (30/01/2014)
3.62/5   12 notes
Résumé :
«Au commencement, une simple requête maternelle. Celle que Cora fait à sa fille, Makina : elle doit partir à la recherche de son frère, de l'autre côté de la frontière, afin de lui transmettre un message. Voilà une mission que la jeune femme est la seule à pouvoir assumer. Mais pourquoi?
La réponse est au bout du voyage, un périple qui s'effectuera en neuf étapes aussi actuelles qu'immémoriales. Franchir un fleuve avec un pneu pour radeau, transporter des paq... >Voir plus
Que lire après Signes qui précéderont la fin du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Makina, une jeune mexicaine, est chargee par sa mere de partir chercher son frere de l'autre cote de la frontiere et de lui transmettre un message.
Pour cela elle recoit l'aide de trois chefs de gangs, monsieur Doubleve pour la traversee, monsieur Hache pour pouvoir retrouver son frere, monsieur Q (devinez pourquoi ce nom n'est pas epele) pour l'aider a revenir. Une fois de l'autre cote, chez les “Gavaches”, elle aura droit a l'aide d'un quatrieme, monsieur Pe, et de celle de nombreux subalternes.

C'est donc une histoire d'emigration clandestine et de toutes ses difficultes et ses deboires? Oui, mais racontee par Herrera, l'affabulateur, le debiteur de fables, le vehiculeur de mythes. le periple de Makina est articule en neuf chapitres, dont les titres sont ceux des neuf passages, ou niveaux, que doivent parcourir les defunts pour se liberer completement de leur energie vitale et atteindre l'inframonde, selon le mythe azteque de Mictla: le passage de l'eau, la montagne d'obsidienne, le lieu ou flottent les etendards, le lieu ou l'on mange le coeur des gens, etc.

Mais qu'a a voir Makina, l'heroine, avec ce mythe? Elle n'est pourtant pas morte? C'est une femme forte, pleine de recours, respirant la sante. C'est alors vu comme mythe de passage de contree en contree? Mais Makina veut revenir dans sa petite ville perdue une fois qu'elle aura transmis le message a son frere. Elle ne veut pas rester en Gavachie, comme elle nomme les USA. C'est peut-etre du changement qui va s'operer en elle qu'il s'agit?

Beaucoup de questions, beaucoup trop, et moi je n'ai comme reponse que ce peut etre la reponse a l'une, ou a l'autre, ou a toutes ensemble. le passage physique, ou le mental, ou meme la mort, une certaine forme de mort.

La mort, vu que le livre commence quand Makina risque de s'engouffrer dans un trou qui s'est creuse au milieu de la chaussee et se dit: “Je suis morte”, et se termine quand on lui donne de nouveaux papiers et une nouvelle identite et elle balbutie: “On m'a depouillee”, pour finalement accepter, s'accepter, et se dire: “Je suis prete puisque toutes les choses du monde sont desormais silencieuses”.

Le passage physique, parce qu'on l'a fait passer au pays des ganaches et elle a vu a quoi il ressemble, combien different est-il de sa petite ville et comment y vivent ses compatriotes qui s'y sont installes.

Le passage mental parce qu'apres tout ce qu'elle a vu, qu'elle a compris que son frere a change et qu'elle ne le ramenera plus a sa mere, il est possible qu'elle aussi ait decide de rester. La fin est ouverte: elle recoit de nouveaux papiers mais on ne sait pas si c'est pour pouvoir rester sur place ou pour pouvoir revenir legalement.

Le voyage de Makina doit etre, selon le mythe, un periple vers le monde souterrain, “el inframundo”. Mais est-ce un voyage reel pour decouvrir le monde du travail clandestin, souterrain, de ceux qui ont passe la frontiere? Est-ce la transformation identitaire de Makina, sa mue, laissant derriere elle son ancienne peau? Est-ce l'abandon de l'objectif premier du voyage, pour se laisser glisser vers quelque chose de nouveau? C'est bien ce que le mythe requerait, l'oubli de toute la vie anterieure pour arriver au but: une autre vie, completement differente, dans l'inframonde, dans un monde inconnu.


Je finis le livre m'avouant que malgre la belle prose de Herrera, toute cette mythification est un peu exageree. J'aurais prefere plus de retenue. de plus, il en rajoute, avec des allusions a Alice au pays des merveilles (dans une des maisons ou elle entre, apres avoir descendu un escalier en colimacon, elle se trouve devant une porte avec l'inscription: va-t'en), et au poete Cavafis (a un policier qui les arrete, elle et d'autres clandestins, elle tend un billet ou elle a ecrit: “Nous sommes responsables de cette destruction, nous qui ne parlons pas votre langue et ne savons pas nous taire […]
Nous, dont personne ne sait ce que nous attendons […] Nous, les barbares”).

Bref, j'ai trouve que l'auteur s'est laisse emporter par sa plume. J'ai beaucoup moins aime que Les travaux du royaume. Mais bon, c'est un texte si court…il ne donne pas le temps de lasser.
Commenter  J’apprécie          612
La littérature latino-américaine est pleine de surprises, animée par une nouvelle génération d'auteurs inventifs et extravagants qui n'hésitent pas à utiliser à contre-courant les codes littéraires pour mettre en lumière le reflet d'une époque. Yuri Herrera est de ceux-là. Auteur mexicain, il s'intéresse dans ce roman à l'un des maux qui agitent ses compatriotes : l'immigration clandestine aux Etats-Unis.


Nul texte existentiel enfoui ici, encore moins d'angoisse douloureuse et envahissante là, mais une succession de péripéties rocambolesques dans le parcours d'une jeune fille, Makina, missionnée par sa mère pour transmettre un message à son frère parti de l'autre côté.
L'autre côté c'est le Grand Chilango, pays des Gavaches, que l'on rejoint en traversant la rivière sur des pneumatiques ou autres embarcations de fortune. Des noms purement fictifs pour un auteur qui a choisi d'emprunter le chemin du conte car quoi de mieux que de recourir à un style faussement détaché pour appréhender une réalité bien sombre et procurer au lecteur la sensation d'une leçon universelle à retenir.
Fidèle à la structure de la fable, Yuri Herrera impose dés lors un récit au rythme mené tambour battant balayant toute nuance dans les faits et la conscience de Makina confrontée à une série d'épreuves dans sa quête. La jeune fille volontaire et faussement naïve rencontre toute une série de personnages parfois sans nom mais aux traits saillants permettant de reconnaître immédiatement les passeurs, les malfrats, les naufragés de la vie…des personnages qui seront tantôt des obstacles tantôt des aides providentielles et qui bouleverseront durablement la conscience de la jeune fille.


Structure sans réelle surprise donc, et pourtant on accepte de croire sans sourciller à la tournure quelque peu merveilleuse des évènements face à l'hostilité du quotidien. On ne peut rester insensible à la détermination de Makina qui apparaît comme une lueur traversant le noir de la vie, ni à son regard sur ses compagnons d'infortune et celui qu'ils lui renvoient. Un monde d'invisibles qui peuplent les cuisines des hôtels, les arrière-cours des ateliers, pour qui se pose la question de l'abandon de l'identité et du monde connu jusqu'à présent.
C'est aussi ça l'intérêt du conte, raconter une histoire universelle : celle du dénuement, de l'incertitude, la solitude, la sensation d'être étranger au monde et de l'apprivoiser lentement par fragments pour ces migrants au regard craintif face au dédain.
Pour certains, Signes qui précéderont la fin du monde peut apparaître superficiel et léger, mais il mérite d'être lu au moins pour le texte rédigé de la main de Makina d'une sincérité et d'une beauté désarmantes.

Commenter  J’apprécie          245
Le premier roman de Yuri Herrera, Les travaux du royaume, évoquait le monde des narcos. Signes qui précéderont la fin du monde aborde celui de l'immigration clandestine, le passage de l'autre côté de la frontière. L'auteur mexicain use de la même forme, l'allégorie, ou, si l'on préfère, la fable, qui lui permet d'imaginer des péripéties plus ou moins réalistes mais qui, sous l'encre sympathique, révèlent des situations tragiques. le personnage principal du livre, Makina, doit affronter un certain nombre d'épreuves pour mener à bien sa mission, comme un héros de la mythologie. le roman est riche de références, notamment à Mitclan, lieu des morts chez les aztèques, mais ce symbolisme très fort a aussi pour conséquence d'alourdir la lecture finissant par cannibaliser l'histoire en tant que telle dont il faut sans cesse interpréter les passages codés. de ce point de vue, Signes qui précéderont la fin du monde impressionne moins que Les travaux du royaume. Sans doute parce que le style et les procédés narratifs de Herrera sont désormais connus et n'ont plus la fraicheur d'une première fois.
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Des baluchons. Qu’emportent avec eux les gens dont la vie, de ce côté, s’achève ? Makina voyait leurs baluchons obstrués par le temps. Des porte-bonheur, des lettres, parfois un violon pour jouer un air entraînant, une harpe pour faire la fête. Des blousons. Ceux qui s’en allaient prenaient avec eux des blousons car on leur avait dit que là-bas tout n’était que glace, même si le voyage foisonnait de déserts. Ils glissaient le peu d’argent qu’ils avaient dans leurs caleçons et un couteau dans leur poche arrière. Des photos, des photos et encore des photos. Ils emportaient les photos avec eux comme s’il s’agissait d’une promesse mais, quand ils revenaient au pays, ils les avaient déjà perdues.
Commenter  J’apprécie          50
La ville est un agencement nerveux de particules de ciment et de peinture jaune. Les panneaux d’interdiction fourmillaient dans les rues, incitant les gens du pays à se sentir toujours protégés, sûrs d’eux.
Commenter  J’apprécie          60
La culpabilité fait de la réalité un serrement de cœur à heure fixe.
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : littérature mexicaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (30) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}