Migrations
Les bernaches sont parties vers la péninsule de
Taïmyr en Sibérie.
Sont arrivées les hirondelles de mer qui volent
comme ivres de lumière,
Virevoltent dans les rayons du soir, leurs ailes
serrées battant à toute allure.
Sont arrivés les courlis au long bec recourbé
dans le printemps froid.
De la grêle, du tonnerre, des éclairs, ce matin.
La cour est recouverte de grêlons. Les champs
sont blancs de la grêle
Tombée.
La cour est blanche. Les statues, petites présences
sous la grêle,
Vaillantes, ne bougent pas.
Hier tu as planté un jeune érable du Japon entre
deux pommiers en fleurs.
Ses fines feuilles teintées de rouge ont tenu le
choc sous la grêle.
Tout redevient calme. Ça roucoule à nouveau
sous les feuilles.
Une centaine de lapins gambadent ce soir dans
les dunes,
Déboulent à toute allure entre les oyats se croyant
seuls.
(Ils bravent) « Mais nous bravons les éléments
depuis si longtemps ! »
Avant de s’enfoncer dans les sables blancs et or.
« Nous rentrons dans les brumes, nous disparaissons
Nous rentrons à travers la pluie dans nos grands
cirés verts
Fin janvier nous arpentons les terres inondées
La haie de thuyas que nous avons plantée ne
pousse pas .
Le toit en éverite imbibé de pluie est presque noir .
Les oiseaux s’égosillent déjà sentant le printemps
venir .
De grandes flaques d’eau gisent à nos pieds où nos
pensées
Se reflètent , se mirent. Notre œil est happé par
L’écume et pleure . »
Extrait du poème « Blizzard. »
Où sont les oiseaux de mon enfance ?
Où sont les oiseaux de mon enfance ?
Les merles, les grives, les roitelets, les rouges-gorges, les mésanges
à tête noire ?
Les vergers en fleurs, les rivières, les ponts de pierre,
Les eaux ombrageuses sous les nuages ?
Toutes ces maisons désertes alignées sur la dune qui était
autrefois nue.
Villas vides au-dessus de la plage des goémons noirs.
Les goélands, sept cygnes dans le courant,
Et les corbeaux tiennent dans leur bec une dernière graine
précieuse
Avant l’hiver.
Sur la voie abrupte
Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas.
Il s’éloigne. L’air se raréfie et bientôt tu étouffes, tu cries.
Le monde ne t’est pas donné. tu veux le conquérir.
La vie, la vie merveilleuse coule au loin là-bas dans la vallée.
La vie miroitante, la vie éclatante, la vie qui s’en va loin de toi.
Le monde devient désert.
Au loin les toits
Au loin les toits gris et verts
Deux buildings dans le ciel pollué comme si tout était désert.
Seulement quelques voitures qui passent entre deux immeubles
Et le pépiement d’oiseaux invisibles, chants de l’âme ?
Qui annoncent le printemps déjà.
Douceur et tristesse.
J’entends des clés qui tombent dans le couloir.
On les ramasse, une porte s’ouvre.
Des voix, des pas d’enfants qui courent.