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EAN : 9782383612759
144 pages
Globe (11/01/2024)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Après cinq ans d'emprisonnement, Karen retrouve les rues bondées et bruyantes de Bogota. Alors qu'elle peine à se réapproprier son corps et à se réinsérer dans la société, elle est aidée par Sacha, un poète qui anime des ateliers d'écriture en prison. A mesure qu'une intimité se tisse entre eux, la jeune femme revient sur sa courte existence, marquée par un viol et un avortement contraint.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Court mais percutant !
En sortant de prison, Karen a contacté Sacha. Pourquoi lui ? Elle ne sait pas vraiment l'expliquer. Il avait animé des ateliers d'écriture lorsqu'elle était emprisonnée et un lien ténu, mais un lien quand même, s'était tissé entre eux. Est-ce pour ça qu'il lui avait laissé son numéro de téléphone, pour poursuivre éventuellement les séances ? Ou plutôt pour qu'elle ait quelqu'un à qui se raccrocher une fois dehors ?
Toujours est-il qu'elle envoie un sms et qu'il lui répond. Elle débarque chez lui pour partager une soupe. Et ce ne sera pas seulement un repas, elle va au fils des rencontres et des jours, vider son sac, petit à petit, par balbutiements, par bribes, car ça lui fait mal de revenir sur son histoire. Elle a une trentaine d'années mais c'est comme si elle avait vécu vingt vies.
C'est un long monologue qui nous est présenté mais il n'a rien de soporifique, bien au contraire. L'auteur a une plume sure, sensible, très juste dans le propos. Il a fait de nombreux séjours en Amérique du Sud, a vécu à Bogota où se déroule ce livre. Qu'a-t-il observé, vu ?
Il décrit le cheminement de Karen, les routes qu'elle a prises suite à de terribles concours de circonstances. Les choix qu'elle a faits, ceux qu'elle a subis car il ne pouvait pas en être autrement. Ses espoirs, ses peurs, ses désillusions. Son envie de vivre, d'avancer, de s'en sortir malgré les difficultés, les obstacles. Elle s'est fourvoyée, Karen, elle n'a pas toujours fréquenté les bonnes personnes mais sa volonté lui a permis de continuer même face à l'injustice. Les FARC, les paramilitaires, la violence de la guérilla, les rapports sexuels forcés, l'avortement, elle a tout connu dans des conditions exécrables, à la limite invivables. Elle a dû mentir pour survivre. Comment s'en sortir avec de tels traumatismes comme bagages ?
L'auteur a su se glisser dans la peau d'une femme, il lui prête sa voix et porte sa parole à travers ses mots, ses phrases, dans un style puissant, porteur de sens, bouleversant. Il nous montre comment la prison peut transformer en bien ou en mal. Il évoque les médias en Colombie qui ne s'intéressent aux geôles que lorsqu'il y a des mutineries ou des morts.
Cette lecture a été pour moi une claque. Stéphane Chaumet a su me transmettre des émotions très fortes à travers le parcours chaotique d'une femme attachante malgré ses erreurs. Qui n'en fait pas ? Qui pourrait se permettre de la juger ? Même la justice s'est trompée….
Ce roman est un cri.
Celui d'une femme qui hurle sa détresse, sa honte quelques fois, son besoin viscéral de vivre malgré tout. Comme si en se confiant elle expulsait tout ce qui l'a détruit pour se reconstruire enfin.
Celui presque muet de Sacha, qui écoute, accompagne, guide en toute discrétion, acceptant les sautes d'humeur, les revers de Karen lorsque l'émotion la submerge et qu'elle n'arrive plus à communiquer.
Celui silencieux du lecteur, de la lectrice, le ventre noué, les larmes au bord des cils qui espère des jours meilleurs pour cette femme….

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Un roman percutant qui raconte l'histoire d'une jeune colombienne au parcours chaotique, entre vie au sein des paramilitaires d'extrême droite, puis dans la jungle avec la guérilla des Farc, pour finir en prison. Des lieux qui ont pour point commun une extrême violence et les traitements dégradants. L'auteur, qui vit en Colombie, livre un récit brut, sans concessions, sur un sujet très peu traité en fiction (à ma connaissance). J'ai trouvé cette plongée dans une Colombie, où règne la violence et la guerre civile, et où les femmes sont les premières victimes, très intéressante et très forte. Mon seul bémol est que j'ai trouvé le roman trop court, j'aurais aimé que les passages sur la vie de Karen chez les paramilitaires et chez les Farc soit plus développés et plus explorés.
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Aujourd'hui je vais évoquer Sur les chemins perdus récit romanesque percutant de Stéphane Chaumet. L'auteur est traducteur d'espagnol et avec ce texte il offre une plongée dans la Colombie contemporaine à travers le portrait sans concession de sa jeune héroïne Karen.
Sur les chemins perdus est un témoignage, un récit rythmé, violent et vrai, une longue confession avec des paragraphes qui s'enchainent sans pause. C'est une sorte de logorrhée où Karen raconte à Sacha sa vie, ses expériences, ses engagements, ses peines et ses douleurs, sa résilience. Cela commence ainsi : « pourquoi c'est lui que j'ai appelé en sortant de prison ? Je n'en sais rien. Ou peut-être qu'à regarder mon téléphone, je n'avais personne d'autre à joindre. » Sacha est un poète, intervenant en prison pour animer des ateliers d'écriture et contribuer à apporter un peu de culture à celles et ceux qui sont enfermés. Karen l'a rencontré lors d'une de ces séances et a noté son téléphone. Une fois sa peine purgée, celle qui est originaire de la région de Medellín se retrouve seule à Bogota et le contacte. Elle va chez lui pour manger une soupe et se livre sans retenue, cette narration, cette verbalisation appert comment une thérapie. Après la soirée inaugurale elle veut rentrer en taxi chez elle (modeste studio miteux) mais prend peur et remonte chez Sacha. Cet homme attentionné est rassurant il permet à Karen de reconstruire une nouvelle image des hommes dont elle a été victime depuis son enfance. En effet, elle a subi notamment inceste et viol. Réfugiée chez sa tante pour fuir l'atmosphère familiale délétère elle est victime d'agression sexuelle de la part de son cousin, le fils de la tante qui l'hébergeait. Cet épisode est le début de cette vie abimée et meurtrie. La provinciale colombienne est sous l'emprise de la domination masculine, cantonnée à des tâches ancillaires. Elle fuit et s'embrigade chez les paramilitaires. Elle a suivi un garçon mais n'a pas de réelles convictions politiques. D'ailleurs quelques mois plus tard elle change de camp et rejoint les FARC. Là encore les mauvaises rencontres se succèdent comme si Karen était maudite et condamnée à souffrir. Elle est la protégée d'un chef, mais cela n'est que superficiel, ni amour ni réel sentiment. Enceinte, elle est contrainte à avorter et à fuir à nouveau. Elle est dénoncée et repérée par la police. Arrêtée puis incarcérée elle connait les geôles et leurs humiliations. Elle noue une relation amoureuse ponctuelle avec Catalina qui lui insuffle un désir de vivre et l'espoir d'une existence meilleure. A la fin de son récit apocalyptique, une sorte de rédemption se fait jour et le lecteur espère que la trentenaire va se reconstruire et s'épanouir.
Sur les chemins perdus est l'histoire de fuites successives pour échapper au destin et à la domination masculine. Karen est un personnage fragile et touchant. L'auteur incarne parfaitement cette jeune femme et trouve les mots justes pour lui donner la parole. Sans pathos et avec vérité il dénonce les actes dont elle a été victimes en raison de sa condition de femme dominée.
Voilà, je vous ai donc parlé de Sur les chemins perdus de Stéphane Chaumet paru aux éditions Globe.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Quand on perd pied, les contours de la vie deviennent flous, ils sont obstrués par les méandres.
Quand Karen connait l'innommable, elle doit fuir, loin.
Quand Karen fuit loin, elle est là aussi assaillie.
Alors si fuir géographiquement ne suffit pas, il faut s'embourber dans d'autres choses.
Cette autre chose c'est d'abord les paramilitaires puis les Farc, le grand écart.
 
Bogota bouillonne, brûle. Tout comme la plume ardente de Stéphane Chaumet qui donne la parole à Karen.
Après des années d'emprisonnement elle se livre de manière brutale, avec des mots coups de poing.
Elle narre sa vie en prison, l'avant, l'après. Comment se reconstruire après 30 années balbutiantes.
L'amour peut-il sauver l'âme écorchée vif ?
 
Il faut vouloir vivre, beaucoup, pour se relever et Karen a cette fougue en elle.
Elle mord, elle se bat.
Elle a rencontré Sacha en prison, lors d'un groupe d'écriture. Ce sera la première personne quelle contacte en sortant de prison.
Si lui écrit, elle, elle essaie de parler, pour s'exprimer, dire.
« Pourquoi tout est toujours si compliqué dès qu'on veut se mettre à raconter ? »
 
Karen tente de saisir les mains tendues, son chemin est quand même parsemé de bonnes rencontres.
Ses mécanismes de défenses face à l'injustice peinent à se briser mais l'apaisement n'est pas bien loin.
 
Livre qui écorche, uppercut !
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Après être sortie de prison où elle a survécu 5 ans, Karen se confie à Sacha, cet homme qui menait un atelier d'écriture en prison, puis à Luz et, à travers son histoire personnelle, elle raconte un pays, la Colombie, à Bogotà, où elle tente de reprendre une vie normale. Elle parle aussi à Catalina avec qui elle a partagé une cellule.
Son passé est marqué de violences, viols, c'est une ex-guérillera, mais a-t-elle eu le choix ?
Ce récit est court mais cela suffit à entrevoir cette vie et en sentir toutes les difficultés rencontrées au nom d'idéologies politiques, de trafics en tout genre. Une existence marquée au fer rouge et cependant, l'envie de s'en sortir est omniprésente.
Son histoire est assez fascinante et il est presque difficile de croire à toutes les horreurs par lesquelles elle est passée. Cependant, Karen est entière et transmet un espoir, un peu naïve au début, puis elle sent les situations, s'aguerrit et, elle a cette intuition ou cette méfiance, ce sens de vouloir s'en sortir.
Et en libérant la parole, elle va pouvoir se reconstruire.
Cela ne donne pas envie de voyager en Colombie (trop dangeureux...) où les femmes sont encore plus maltraitées qu'ailleurs.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La nuit en prison, ça n'est jamais vraiment silencieux, la seule chose que tu ne puisses pas acheter c'est le silence, alors tu te demandes parfois : qu'est-ce que je vais faire de ma vie après ? On se la pose toutes un jour ou un autre, cette question, et je n'en ai pas connu beaucoup qui étaient sûres de la réponse.
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Je ne quittais jamais le camp, une vie dans la jungle marquée par la discipline et la routine, les règles, les horaires, les exercices, l’inconfort et une certaine solidarité. Tu te lèves à 4 heures et demie du matin pour l’appel (…), puis il y a la réunion de commandement, puis le nettoyage, puis le petit déjeuner, puis différentes tâches à accomplir. Tu manges, et c’est presque tout le temps du riz, des haricots rouges ou des lentilles, tu écoutes les infos, tu retournes au travail ou à ta formation, qui peut être soit un cours d’alphabétisation, soit un cours sur la situation internationale, les statuts de l’organisation ou l’idéologie marxiste, puis tu te laves dans l’eau froide de la rivière, tu as une heure de loisir avant l’appel à dormir, et à 8 heures et demie c’est le silence total. 
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Les gens croient toujours savoir mieux que toi ce qu'il faut répondre aux questions qu'ils te posent, où connaître la solution à tes problèmes. C'est énervant. Un jour Catalina m'a dit : Tu es électrique, à peine on te touche qu'on s'électrocute. Elle a touché mon bras et fait mine de recevoir une décharge, on a rigolé. En prison, si tu t'isoles, tu ne survis pas, elle a ajouté. Parce qu'en prison, tu n'es jamais seule, tu ressens une terrible solitude, mais tu n'as aucune intimité, c'est la promiscuité permanente. Et la colère, ça ne résout rien. Elle avait raison, mais comment ne pas être agressive avec cette rage qui m'habitait, ce dégoût de moi et de la vie, de ces mâles qui te transforment en proie.
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En prison, tu déclenches vite un mécanisme de survie, moi c'était l'agressivité.
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Vidéo de Stéphane Chaumet
« C'est vrai que j'ai été condamnée pour rébellion et appartenance à un groupe armé illégal, mais je ne suis pas rentrée chez les Farc par conviction politique, je cherchais juste à sauver ma peau. »
Après cinq ans d'emprisonnement, Karen regagne la liberté et les rues bruyantes de Bogotá. Enfermée, elle avait fini par trouver sa place, malgré la promiscuité et les injustices de cette société miniature. Une fois dehors, elle se tourne vers Sacha, un poète venu donner des ateliers d'écriture aux prisonnières. Avec lui, elle ne va pas écrire, mais parler, livrer le récit d'une vie bouleversée par la violence. D'abord embrigadée chez les paramilitaires, témoin de la brutalité et de l'obéissance aveugle des enrôlés, la jeune femme s'enfuit, croyant trouver refuge chez les Farc. Passée d'un camp à l'autre, jusqu'à la prison, Karen sera toujours guidée par un désir aigu de vivre, qui la mènera sur un nouveau chemin.
Nourri par ses enquêtes sur le conflit armé en Colombie, Stéphane Chaumet offre le portrait d'une ex-guérillera étourdissante, à la personnalité électrique mais attachante, dont il recrée le flot du monologue intérieur avec justesse.
« Sur les chemins perdus » de Stephane Chaumet Parution : 11 janvier 2024
Crédit musique : The Clash Crédit Vidéo : Brut
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