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EAN : 9782329318912
100 pages
Hachette Livre BNF (01/09/2019)
4/5   1 notes
Résumé :
Théâtre européen, nouvelle collection.... , Inez de Castro : tragédie en cinq actes / par Antonio Ferreira ; [notice et traduction de Ferdinand Denis]Date de l'édition originale : 1835Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprim... >Voir plus
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Que lire après Théâtre européen, nouvelle collection. Inez de Castro, tragédie en cinq actesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Inez de Castro est un mythe, qui a donné lieu à d'innombrables oeuvres d'art dans tous les domaines : peinture, sculpture, musique et littérature sous toutes ses formes etc. le personnage a bien existé, mais beaucoup d'incertitudes demeurent, et le mythe se mêle au réel. Son prénom même est incertain. Elle a vécu au XIVe siècle, entre 1325 et 1355. Elle descendait des rois, de Castille et de Léon, même si c'était de manière illégitime. Elle était dame de compagnie de Constance de Castille, qu'elle suit au Portugal lorsque Constance y va épouser le fils du roi Alphonse IV, Pedro.Ce dernier tombe amoureux de la dame de compagnie, et non pas de sa noble fiancée, puis épouse, Constance. Après la mort de cette dernière, il s'attache encore plus à Inez. Il est difficile de savoir s'il l'a épousé ou non, en tous les cas, il refuse d'en épouser une autre, et a des enfants avec Inez, qui risquent de mettre en péril le fils de Constance, le premier né légitime. Alphonse IV finira par faire assassiner Inez, plus exactement décapiter, pensant résoudre le problème. Mais Don Pedro prendra les armes contre son père, et suite à la mort assez rapide de ce dernier (à laquelle il n'a aucune part), deviendra roi. Il se vengera cruellement des conseillers de son père qui auraient assassiné Inez, et la légende raconte qu'il l'aurait fait couronnée après sa mort, en la faisant pour l'éternité la Reine morte.

Le destin tragique de la belle Inez a inspiré d'innombrables écrivains, et tout particulièrement les auteurs de théâtre. Au XVIIIe siècle, une des pièces qui ont eu le plus de succès est Inès de Castro de Houdart de la Motte, adaptée de Régner après sa mort de Luis de Guevara , un auteur espagnol. Plus proche de nous, il y a La reine morteDe Montherlant. Mais dès le XVIe siècle, un auteur portugais donnait vie à la légende, Antonio Ferreira dans sa pièce Inez de Castro. La pièce n'a été publiée qu'en 1598 par le fils de l'auteur, qui est décédé en 1569, elle aurait été écrite au milieu du siècle. Elle fait partie des grands classiques de la littérature portugaise, même si elle est difficilement accessible en français, dans une vieille édition du XIXe siècle. C'est en réalité une des premières tragédies imitée du théâtre antique produite en Europe. L'introduction la donne comme la deuxième, juste après la Sofonisba du Trissin, censée être la première oeuvre de ce genre, lançant un nouveau théâtre.

C'est une pièce en cinq actes, et comme dans les pièces des auteurs antiques, il y a un choeur, qui intervient régulièrement. Les personnages sont relativement peu nombreux, et l'intrigue est très sobre, comme dans la plupart de ces vielles pièces, où l'action n'est pas au premier plan. Dans le premier acte, Inez discute avec la nourrice, elle expose la situation, dit son amour et son bonheur. La nourrice la met en garde, fait valoir les risques de la situation, alors que sa maîtresse est toute à sa joie et à sa passion. Ensuite c'est Don Pedro qui discute avec son secrétaire, qui essaie de le faire revenir de son amour, en vain. Dans le deuxième acte, nous allons au palais du roi. Alphonse se plaint de la difficulté d'être roi. Ses conseillers le poussent à éliminer Inez, mettent en avant les dangers qu'elle fait courir à la couronne. le roi refuse, mais finit par se laisser convaincre, en laissant la responsabilité de l'acte aux conseillers. Dans l'acte trois, nous revenons chez Inez. Elle a fait un mauvais rêve, un rêve prémonitoire. La nourrice essaie de la rassurer. le choeur vient apporter la mauvais nouvelle, la mort programmée d'Inez, les hommes en armes qui viennent. le choeur entonne une longue déploration. A l'acte quatre, le roi et ses hommes sont là. le roi annonce sa sentence à Inez. Cette dernière essaie de le fléchir. Elle finit par y arriver, mais le roi finit encore une fois par se laisser circonvenir par ses conseillers, et les laisse assassiner Inez :

« Je n'ordonne ni ne m'oppose; que Dieu juge! Vous autres, faites ce qu'il vous conviendra, s'il vous semble que ce soit justice de faire périr qui n'a point commis de faute. »

L'acte se termine par une nouvelle déploration du choeur.
Dans le cinquième acte, un messager informe Don Pedro de ce qui s'est passé. Ce dernier explose de chagrin, promet vengeance, renie son père, et veut rendre le plus bel hommage possible à son amour assassiné.

C'est vraiment une très belle pièce, bien construite, émouvante dans sa simplicité. Elle a des aspects presque shakespeariens, par exemple lorsque Alphonse expose la difficulté d'être roi, les dilemmes entre le pouvoir et la morale. Les pages consacrées au sentiment amoureux, comme les déplorations, sont magnifiques, très touchantes et poétiques. Je ne sais pas si c'est jouable aujourd'hui, à cause de la place très importante du choeur, la pièce n'aurait pas grand sens sans ses interventions, mais elle est très agréable à la lecture.

Tant de belles oeuvres restent difficiles d'accès, c'est vraiment navrant. Cette édition du XIXe siècle conservée à la BNF fait partie d'une collection « Théâtre européen » dont le catalogue regorge de trésors quasi inaccessibles. On aurait bien besoin d'une entreprise éditoriale de cette ambition aujourd'hui…. On peut rêver...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
LE ROI.
O sceptre envié par ceux qui ne te connaissent pas ! tu es bien attrayant; mais celui qui pourrait savoir combien tu diffères de ce que tu promets d'être, et qui te trouverait à terre, te foulerait plutôt aux pieds que de te ramasser. Je ne loue pas ceux qu'on loue dans les empires, et qui, voulant étendre le leur, le détruisent par le fer, par le sang et par le feu, mais bien ceux qui, en ayant un considérable, l'abandonnent, grâce à un esprit libre et à une grandeur d'âme trop surprenante pour la rencontrer. Il y a plus de courage et plus de noblesse à mépriser les dignités qu'à les accepter, et il est plus sûr de se diriger soi-même que de gouverner le monde. L'éclat de cet or nous trompe; après tout, ce n'est que de la terre et une terre plus pesante ! Nous sommes toujours au sommet d'une haute forteresse, postés pour observer la fortune et nous offrir à ses coups.
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LE CHOEUR.
Crains tes erreurs, aveugle jeunesse, fuis tes propres égarements ; tâche de retenir le temps, car il t'abandonne en courant, en volant de ses ailes. Oh! combien quelque jour peut-être, tu désireras vainement une heure... un seul moment fugitif! Epargne le présent, garde-le comme un trésor, jusqu'à ce qu'il te soit assuré. Touf l'or, tout l'argent, toutes les pierres précieuses que tant d'insensés,sans craindre la mort, vont chercher à travers l'eau et les flammes, en creusant le sein de la terre, ne pourraient point, ne sauraient jamais racheter un seul instant de ce temps indépendant de toutes choses, qui laisse derrière lui les princes, les seigneurs,comme les moindres mortels.
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LE ROI
Personne n'est moins roi que celui qui possède un royaume. Ce royaume ne devrait pas s'appeler un Etat; c'est une vraie captivité désirée du grand nombre et mal connue de tous, une agitation pompeuse, un grand travail caché sous le nom de repos. Celui-là seulement est roi qui, bien que son
nom ne s'entende jamais prononcer ici, passe ses jours, libre de craintes, de désirs et d'espérance. O jours heureux contre lesquels j'échangerais toutes mes années laborieuses ! Je crains les hommes; avec les uns je dissimule, je ne puis ou je n'ose châtier les autres. Oh ! un roi n'ose pas toujours ; il a aussi sa crainte, c'est celle de son peuple ; il souffre, il soupire, il gémit, il dissimule. Non, je ne suis pas roi, mais je suis esclave et aussi esclave que celui qui n'a jamais une volonté libre ; je me sauve par les avisée ceux qui, je crois, me servent en loyaux conseillers.
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L'INFANT.
Un prince doit-il être tellement esclave du royaume qu'il ne fasse que ce que font ses sujets ?

LE SECRÉTAIRE.
Un prince, dis-le plutôt, doit avoir l'esprit élevé tellement au-dessus de la terre que la pensée du peuple doit être forcée de monter vers lui pour le suivre. Son esprit doit être pur ; ce doit être un or brillant et sans alliage, un exemple éclatant de force, de douceur et de patience.

L'INFANT.
Va-t-en loin de moi ! fuis ma colère!

LE SECRÉTAIRE.
Ah ! qui gouvernera une volonté qui n'a point d'autre maître qu'elle-même!
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L'INFANT.
Je ne suis, je ne fus jamais tel que tu me juges ou tel que vous me jugez tous. Les yeux avec lesquels je me vois sont différents des vôtres. Je sais ce que je fais et le mal n'est pas si grand que vous le voyez ; je ne commets aucune erreur; je suis le chemin que m'indique et me révèle l'esprit auquel je crois. Dieu a pour les princes des secrets que vous ne pouvez point pénétrer, et c'est en aveugles que vous errez dans le jugement que vous portez sur ses mystères... Regardez cette femme, voyez ce qu'il y a en elle. La nature nous a formés du même sang ; elle est de race royale, elle descend des rois et elle est digne d'un roi. Je voudrais être le souverain de l'univers, que dis-je? le monarque des mondes, pour les mettre aux pieds de celle que j'aime. La couronne me paraît encore chose bien vile pour sa tête adorée.
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