Voilà un livre qui passionnera à la fois les Tintinophiles et les amateurs de marine ancienne.
Les auteurs analysent en détails les deux albums qui retracent l'histoire du vaisseau "La Licorne" , et la chasse au "Trésor de Rackham le Rouge", et cela sous divers angles :
Les sources, où l'on apprend que Hergé a puisé l'inspiration chez Stevenson (l'Ile au Trésor), chez Defoë (Robinson Crusoë), et aussi chez Jules Verne et Edgar Poe.
Le vaisseau : issu d'une recherche documentaire minutieuse, la Licorne est une synthèse de plusieurs modèles, et a aussi bénéficié de précieux renseignements donnés par de véritables spécialistes de la marine ancienne.
En même temps que l'aventure de Tintin paraissait sous forme de "strips" dans la presse quotidienne, le vaisseau évoluait, et passait par pas moins de trois versions avant que l'album final soit édité. C'est dire à quel point Hergé, non seulement conteur, mais aussi auteur didactique pour la jeunesse, travaillait sans relâche pour être le plus exact possible.
Dans la partie "personnages", on s'intéressera surtout au capitaine Haddock, et à son ancêtre, le chevalier François de Hadoque. Et on constate que le capitaine, qui apparaît dans "Le crabe aux pinces d'or" comme un personnage secondaire, un ivrogne peu intéressant, devient un personnage incontournable des aventures de Tintin, au point même de devenir plus populaire que le jeune reporter.
L'analyse devient un peu plus sévère quand on aborde le combat (de la Licorne contre les pirates) et l'odyssée du fameux trésor, finalement "redécouvert" dans les caves de Moulinsart. Il apparaît là que Hergé a commis quelques erreurs : dans la réalité, les pirates de Rackham le Rouge n'auraient jamais attaqué la Licorne, car les canons de Hadoque n'auraient du faire qu'une bouchée de leur petite galiote, et d'autre part un vaisseau militaire n'offrait que peu d'intérêt, puisqu'en principe il ne transportait pas de cargaison ayant une valeur marchande.
Il y aurait également des erreurs dans le déroulement du combat (François de Hadoque serait-il un mauvais capitaine ?), puis dans la prise en main du vaisseau par les pirates...
Mais quoiqu'il en soit, ces nuances historico-techniques n'ont aucunement terni, pour moi, le plaisir de revoir les images de l'album, et la révélation du travail immense accompli en 1942 par Hergé dans la réalisation est sans doute une explication à l'incomparable succès des aventures de Tintin, succès toujours aussi fabuleux en 2018.
Si vous avez dans votre entourage un passionné des aventures e Tintin, voici le cadeau idéal pour le combler !
Commenter  J’apprécie         70