Une bonne approche (psychanalytique) du Zen et de la guérison
Aujourd'hui sous-titré « Dompter ses démons intérieurs et les placer à notre service sur notre chemin d'épanouissement« , ce livre de J-C. Bouchoux est d'abord paru en 2012 chez Dervy sous le titre « Méditation zen et
psychanalyse ». le sous-titre de 2012 est devenu le titre de 2018. A l'époque, il faisait 160 pages, aujourd'hui 221, dans cette édition « augmentée de textes inédits ». Je n'ai pas ce premier livre. Je ne pourrais donc pas comparer les versions.
J-C. Bouchoux (J-C.B) veut ici mettre au service du bien-être de ses lecteurs, sa pratique de zazen, et sa pratique de professionnel en
psychanalyse.
Cependant, sur ce créneau, c'est la guerre dans les rayons des librairies. C'est vrai qu'en termes de méditation et
psychanalyse, il y a des géants – ou des dinosaures – en la matière dans notre hexagone. Difficile de se faire une place. Surtout que cela fait des décennies que mêler les deux disciplines est quelque chose qu'adorent faire les spécialistes en la matière.
Une réédition remise à jour et augmentée ne pouvait donc qu'être bénéfique. Mais il ne faut pas faire un procès d'intention à l'auteur, ni lui jeter la pierre. Il faut lui donner sa chance.
On constate déjà le basculement : l'éditeur et l'auteur ont remisé au placard le premier titre de l'ouvrage, tellement galvaudé, pour mettre en avant son sous-titre qui est plus parlant et plus juste.
Très rapidement dans l'ouvrage, l'auteur affirme que « le Zen est thérapeutique (…) mais n'est pas une thérapie appropriée pour soigner les névroses ». « Zazen est thérapeutique au sens existentiel ». « Zazen est pratique de libération, de réalisation de ce que nous sommes déjà au fond. Nous n'avons rien à obtenir, nous sommes déjà ce que nous cherchons, il faut juste être capable de le reconnaître, d'arrêter d'être gouverné par un mental dualiste, qui sépare sujet/objet, sinon on creuse le gouffre dans lequel on tombe et qu'on n'arrive pas à combler ».
Puis J-C.B met en parallèle les vies du Bouddha Shakyamuni et de
Freud : je n'avais jamais pensé à une telle chose, mais c'est osé et juste, encore une fois. Tous deux sont des chercheurs et guérisseurs de l'esprit et de ses souffrances. Ce sont les maître indirects de J-C.B.
Une fois cela posé, on avance dans ce livre : l'auteur fait intervenir des « cas pratiques » rencontrés dans ses
psychanalyses, et joue avec le Dharma du Boudha, et le Dharma… de
Freud. C'est novateur : j'ai bien aimé cette approche !
Les notions bouddhistes et psychanalystes sont expliquées simplement et chaque chapitre contient un encart consacré « au patient »/lecteur.
J'ai trouvé la deuxième partie de l'ouvrage nettement plus orientée sur la
psychanalyse d'abord, puis nettement bouddhiste ensuite – tandis que dans la dernière, J-C.B nous évoque son expérience de la pratique bouddhique… mais pas seulement : il nous expose également son existence toute empreinte du Dharma du Bouddha.
Bref, ne vous laissez pas abuser : même si l'auteur surfe sans trop le vouloir je pense, sur la méditation et la
psychanalyse appliquées à la masse du public qui réclame de telles solutions, son livre est assez unique dans sa construction, et les propos qu'il tient sont vraiment personnels, et il ne sert pas un discours prémâché et rabâché. L'auteur est bienveillant et vous accueille humblement.
Je vous invite vraiment à vous pencher sur cet ouvrage : il n'a pas une prétention ni une ambition qui révolutionneraient les choses en France sur les sujets qu'il aborde – et c'est justement ça son intérêt.
Ce n'est pas un mauvais livre, ce n'est pas un best-seller, mais il est mieux que la moyenne. Je le mets dans mes coups de coeur !
Bonne lecture !
Zui Ho.
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