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EAN : 9782746743519
540 pages
Autrement (06/01/2016)
3.52/5   70 notes
Résumé :
Le Club du mercredi avait commencé, des gloussements virils lui parvinrent dès qu'elle monta l'escalier en pierre. Matilda distingua la voix de Thune, celle de Grönroos, et d'autres aussi. Elle se figea. Matilda est une sténodactylo hors pair. Elle travaille à Helsinki pour l'avocat Claes Thune. Ce soir de mars 1938, le Club du mercredi, un groupe de gentlemen qui se retrouvent chaque mois pour refaire le monde est réuni dans le cabinet de son patron. Soudain, Matil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire récente de la Finlande est plutôt méconnue et Kjell Westö nous embarque dans le mirage des non-dits de l'héritage de la guerre civile en 1918 et sa résonnance dans la vie des finlandais, coincés entre la Russie et l'Allemagne, et sous l'emprise suédoise.

En parallèle gronde en Europe la menace du nationalisme, la guerre d'Espagne fait des ravages et les finlandais se sentent toujours amputés de leur souveraineté.

L'auteur met en scène des êtres seuls et tourmentés qui vivotent avec leur solitude. Il a la capacité de saisir l'essentiel en toute simplicité, à regarder droit dans les yeux les travers de la société et à poser des questions.

Chaque phrase a une énergie propre, sculptée dans le texte, l'humour et la douleur se mélangent en toute simplicité.

Avec talent Kjell Westö offre une étude de moeurs particulièrement fine, étudie les relations entre les différentes classes sociales et les relations inextricables entre des personnages attachants et bien construits.

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1938 est la dernière année de paix avant la guerre. Tout le monde continue de s'amuser et d'écouter du jazz dans les clubs mais l'insouciance et le calme affichés n'est qu'une illusion, un mirage pour Claes Thune. Avocat finnois installé à Helsinki, Claes dit Cothurne doit se débattre avec un divorce à venir et une inquiétude grandissante face à l'admiration pour Hitler de certains de ses amis d'enfance et de sa famille. Crise existentielle, crise familiale, glissements politiques inquiétants, l'homme tourmenté croit pouvoir se reposer sur sa toute nouvelle secrétaire, Matilda Wiik, agréable, douce et efficace. Il ne soupçonne pas le moins du monde ce que dissimule la discrétion de Matilda qui a érigé sa solitude en forteresse pour garder à distance les traumatismes de son passé …


Tel un marqueur génétique le roman de Kjell Westö n'échappe pas à cette littérature nordique qui cultive le goût pour une lecture lente. Lenteur à double face car si on a parfois le sentiment de voir émerger à la surface du texte un vague désenchantement égocentré d'un bourgeois libéral susceptible d'affecter le rythme et de décourager le lecteur, l'auteur finlandais a élaboré en fait un roman bien plus complexe qu'il n'y parait.
Il faut donc être patient pour constater une construction maîtrisée, l'auteur ayant façonné un roman psychologique où le suspense n'a pas le visage traditionnel qu'on lui prête dans les polars. Ici il s'inscrit dans l'histoire nationale du pays balloté entre deux guerres, la Finlande ayant connu une violence sans précédent sur son territoire bien avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui a laissé « un trou noir en Finlande pas encore cicatrisé ».
Les évènements historiques alimentent l'intrigue mais c'est la voie intimiste, minutieuse, obsessionnelle et pleine de réminiscences, qui guide le lecteur. Avec la faculté à sinuer entre les failles psychologiques, le romancier observe les errances de l'un et sonde la fragilité de l'autre. Il décortique de manière remarquable les oscillations de la conscience des deux personnages rattrapés par leur passé ou craintifs quant à l'avenir.
Afflictions masquées, colère cachée, impatience coupable, haute bourgeoisie oblige, tout concourt au drame et à la tension permanente lorsque l'auteur accumule ici et là traits d'ambiance, ingrédients narratifs, omniprésence du pressentiment.
Mais Kjell Westö a tracé des lignes de fuite dans son récit. A l'aide d'une écriture élégante qui n'a rien de contemporain, le récit ne suit pas une trajectoire glaçante mais un chemin sinueux avec une certaine nonchalance. Les clivages politiques et les tensions entre les personnages mêlant désir, douleur et recul permanent sont trompeurs, ils ne laissent apercevoir qu'une réalité pleine de divergences. C'est pourquoi là où on pourrait percevoir une mélancolie contemplative "bobo" il y a peut-être simplement une grande solitude teintée d'orgueil.
C'est un roman intéressant dans sa capacité à restituer l'atmosphère de l'époque et à la refléter dans des personnages inquiets et vulnérables. J'ai surtout été séduite par cette faculté de montrer à travers quelques faits comment ce qui était auparavant impensable devient imperceptiblement acceptable. Un peu mois séduite en revanche par la propension de l'auteur à accumuler les projections et les introspections. le roman se noie parfois sous le poids de certaines divagations envahissantes.
Ce roman n'en demeure pas moins une lecture intéressante.

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Kjell Westö est un auteur très apprécié en Finlande, mais encore peu connu en France. Il est passionné par l'Histoire de son pays et il écrit en suédois, non pas en finnois, appartenant à la communauté suédophone de son pays, très importante.
Le "mirage finlandais" nous entraîne dans la Finlande de 1938, au moment où Hitler prépare l'Anschluss de l'Autriche. Les Finlandais se préparent aux futurs Jeux Olympiques de 1940 et sont perplexes face aux informations qui filtrent depuis l'URSS et l'Allemagne nazie.
Le héros est l'avocat Claes Thune, qui engage une secrétaire, Matilda Wiik, efficace mais terriblement tourmentée suite à un passé particulièrement douloureux. On apprend par la suite qu'elle a été internée en Finlande dans un camp de régime sévère où étaient emprisonnés les Finlandais communistes juste après la première guerre mondiale.
Le Club du Mercredi réunit Claes Thune et ses amis, d'anciens camarades de lycée. Soudain Matilda va reconnaître la voix d'un homme qui a eu une importance douloureuse pour elle.
Chacun des membres du Club va exprimer ses opinions, l'un d'eux médecin, va se dire séduit par l'idéologie nazie,
Un autre ami de Thune, Juif d'origine va voir son neveu athlète se faire "voler" sa victoire à une course, en raison de son origine.
C'est un superbe roman historique, qui montre magnifiquement l'atmosphère de peur qui règne à ce moment-là, dans une Finlande coincée entre l'URSS stalinienne et l'Allemagne nazie.
Les personnages vont découvrir les affrontements entre les groupes sociaux et les enjeux du conflit mondial qui se prépare.
Le personnage féminin est très attachant.
Les évocations historiques sont très réussies, notamment quand il est question de cet épisode peu connu en France, de la guerre civile de 1918 en Finlande, quand les communistes finlandais, soutenus par les Soviétiques, affrontaient les contre-révolutionnaires aidés par l'Allemagne.
L'auteur est journaliste de profession. Il a publié plusieurs livres, qui traitent tous de l'histoire de la Finlande, deux livres ont été traduits en français: "Le malheur d'être un Skrake" et "Les Sept livres de Helsingförs" parus chez Gaïa.
Le "mirage finlandais" a reçu le prix du Conseil Nordique de 2014, qui récompense le meilleur roman paru dans l'ensemble des pays nordiques.
Un écrivain de talent, qui marquera son temps....
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La littérature nordique m'a toujours attirée mais je crois bien que c'est mon premier roman finlandais. Un pays que je connais très mal tant d'un point de vue géographique qu'historique. Tant mieux, car je me suis plongée avec intérêt dans cette histoire dont l'intrigue se situe en 1938, période Ô combien troublée et complexe, dans un pays qui se remet à peine de la guerre civile ayant abouti à son indépendance et fait face aux menaces d'expansion d'un Hitler dont il n'est séparé que des pays baltes.

A Helsinki, en 1938, Claes Thune est avocat et membre avec quatre de ses anciens camarades de classe de ce qu'ils ont baptisé "Le Club du mercredi" et où ils se retrouvent régulièrement pour discuter de l'état du monde. Matilda Wiik, sa nouvelle secrétaire est une femme assez secrète et solitaire avec laquelle il établit une relation professionnelle courtoise et presque amicale. Sans toutefois remarquer son trouble lorsque la voix de l'un des participants au Club du mercredi la projette soudain vingt ans en arrière et lui fait revivre des terribles souvenirs. Tandis que Claes Thune se débat entre ses échecs personnels (sa femme l'a quitté pour l'un de ses amis) et sa peur face à la montée des nationalismes en Europe, Matilda voit le subtil équilibre qu'elle avait réussi à construire menacé par un fort désir de vengeance envers celui que l'on appelait le Capitaine, porteur de la voix qu'elle a identifiée parmi les membres du Club. Un matin, alerté par son retard inhabituel, Claes Thune se précipite chez Mme Wiik, bien loin de se douter de la révélation qui l'attend.

Kjell Westö prend vraiment son temps pour faire avancer l'intrigue comme si cette histoire de vengeance n'était qu'un prétexte pour raconter une période, un pays pris entre plusieurs feux à l'aube d'autres bouleversements partout en Europe. L'occasion de se replonger dans l'histoire perturbée de la Finlande, territoire constamment tiraillé entre la Suède et la Russie et qui doit son indépendance à la fin de la Grande Guerre au soutien de l'Allemagne qui voulait éloigner les révolutionnaires russes. Toutes ces influences sont parfaitement rendues dans le roman et c'est d'ailleurs son principal intérêt ; la toute jeune société finlandaise oscille entre les suédophones de langue suédoise et culturellement proches de ce pays et les partisans d'un nationalisme exacerbé par les discours d'Hitler qu'ils prennent en exemple. Les discussions du Club du mercredi permettent de donner une vision assez nette des courants de pensée qui s'affrontent, sur fond de montée galopante de l'antisémitisme. Quant au personnage de Matilda, dont la personnalité n'est pas double mais triple, il permet d'explorer ce qui demeure une tache indélébile dans l'histoire finlandaise à savoir les camps d'internement des battus de la guerre civile, ceux que l'on appelait les Rouges, soutenus par les russes. Des camps qui n'avaient rien à envier à ceux que l'on peut rencontrer en Russie ou ailleurs, et d'où Matilda est sortie logiquement traumatisée.

Une lecture qui m'a beaucoup intéressée même si le style ne m'a pas emportée et si la façon de faire monter le suspense m'a parfois semblé un peu grossière. Je l'ai plus ressentie comme un témoignage sur une époque clé et la découverte de l'histoire d'un pays plutôt qu'un véritable roman. Disons que l'intrigue est passée au second plan et je me demande si ce n'était pas exactement le but recherché.

De l'intérêt plus que du plaisir... mais sans aucun regret.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce Mirage finlandais, emprunté un peu au hasard à la bibliothèque de mon quartier. Les 50 premières pages m'ont déroutée du fait des références au contexte historique du pays, j'ai commencé à faire des recherches pour davantage comprendre l'environnement des protagonistes pour finalement m'apercevoir que l'auteur avait rédigé une note très explicite à la fin du roman. J'ai ainsi appris que la Finlande avait dans un premier temps été une province de la Suède avant de devenir un pays indépendant qui avait connu quelques mois de guerre civile particulièrement violents.
Le roman se déroule sur une année environ - en 1938, marquée par la montée du nazisme - et met en scène Thune avocat d'une quarantaine d'année, dont le récent divorce continue de le faire souffrir, et Matilda sa dactylo au passé plutôt mystérieux. Leur collaboration évolue au fil des semaines vers une relation de confiance et Matilda semble avoir trouvé une situation qui lui convient. Jusqu'à ce que Thune lui demande exceptionnellement de s'occuper de l'organisation de la soirée mensuelle de son Club du mercredi qui réunit quelques-uns de ses plus vieux camarades, des notables d'Helsinki. Matilda retrouve là un homme qui a marqué son histoire de façon indélébile et qui vient réveiller les démons qu'elle essayait de contenir péniblement. Lui ne la reconnaît pas. La force de l'auteur est de maintenir jusque dans les dernières pages l'identité du persécuteur (ou alors c'est moi qui ne suis pas perspicace, c'est aussi possible !).
Matilda est une jeune femme marquée par les événements de son pays et leurs répercussions sur sa famille. L'auteur décrit très bien les manifestations du traumatisme et les difficultés pour elle de construire des relations affectives après les traumatismes vécus. Son énergie est mobilisée autour de la vengeance et elle met tout en oeuvre pour faire payer son agresseur, alors même que des opportunités s'offrent à elle pour aller de l'avant. Ce n'est pas possible, c'est trop tard, le trauma occupe tout l'espace.
Outre l'histoire individuelle et singulière de Matilda, j'ai trouvé vraiment passionnante la façon dont Kjell Westö met en scène la tension internationale et l'attraction que le mouvement nazi génère dans la société finlandaise. Les membres du Club du mercredi représentent les différentes tendances du moment, la tentation de l'antisémitisme, la volonté d'éradiquer le communisme à tout prix et chacun – dans ce contexte particulier – se révèle. Thune est effrayé par ce repli, par la facilité avec laquelle certains de ses amis s'accommodent des pogroms et autres exactions, par leur complaisance à l'égard d'Hitler et, ajouté à sa situation personnelle, l'échec de son mariage et la trahison de son épouse – c'est tout un monde, jusqu'ici familier, qui s'effondre autour de lui. le dénouement n'étant que l'acmé de ce délitement.
C'est un excellent roman, de ceux qui rendent un peu plus intelligent et qui fait terriblement écho au contexte actuel.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Thune dormit aussi très mal la nuit de vendredi à samedi : il se réveilla en nage, rejeta dans la chaleur le drap d’un coup de pied, déboutonna sa veste de pyjama et fut accablé de pensées tristes en songeant que, passé la quarantaine, une fête arrosée menait automatiquement à la gueule de bois.
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Elle se figea.
Parmi ces voix étrangères, l'une lui disait vaguement quelque chose, sans qu'elle soit capable, dans un premier temps, de la resituer. Elle fut saisie de malaise lorsque, peu à peu, elle devina qui était l'homme derrière cette voix. En l'entendant lancer une joyeuse repartie - même si elle ne comprenait pas de quoi il était question ni à qui il s'adressait - puis s’esclaffer de ses propos, elle n'eut plus aucun doute. Si le timbre était aujourd'hui plus grave, le rire était en tout point identique.
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Elle se souviendrait plus tard que la brume grise avait ce jour-là une texture proche de la fumée dont ne se dégageait aucune sorte d'hostilité. Elle n'avait rien de cette grisaille ordinaire du mois de mars, âpre et stérile, où plaques et blocs de glace encombraient les bassins portuaires à l'eau toujours très noire. C’était plutôt une grisaille tiède, une couverture dans laquelle s'enrouler. Comme en septembre, après les vagues de chaleur et le passage des derniers orages.
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La fin ne justifie pas les moyens, mais dans les moyens se loge la vérité sur toi-même.
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Le chauvinisme et le nationalisme sont des maladies coriaces. La lecture et les voyages sont les meilleurs remèdes.
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