AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Mathilde Lemiesle (Autre)
EAN : 9782019463113
352 pages
Les Insolentes (26/10/2022)
4.5/5   29 notes
Résumé :
Dans cet ouvrage documenté, Eva Kirilof nous offre des pistes de réflexion sur la place et le rôle des femmes dans la culture occidentale, le tout pertinemment illustré par Mathilde Lemiesle.
Nourri par les travaux d’historien·nes, de chercheur·ses, et de militant·es, Une Place participe à repenser les mythes autour de la présence des femmes dans l’histoire de l’art, en reliant entre eux récits historiques et politiques, idées et parcours de femmes artistes... >Voir plus
Que lire après Une place: Peintresses, sculptrices, artistes : réflexions sur la présence des femmes dans l'histoire de l'artVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Essai en bande dessinée d'Eva Kirilof. Dessins de Mathilde Lemiesle.

« Les représentations façonnent la société et nourrissent nos imaginaires collectifs, elles ont donc une dimension politique non négligeable, elles ont du pouvoir. La fonction de l'image est primordiale dans la fabrique du regard que nous posons sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. » (p. 12) Ce présupposé est simple, évident, fondamental. de fait, comment une femme (et toute autre minorité) peut se construire si elle n'a pour représentations que des oeuvres produites par des hommes blancs et cisgenres ? D'autant plus si ces productions véhiculent et renforcent le male gaze ? « La culture est un lieu de négociation du pouvoir : réduire constamment des femmes à des corps n'a rien n'anodin. » (p. 25)

L'autrice retrace plusieurs siècles de production artistique pour montrer le manque des femmes – artistes ou représentées – en la matière, ou alors marginale, mais aussi le manque de moyens, de temps et d'espace, de disponibilité d'esprit. Elle dénonce l'organisation tacite d'une société qui refuse une place aux êtres qui ne sont pas des hommes et elle démonte allégrement le mythe du génie masculin. « Dire que le talent suffit est un mensonge. Les discriminations systémiques prennent plein de formes très différentes : trop noir(e), trop pauvre, trop femme, trop queer, trop handicapé(e), pas assez blanc riche homme. » (p. 210) Eva Kirilof présente aussi le lent cheminement des femmes dans le monde des arts, souvent à force de renoncements et de sacrifices, mais aussi à base d'habiles contournements et retournements. Si le mur est trop haut, elles passeront dessous ou à côté, ou elles peindront dessus ! « L'espace domestique, même si on n'y possédait pas toujours une chambre à soi, aura permis à de nombreuses femmes de produire du savoir et de l'art alors que les autres portes leur étaient fermées. » (p. 132)

Je ne vais pas résumer les quelque 300 pages de cet essai passionnant, bourré de références et d'exemples. En revanche, je vais vous donner des noms d'artistes femmes et vous inviter à découvrir leur oeuvre et leur vie. Vous n'avez peut-être jamais entendu parler de certaines d'entre elles, et il faut que ça change !
Artemisia Gentileschi Sofonisba Anguissola Élisabeth Vigée le Brun Adélaïde Labelle-Guiard Niki de Saint-Phalle Mary Beale Berthe Morizot Louise Bourgeois Laura Knight Tamara de Lempicka Suzanne Valadon Helma Af Klint Janet Sobel Joséphine Hopper Joanna Hiffernan Georgia O'Keeffe Helen Frankenthaler Kara Walker

Le message de cet essai est plein d'optimisme. « Les femmes et les personnes minorisées prendront pleinement part à la construction de nos imaginaires, sans que cela soit une exception ou un événement. » (p. 19) Cela demande encore des efforts et probablement du temps, mais à force de contextualisation, il est possible de faire dialoguer autrement les oeuvres et la société actuelle. Et il est surtout possible – et de toute façon indispensable – d'en finir avec les injonctions sexistes. Une femme artiste est artiste, c'est tout. « Bref, on préfère quand les femmes font des oeuvres plus douces, plus pastel, plus sucrées... comme elles... » (p. 258) Allez, c'est bon, on arrête avec ça : c'est comme le vin féminin, c'est de la connerie !

Ce beau volume aux dessins noirs, bleus et rouges prend évidemment place sur mon étagère féministe. Il est riche de messages positifs et de mises en garde utile. « Les 'femmes artistes' ne sont pas un groupe homogène, loin de là ! Il est important de ne pas les traiter comme tel, au risque de finalement continuer à les effacer. » (p. 139) Il ne sera jamais inutile de rappeler que « la femme » est un concept qui n'existe pas. Nous sommes plurielles et nous sommes légion !
Commenter  J’apprécie          130
Ca faisait un moment que je voulais lire ce livre et globalement je suis contente d'avoir enfin pu le faire.

On y apprend beaucoup, d'abord sur les raisons et les causes de l'effacement des femmes de l'histoire de l'art, mais aussi sur certaines femmes artistes, souvent pionnières oubliées. C'est une vulgarisation très bien menée !

Je reproche quand même au livre de citer Françoise Vergès (pilleuse du travail de ses élèves et plus globalement de la place des afro-descendant-es) et Monique Wittig (qui a usé et abusé du n-word à un moment de l'histoire où il avait déjà une dimension raciste). Que le livre se focalise sur l'Europe et les artistes blanc-hes ok, que les personnes citées soient des féministes blanches pur jus c'est un peu plus embêtant.
Commenter  J’apprécie          20
Eva Kirilof nous offre une réflexion sur la (non)-présence des femmes dans l'histoire de l'art. Cette lecture est très intéressante et le lecteur y apprend beaucoup de choses !
J'ai apprécié le point de vue developpé et, plus particulièrement, le fait que l'auteure ne martèle pas avec des discours unilatéraux. le livre porte bien son nom: il nous invite également à la réflexion.
Personnellement, je n'ai pas accroché aux illustrations simplistes et couleurs minimalistes.
Ce roman graphique est un livre assez volumineux mais son contenu reste très accessible.
Commenter  J’apprécie          20
Une (autre) fois n'est pas coutume, aujourd'hui on parle d'art ! 🖼️

Cela fait quelques années que je suis le compte Instagram d' Eva Kirilof qui, avant d'être une encyclopédie (bien qu'elle ne l'entende pas ainsi) de l'art féminin, est avant tout une amie d'enfance ☺️

Pendant le confinement, et à l'abri du regard de tous, elle nous a préparé un essai graphique sur la place des femmes dans l'histoire de l'art.
Bon, ce n'était un secret pour personne que c'est un milieu dominé par le masculin. Mais on tombe quand même des nues à la lecture de certains passages 😤🤯

Visuels (magnifiques, réalisés par @mespresquesriens ) et statistiques à l'appui (ce qui rend cet essai vraiment captivant), elle décortique ce qu'a été/est/sera? 😱 le monde de l'art dans lequel le patriarcat s'est installé bien confortablement.

Avec une modestie impressionnante et une remise en question constante de ses certitudes (elle assume parler d'artistes blanches principalement en expliquant qu'elle ne se permet d'écrire que ce qu'elle maitrise), elle nous parle de la muse, ce personnage qui n'existe que pour nourrir la création artistique masculine; de la valeur moindre des productions féminines; du manque de réseau et de soutien octroyés à la gent féminine (comparativement à leurs homologues détenteurs d'un p*nis).

Un ouvrage essentiel pour celleux qui veulent remettre en question (ou simplement approfondir) leur connaissance de l'histoire de l'art.
C'est ludique, sarcastique par moments, interpellant mais surtout révoltant.
Par contre, ce n'est pas le genre d'ouvrage que je recommanderais de lire d'une traite. Il faut du temps entre chaque chapitre (voire moins) pour s'imprégner de cette lecture et se poser les bonnes questions.

Et pour celleux que ça intéresse, suivez ses stories sur Instagram, c'est une mine d'or dans un format super ludique ! 😍
(Oui j'aime bien le mot ludique visiblement)
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          00
Les femmes dans le monde artistique comme ailleurs, ont toujours été mises à l'écart si bien que la société patriarcale doutait de leurs talents… Certaines d'entre elles se sont même cachées pour pouvoir exercer leur art, elles ont toujours été exclues des salons et du milieu mondain de par leur sexe qui devait forcément conditionner leur production artistique !

Il fallu des siècles pour avancer, à demi-caché, se faisant passer pour des hommes ou étant sous leur protection afin d'avoir une petite chance de voir leur art exposé et ne parlons pas de reconnaissance ! Tout cela s'est fait tardivement et difficilement…
Mais au delà d'une simple histoire des femmes, il s'agit surtout d'une vision du monde masculine qui est prônée depuis des siècles. Or, à partir de ce constat comment, nous, femmes pouvons-nous nous construire et savoir qu'il y a une place pour nous quand nous n'avons pas de représentations de femmes dans l'espace publique, artistique ou culturelle. Nous avons été dépossédées si longtemps de ces modèles qu'il est plus que temps de les découvrir et de se les ré-approprier.

Nous avons toujours été là et les autrices Eva Kiriloff et Mathilde Lemiesle nous le prouvent magnifiquement, avec un ton à la fois précis et sarcastique, il est absolument succulent de se plonger dans notre histoire artistique car il y a tant à dire !

Les illustrations sont un plus qui donnent une patte et une facilité d'accès bienvenue. L'oeil s'y raccroche et comprend immédiatement les exemples présentés.

C'est beau, accessible et si complet ! Une place redonne une voix aux femmes artistes, à leurs sujets et leurs combats pour leurs existences…
Lien : https://topobiblioteca.fr/
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
MadmoizellePresse
31 janvier 2023
Dans un essai illustré intitulé « Une Place », Eva Kirilof, autrice de la newsletter La Superbe, tente d’expliquer pourquoi et comment les femmes artistes ont si longtemps été ostracisées de l’histoire de l’art. Un ouvrage aussi beau que passionnant, qui remet les choses à leur place.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeSoir
09 janvier 2023
Drôle, riche et important, « Une place » explique comment les femmes ont été exclues de l’histoire de l’art. Un essai graphique signé Eva Kirilof et Mathilde Lemiesle.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
J’ai beaucoup de mal avec le terme « oubliées » quand on parle des femmes artistes car il y a quelque chose de l’ordre de la passivité. Comme si la notion d’oubli nous dédouanait d’une responsabilité collective pourtant bien réelle quant à la présence, presque anecdotique et de ces femmes dans nos récits et dans nos musées. Il ne s’agit pas, comme nous pouvons le voir avec les batailles qu’elles ont menées pour bénéficier d’un apprentissage similaire aux hommes, d’une défaillance de notre mémoire collective, mais d’un système bien huilé qui a longtemps refusé aux femmes les possibilités matérielles mais aussi symboliques d’accéder au monde de l’art.
Commenter  J’apprécie          10
« Les ‘femmes artistes’ ne sont pas un groupe homogène, loin de là ! Il est important de ne pas les traiter comme tel, au risque de finalement continuer à les effacer. » (p. 139)
Commenter  J’apprécie          30
« Dire que le talent suffit est un mensonge. Les discriminations systémiques prennent plein de formes très différentes : trop noir(e), trop pauvre, trop femme, trop queer, trop handicapé(e), pas assez blanc riche homme. » (p. 210)
Commenter  J’apprécie          20
« La culture est un lieu de négociation du pouvoir : réduire constamment des femmes à des corps n’a rien n’anodin. » (p. 25)
Commenter  J’apprécie          40
« Les représentations façonnent la société et nourrissent nos imaginaires collectifs, elles ont donc une dimension politique non négligeable, elles ont du pouvoir. La fonction de l’image est primordiale dans la fabrique du regard que nous posons sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. » (p. 12)
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : féminismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (140) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5240 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}