Quatorze nouvelles courtes. Tout cela est joli, élégant, malin. Une lecture agréable et rapide, mais sans beaucoup de relief. J'aime bien quand les textes courts bousculent bien fort le lecteur (
Topor, Bloy, Fitzgerald,
Maupassant, par exemple). Là, j'ai été gentiment surprise par quelques chutes astucieuses ("Hors-jeu", "Histoire suisse"), mais pas toujours. Certaines m'ont paru répétitives, fabriquées, redondantes.
Jean-François Coulomb a quelques dadas : les hussards de Napoléon ("
Vendanges tardives", "Paris-Austerlitz"), les petits cocufiages entre amis ("Aquarelle sur le Nil", "Septembre noir"), ou en famille ("Franck et fils", "Sex-toys"), les accidents d'auto et d'avion ("Septembre noir", "Hors-jeu", "Franck et fils", "Histoire suisse"). A part cela je n'ai pas appris grand-chose sur l'auteur en progressant dans ce kaléidoscope d'histoires sentimentales au goût doux-amer.
Comme avec
Thibault de Montaigu ("
Les grands gestes la nuit"), mais en beaucoup mieux réussi, j'ai eu l'impression d'un hommage rendu aux romans bourgeois des années 60-70.
On est le plus souvent à
Saint-Germain des Prés, que l'on quitte parfois pour l'Old Cataract d'Assouan, le Floridita de la Havane, ou Saint-Tropez.
Est-ce que le titre "
Vendanges tardives" se rapporte à l'ambition littéraire de l'auteur ? La quatrième de couverture indique que
Jean-François Coulomb est né en 1956, et que c'est ici sa première incursion dans le domaine littéraire. Un vieux débutant ? Pas si sûr...
Dans un billet intitulé : “Hussards toujours vivants, littérature suit…”,
Arnaud le Guern écrit :
“ Besson et
Neuhoff, par contre, furent d'une belle aventure qui ne s'est pas privée de saluer Frank, Nimier,
Blondin et Laurent : la revue Rive droite.
C'était en 1990. Ça a duré quatre numéros avec, pour éditeur,
Thierry Ardisson – alors romancier inspiré et pas encore animateur pubard en bout de course. Au sommaire : Frébourg, Saint-Vincent, Parisis, Leroy, le trop oublié
Jean-Michel Gravier ou encore
Frédéric Fajardie. Mais aussi
Jean-François Coulomb, homme de télé, de presse écrite, de ce qui
lui plaît. Coulomb offrit à Rive droite une histoire d'amour triste sur fond de bataille napoléonienne : Paris-Austerlitz. Vingt ans après, cette nouvelle clôt
Vendanges tardives [...] ”
On comprend mieux alors, les clins d'oeil de Coulomb aux “hussards”, même si les siens sont de vrais soldats de l'Empereur, pas des écrivains. Aussi, les citations en exergue :
Bernard Franck,
Patrick Besson, et quelques silhouettes diverses : Déon,
Morand,
Cocteau.
Quelques unes des histoires sont encore plus amusantes à la lumière de l'actualité.
"Plaisir d'offrir" met en scène
une vieille dame riche mal-aimée qui déshérite ses enfants et offre un tableau à l'ami de son petit-fils (mais en tout bien tout honneur !).
"K.-O. debout" a pour héros un riche entrepreneur qui se prend pour un grand comédien.
Pour son esprit fin et la qualité de son écriture,
Jean-François Coulomb mérite de rencontrer un public de lecteurs sensibles à sa petite musique, en attendant (comme je fais) un premier roman plus symphonique.