Soyons honnêtes, la fin du paranormal, je ne la souhaite pas ! S'il y a bien quelqu'un qui raffole des histoires de fantômes, d'extraterrestres ou autres cryptides, c'est bien moi : aucun mythe, aucune légende urbaine ne me passe entre les doigts. À défaut de mieux connaître le monde, ça me permet au moins de mieux connaître les gens qui m'entourent, leurs valeurs et leurs peurs. Faudrait-il donc être rabat-joie au point de vouloir briser tous les fantasmes de nos contemporains ?
Tous, peut-être pas, mais le livre montre que le paranormal n'est pas sans danger. Les tenants du paranormal sont souvent nombreux à rôder dans les situations délicates : maladie, psychologique ou non, deuil, enlèvement, … Qu'ils soient de purs escrocs ou de bonne foi, ils font perdre énormément de temps aux personnes compétentes, et jouent avec les espoirs de personnes vulnérables, ce qui peut se révéler dévastateur.
Le livre passe en revue les mythes les plus répandus à notre époque : la zone 51, le triangle des Bermudes, les prédictions de
Nostradamus, la divination, … et offre du matériel critique. Mais l'intérêt du livre vient plutôt de la manière d'aborder ces problématiques.
Tout d'abord, de l'écoute. Quand quelqu'un dit qu'il a vu un truc bizarre, il y a de grandes chances qu'il ait effectivement vu un truc bizarre. Pas forcément surnaturel, mais il y a quantité de phénomènes météorologiques, psychologiques, médicaux, … qui, sans être exceptionnels, sont suffisamment rares pour être très peu expérimentés dans une vie. Chercher la réponse est bien plus enrichissant que de traiter simplement l'autre d'idiot.
En corollaire, de l'humilité. Même en étant familier avec le domaine scientifique, on ne peut pas tout connaître. Avouer qu'on n'a pas la réponse immédiatement est souvent plus constructif que de se lancer dans des explications boiteuses. Une bonne manière de se protéger soi-même également, vu que les personnes les plus sûres d'elles sont généralement les plus faciles à berner : quand on est convaincu de son intelligence supérieure, on a du mal à envisager que l'interlocuteur pourrait tout simplement nous jouer un tour.
Dernier point, la science teste abondamment les phénomènes paranormaux, ce qui n'est pas forcément mis en avant par les tenants, qui préfèrent se poser en victime d'une institution aveugle et bornée. Il faut dire que les résultats obtenus sont rarement en leur faveur : des esprits interrogés dans une langue que le médium ne connaît pas produisent un charabia sans queue ni tête, des télé-kinésistes perdent soudain leurs pouvoirs quand un prestidigitateur se trouvent dans la même pièce qu'eux, … Il existe pourtant quelques expériences plutôt bien conçues qui permettent de trancher certains phénomènes : les décorporation dans les expériences de mort imminentes ? On déploie des posters au sommet des armoires dans les salles de réanimation. le patient qui pourrait décrire l'image apporterait une preuve d'un certain poids. L'expérience est tentée dans plusieurs hôpitaux, sans résultat pour l'instant…
Un peu plus perturbant, le livre mentionne des résultats concernant la télépathie. Des études, qui se basent sur les mêmes méthodologies que ce qui se fait en psychologie, obtiennent des résultats statistiquement significatifs : des images mentales seraient effectivement transmises entre deux personnes. Si ces études ont été passées au crible, elles montrent tout de même les limites de la science telle qu'elle est pratiquée actuellement, d'autant qu'on n'est généralement pas aussi pointilleux pour les études des domaines plus conventionnels.
Bref, le paranormal ne disparaîtra probablement pas de sitôt, pour mon plus grand bonheur. Mais s'il pouvait s'accompagner d'un peu plus de rigueur d'un côté, et d'un peu plus de bienveillance de l'autre, tout le monde y gagnerait beaucoup.