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Tokyo Vice tome 1 sur 2
EAN : 9782757860816
512 pages
Points (05/10/2017)
3.94/5   850 notes
Résumé :
Quand Jake Adelstein intègre en 1993 le service Police-Justice du plus grand quotidien japonais, le Yomiuri Shinbun, il n'a que 24 ans et il est loin de maîtriser les codes de ce pays bien différent de son Missouri natal. À Tokyo, il couvre en étroite collaboration avec la police les affaires liées à la prostitution et au crime organisé. Pour cela, il n'hésite pas à s'enfoncer dans les quartiers rouges de la capitale, dans les entrailles du vice et de la décadence. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (130) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 850 notes
- Tokyo vice - est un cousin nippon de - Gomorra - d'Alberto Saviano. Leurs deux auteurs ont eu d'ailleurs besoin d'une protection rapprochée de la police pour éviter la caresse mortelle des tentacules de la pieuvre.
C'eut pu être aussi un cousin d'Amérique, de Russie, d'Albanie de Colombie et de tant d'autres pays concernés par ce phénomène.
Car au-delà de "l'exotisme" et de l'adaptation géographique, culturelle, contextuelle et circonstancielle, les yakusas font partie à part entière de l'histoire moderne de la société japonaise, au même titre que les familles des pays précédemment cités.
Et je suis surpris de lire dans les commentaires certains lecteurs s'étonner de ce "scoop", de cette "révélation" de la face cachée du Pays du Soleil-levant.
Que n'ont-ils lu de grands auteurs japonais ou vu certains films !
Car c'est presque un folklore, une carte postale touristique que ces hommes entièrement tatoués et aux mains orphelines d'un petit doigt...
En Europe, nous sommes, pour la plupart d'entre nous, familiarisés (hélas) avec des noms comme Toto Riina, Giovani Falcone, Paolo Borsellino, comme nous le sommes aux US avec ceux de Capone, de Luciano... de Cosa Nostra ou de la Mano Nera.
Naïfs sont ceux qui, séjournant à Vegas, ignorent que c'est là que les Parrains blanchissent une partie de l'argent du crime, et que la ville leur appartient.
Oublieux ceux qui n'ont plus en mémoire que Kennedy fut élu grâce aussi à la mafia, mais également assassiné aussi "à cause d'elle".
Tout ça pour dire que la mafia est au Japon ce qu'elle est à l'Italie et à de beaucoup d'autres pays... la différence n'intervenant qu'au niveau des sushis ou de la pasta... et encore ! La globalisation ayant déjà depuis quelques décennies consanguinisé ces familles. L'exemple US est là pour le démontrer, lui qui, depuis longtemps, héberge sur son sol les principales mafias des pays du monde entier.
Ce qui fait l'intérêt d'un roman journalistique, d'un roman du réel, c'est, comme pour un chasseur de vampires, de réussir à s'approcher au plus près du monstre afin de pouvoir mieux le connaître.
Et c'est ce qu'a fait Jake Adelstein, petit juif américain du Missouri, élève dissipé qui, à 19 ans, frôlant l'exclusion, est parti étudier au Japon. Diplômé d'une université tokyoïte, il va devenir le premier citoyen du pays de l'Oncle Sam à intégrer la rédaction du grand journal nippon "Yomiuri Shinbun", y faire ses classes... comme tenta de le faire en son temps dans une entreprise une certaine - Amélie-san"... mais en plus hard... cadavres, hémoglobines, alcool, drogue, prostitution, trafics en tous genres en plus !
Peu à peu Jake, passionné par son job, va devenir un gaijin plus et mieux qu'assimilé. Se faire des amis dans son milieu, dans celui des flics, et dans celui très interlope des yakusas et de tous ceux qui gravitent autour d'eux.
C'est de cette proximité que va naître ce livre qui raconte une partie de l'histoire de son auteur, son itinéraire personnel et professionnel au Japon, ses amitiés, ses amours, les affaires auxquelles il a eu accès en tant que journaliste, et celle surtout qui l'a opposé à l'un des plus célèbres yakusas du pays.
C'est le livre d'un journaliste et d'un homme, les deux se confondant parfois de manière troublante. Car à force de flirter avec la bête, on finit par lui ressembler...
"Jake, est-ce que tu as déjà pensé au fait que, si tu le détestes autant, c'est parce que tu lui ressembles beaucoup.
Vous êtes tous les deux des acharnés de travail avec une forte libido, vous êtes accros à l'adrénaline et d'incorrigibles hommes à femmes. Vous buvez trop, vous fumez trop et vous exigez de la loyauté. Vous vous montrez généreux envers vos amis et impitoyables envers vos ennemis. Vous êtes prêts à tout pour obtenir ce que vous voulez. Vous vous ressemblez beaucoup."
Ce roman a effectivement le "charme" venimeux du réel, lequel s'emploie à maquiller subtilement les repères entre "la belle et la bête."
Il n'a de déconcertant que l'effet produit par l'auteur pour brouiller les pistes afin que la plupart des protagonistes de l'oeuvre ne puissent être reconnus, identifiés, menacés... ce qui crée dans le temps et l'espace narratifs une distorsion dont il est bon d'en connaître la cause.
C'est, à ce jour, le meilleur témoignage que j'ai pu lire sur cette face méconnue ( mé... pas inconnue ) du Japon.
On ne peut pas réduire un pays, l'image qu'on en a, à un de ses composants. Mais il serait angélique de nier l'existence de ce composant, de refuser d'en comprendre le pourquoi et le comment.
Les yakusas sont nés au Japon. le Japon a donné naissance aux yakusas et contribue à leur pérennité et à leur prospérité.
Si vous voulez comprendre le rapport nébuleux et complexe entre cet oeuf et cette poule nés au "pays d'où sort le soleil", ce livre contient des éléments de réponse plus qu'intéressants.
Écrit par un journaliste qui a du métier, la lecture est aisée et jamais ennuyeuse... malgré une foule d'infos... nécessaires.
J'ajoute que pour ceux qui sont sensibilisés à la question du trafic des êtres humains, Adelstein, qui s'est investi dans ce combat, contribue à lui donner un éclairage cru, authentique et révoltant.
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Vous pensez les Japonais courtois, polis, honnêtes, réservés.
Certes, ils le sont. Mais savez-vous que le Japon recèle aussi un nombre incalculable de meurtres, de disparitions, de règlements de compte, d'usuriers sans scrupule, et bien d'autres méfaits tous plus sordides les uns que les autres. Et c'est ce que Jake Adelstein, journaliste de son état, nous dévoile ici, non sans un certain sens de l'humour.

D'abord quelques mots à propos de cet auteur. Originaire du Missouri aux Etats-Unis, Jake est parti étudier le japonais sur place. Puis, en 1993, pour mettre à l'épreuve son niveau de langue, il a passé le concours d'entrée du plus illustre journal de Tokyo, le Yomiuri Shinbun. Concours qu'il a réussi contre toute attente de sa part et des nombreux autres candidats au poste. Il a donc été le premier journaliste étranger à travailler pour un journal japonais. Je vous passe les déboires qu'il a traversés lors de sa première année. Déboires également évoqués par Amelie Nothomb si vous avez lu « Stupeur et tremblements ». Travailler au Japon lorsque l'on n'est pas Japonais n'est pas une sinécure !

Mais passons ! Voilà Jake au coeur des scandales de toutes sortes.
De faits divers en faits divers, il monte en grade au sein du journal pour se retrouver au coeur des événements du crime organisé et de la prostitution dans le quartier chaud de Tokyo. Là, il va découvrir et dénoncer le trafic d'êtres humains et la place qu'occupent les yakusas (mafia japonaise) qui disons-le carrément ont pignon sur rue, avec leurs sociétés écrans et où on peut suivre leurs aventures grâce aux fanzines ! Oui, c'est assez troublant de constater que le vice est assez voyant au Japon...
La vie de Jake va être menacée lorsqu'il va comprendre qu'un yakusa, qui n'a pas respecté leur code d'honneur, a vendu les siens pour pouvoir subir une greffe de foie aux Etats-Unis... Là aussi, la surprise est de taille mais je n'en dévoilerai pas plus. Je vous laisse le poids des mots et le choc des photos.

La lecture de ce livre est plus qu'étonnante. La société japonaise et ses codes nous sont complètement étrangers. Les règles et les lois qui régissent ce pays ne sont pas toujours comparables aux nôtres et il est donc parfois difficile d'établir un parallèle dans le degré de scandale qui peuvent faire naître les crimes organisés. Mais l'auteur, qui a appris les codes au risque de sa vie parfois, réussit toujours à nous expliquer ce qui semble irrationnel à notre logique occidentale.

Des anecdotes avant de conclure : au Japon, il existe des manuels de bonne conduite sur tous les sujets, comme par exemple le manuel du parfait suicide. Les Japonais aiment suivre les codes de bonne conduite, connus sous le nom de Tao.
Dans ce livre, écrit comme un polar, la place des femmes est peu gratifiante. Elles sont soit hôtesses de bar, soit prostituées. Jake Adelstein n'a croisé qu'une femme-journaliste dont la carrière a été brève ; il faut aussi savoir que le Japon est un pays très sexiste !

Bref, une lecture qui secoue et vous envoie un sacré uppercut dû au choc des cultures.

NB : Jake Adelstein continue à vivre au Japon car il tient à préciser que ce pays a de très bons cotés aussi, ne serait-ce que pour sa sécurité sociale...
Par contre, son livre n'y a jamais été publié !

Lien : http://mespetitesboites.net
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En 1993, Jake Adelstein a 24 ans quand il intègre le Yomiuri Shinbun, le quotidien le plus vendu de la planète. Contre toute attente, un juif américain, un ''gaijin'', est embauché pour travailler à l'égal des journalistes japonais dans ce journal conservateur qui recrute les meilleurs dans les grandes universités de Tokyo. Il y restera 12 ans, commençant sa carrière par des affaires mineures en banlieue pour finir au press club de la police de Tokyo à enquêter sur les yakuzas, du blanchiment d'argent au trafic d'êtres humains. Quand, menacé de mort par la mafia nippone, il quitte le journal, et même le pays, il continue son travail d'investigation pour faire tomber Tadamasa Goto, l'un des dirigeants yakuza les plus importants. Sa femme et ses enfants en sécurité aux Etats-Unis, il revient à Tokyo, protégé par la police et se payant les services d'un garde du corps personnel.
Dans Tokyo vice, le journaliste raconte par le menu sa difficile intégration au sein du journal, sa découverte de l'entreprise, le respect de la hiérarchie, les horaires de travail étirables à l'envi, la recherche d'informateurs dans tous les milieux, les rapports parfois houleux avec la police, son immersion dans les quartiers chauds de la ville, ses relations ambiguës avec les voyous et, bien sûr, ses enquêtes au sein de la pieuvre yakuza.

Reportage journalistique, documentaire sociétal, récit initiatique, polar noir non fictionnel...Tokyo vice est tout cela à la fois. C'est le témoignage engagé, sans doute partial, mais incroyablement vivant d'un jeune journaliste qui fait ses armes dans une société dont il apprend en même temps les usages. Loin d'un Japon idyllique, policé et zen, Adelstein raconte la violence, la prostitution, la traite d'êtres humains, les bas-fonds, les accointances entre politique et mafia, les policiers démunis, la puissance des yakuza. Parés d'une aura de mystère, craints et respectés, ces mafieux ont longtemps bénéficié d'une image romanesque mais les temps ont changé, le code d'honneur n'est plus respecté, les civils non plus, l'argent est devenu roi et justifie toutes les exactions. Usure, immobilier, drogue, commerce du sexe, les yakuza ont la main mise sur tout ce qui permet de soutirer, extorquer, engranger de l'argent, manipuler, menacer, tuer ceux qui résistent.
Un récit nerveux, parfois drôle, souvent effrayant, émouvant aussi quand il évoque ce policier intègre, mort d'un cancer dans l'indifférence générale ou cette collègue journaliste suicidée après une mise au placard injuste ou encore cette amie prostituée disparue sans laisser d'adresse alors qu'elle enquêtait pour lui. le style est journalistique donc sans grand relief mais le témoignage est suffisamment fort pour faire abstraction des imperfections et des répétitions. Sincère et instructif.
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Tout est vrai dans ce livre-enquête au point de vue unique : celui du seul journaliste occidental admis dans le club de presse de la police métropolitaine de Tokyo. Une dizaine d'années à couvrir les aspects les plus sombres du Japon avec en fil conducteur, les fameux Yakuzas : extorsions, assassinats, corruption, traite des êtres humaines, prostitution, une vraie plongée dans les bas-fonds de Tokyo jusqu'à l'ultime scoop qui met sa vie en danger. S'il reste en vie, c'est que les Yakuzas croient qu'il est agent de la CIA.
Voilà une chronique extrêmement informative, souvent trépidante avec des scènes souvent truculentes comme lorsque le narrateur se rend chez un inspecteur important et cherche à l'amadouer en apportant des glaces à sa fille.
Cela peut faire penser à Gomorra sur la mafia napolitaine, mais Tokyo vice manque un peu de " chair ", comme si l'auteur avait eu besoin de recul pour pouvoir décrire ce qu'il a vécu. Certains chapitres s'enchaînent comme une suite de micro- enquêtes sans qu'on s'y intéresse complètement. Mais dès que l'auteur revient sur le terrain des Yakuzas, cela redevient passionnant.
A noter que ce livre n'a jamais été publié au Japon, les éditeurs n'ont pas osé suivre ...
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Chapeau bien bas pour le tour de force et saluons l'audace de Jake Adelstein. Il semble qu'intégrer un des plus grands journaux japonais , pour un étranger, soit tout un exploit.
Avant d'exposer mon opinion, permettez-moi de commenter l'édition. Mention spéciale 5 étoiles pour le travail léché. Magnifique illustration de couverture de Guillaume Gullpart, les titres de chapitre à la japonaise, donc à la verticale, les notes et commentaires à côté du texte, vraiment, une mise en page exemplaire et innovante. Bravo.
Tokyo Vice ce sont les mémoires de ce "gaijin", embauché comme journaliste au Yomiuri Shinbun (rien que plus ou moins 15 millions de lecteurs) . C'est aussi un peu l'histoire de son intégration à la société japonaise ce qui ne semble pas si évident.
Il commence donc par couvrir la banlieue tokyoïte et ses petites délinquances durant quelques années. Et vient la mutation vers le grand Tokyo où il suivra les enquêtes pour homicides, suicides, disparitions, prostitutions, trafics, etc.
Il y découvre le "grand crime organisé". Enquêter sur les "yakuzas" avec tout ce que cela comporte de dangers, de menaces personnelles ou pour l'entourage, relève clairement de plus que de l'esprit d'aventure.
Jake Adelstein s'acharnera en particulier sur un leader de cette pègre japonaise surnommé le "vautour". Vautour qui a fait son argent dans les prêts usuraires entre autres choses.
Toutefois, je ressens un malaise en refermant ce livre. Malaise qui ne concerne pas l'exploit de l'auteur mais plutôt sa personnalité. Je ne crois pas que j'aimerais ce genre de personne. Malgré que ce qu'il a fait en dénonçant les pratiques hautement criminelles des yakuzas soit des plus louables, ce genre de personnage ne me plait pas. Centré sur lui-même, égoïste, individualiste, plein de soi, non il ne m'a pas plu. Je suis peut-être trop sévère mais c'est ce que j'ai ressenti. Même quand il nous raconte son inquiétude pour sa famille ( 2 petits enfants, 1 conjointe) ou pour son amie (Helena) ça m'a semblé artificiel comme préoccupations, bien loin d'être senti. Son empathie devenait obligation et non compassion...enfin...
Mais soyons honnête c'est une lecture hautement intéressante et Tokyo Vice se lit comme un roman de chroniques du Japon moderne.
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critiques presse (1)
Liberation
15 février 2016
Dans une atmosphère de photos de Moriyama, il y interroge nos pratiques et notre rapport à l’information, à une culture différente, à l’autre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Après la cérémonie, Matsuzaka, l'ancien étudiant de Sophia qui avait appuyé ma candidature, m'emmena boire un coup. À ce stade de ma carrière, je ne buvais pas encore d'alcool. Nous allâmes dans un bar à shot de Ginza, où John Coltrane sortait des enceintes incrustées dans le plafond, et dont les tables en marbre et les petits verres alignés étaient tellement lustrés que même la faible luminosité les faisait étinceler. C'était un endroit très classe et certainement pas le genre de tripots autour desquels les journalistes du Yomiuri avaient tendance à graviter. Je commandai un coca et commençai à raconter que j’avais hâte d'être assigné à un service et d'"apprendre le métier". Matsuzaka me coupa la parole d'un geste de la main. "Il ne s'agit pas d'apprendre, mais de désapprendre. Il s'agit de lâcher prise, de se laisser aller, de se débarrasser de toutes préconceptions, d'oublier tout ce que tu croyais savoir. C'est la première chose que tu apprendras. Si tu veux être un excellent journaliste, tu dois t'amputer de ton passé. Tu dois laisser tomber ton orgueil, ton temps libre, tes loisirs, tes préférences et tes opinions.
"Si tu as un petite copine, elle s'en ira dès que tu ne seras plus dans les parages, et tu ne vas pas beaucoup y être. Tu dois laisser tomber ton amour-propre parce que tout ce qu tu crois savoir est faux.
"Tu dois te montrer amical envers des gens que tu n’apprécies ni politiquement, ni socialement, ni moralement. tu dois respecter les journalistes qui sont tes aînés. Tu ne dois pas juger les gens mai apprendre à juger la qualité des informations qu'ils te donnent. Tu dois diminuer tes heures de sommeil, de sport et de lecture. Ta vie va se réduire à lire le journal, boire des coups avec tes sources, regarder les infos, vérifier que l'on ne t'a pas piqué un scoop et respecter les deadlines. Tu sera abreuvé d'un travail qui te paraîtra insignifiant et stupide mais tu le feras quand même.
"Tu apprendras à laisser de côté ce que tu aimerais être vrai et trouver ce qu'est la vérité, et tu la rapporteras telle qu'elle est, et non telle que tu la souhaites. C'est un travail important. Les journalistes sont les seuls dans ce pays à tenir tête aux forces dominantes. Ils ont les derniers gardiens de cette démocratie fragile que nous avons au Japon.
"Laisse tomber tes partis pris, ta dignité, ton orgueil, et fais le boulot. Si tu peux faire ça, tu pourras devenir un grand journaliste."
Il dit tout ça sans marquer de pause, dans un monologue calme et maitrisé. Il était évident qu'il y réfléchissait depuis très longtemps.
Mais il n'avait pas fini.
"Souviens-toi de ça. Sois prudent, sans quoi tu perdras tout ce qui copte pour toi, jusqu’à ta propre personne. C'est un numéro d'équilibriste ardu. Parfois les gens s’abandonnent complètement à leur travail et n'en tirent rien en retour. Cette entreprise s'occupera bien de toi tant que tu lui seras utile, et à moins de commettre un crime, tu ne seras jamais viré. C'est une vrai sécurité de l'emploi. Toutefois, en tant que journaliste tu deviens une marchandise remplaçable. Une fois ton utilité obsolète, tu ne seras plus journaliste. Tu feras autre chose. Un journaliste n'a qu'une vie très court dans cette maison. Profites-en tant que ça dure. En clair, déleste-toi de tout ce qui est superflu, mais fais en sorte de laisser derrière toi quelque chose qui mérite d'exister."
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Le bar où il m’avait donné rendez-vous était un troquet sordide. Microscopique. Ça ressemblait plus à un placard. Un comptoir en pierre de lave traversait la pièce. Il n’y avait ni fenêtre ni table à laquelle s’asseoir. Il faisait si noir que chaque fois que j’allumais une cigarette j’avais l’impression de déclencher un incendie.
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« Tu as fait la seule chose que tu pouvais faire. Tu as pris la bonne décision. Aucun article ne vaut la peine de mourir, aucun article ne mérite non plus que ta famille meure. Les héros sont simplement ceux qui n’ont plus le choix. Tu avais encore le choix. Tu as fait le bon. »
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Les Japonais ont un mot si subtil et compliqué pour désigner la tristesse qu'aucune traduction ne lui rend justice.
Setsunai est habituellement traduit par "triste", mais il décrit plutôt un sentime de tristesse et de solitude si fort que vous pouvez le sentir physiquement dans votre poitrine, comme si vous étiez oppressé, comme si vous ne pouviez plus respirer : une tristesse physique et tangible. Il y a aussi ce mot, yarusenai, qui désigne une peine ou une douleur si intense que vous ne pouvez pas vous en débarrasser, qu'il est impossible d'en faire le deuil.
Il y a des choses comme ça. Vous les oubliez en vieillissant, mais à chaque fois que vous y repensez, vous sentez ce yarusenai. Il ne s'en va jamais vraiment : il se contente de se mettre dans un coin et de se faire oublier pour un temps.
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Parfois, dans la montagne, les animaux finissent par dessiner un sentier à force d’emprunter toujours le même chemin. Si tu ne le sais pas, tu es tenté de croire qu’il a été tracé par des hommes – parce que ça en a l’air. Si tu suis ce chemin, le sentier des bêtes, tu n’aboutiras nulle part. Les gens se perdent dans la nature, ils s’enfoncent de plus en plus et finissent complètement perdus. Parfois ils ne peuvent plus faire demi-tour et ils meurent. Cette voie n’est pas faite pour les hommes, c’est un détour mortel. Es-tu sûr de vouloir t’y aventurer ? Car cela ne te mènera pas là où tu veux aller.
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Videos de Jake Adelstein (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jake Adelstein
Extrait du livre audio « Tokyo Detective » de Jake Adelstein, traduit par Doug Headline, lu par Benjamin Jungers. Parution numérique le 5 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/tokyo-detective-9791035414894/
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