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Jules Falquet (Autre)
EAN : 9791090507395
144 pages
Ici Bas (25/02/2022)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Une réflexion profonde et vivifiante sur les résistances aux États-nations, par l'une des voix les plus fécondes de la critique décoloniale en Amérique latine.

À rebours des assignations et représentations homogénéisantes façonnées par le pouvoir, ce recueil de textes fondateurs de Yasnaya Aguilar, interroge à la source l’« être indigène », ce « nous » inscrit dans une catégorie paradoxale, à la fois levier de résistance et d'oppression. Yasnaya Agui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nous sommes tellement bien conditionné(e)s qu'il nous est presque impossible de penser notre monde autrement qu'à travers une planète découpée en multiples nations. Pourtant d'autres paradigmes peuvent s'inventer et certains existent déjà. Notre société construite sur le colonialisme,le capitalisme,le paternalisme n'est pas la plus équitable qui soit et n'est pas un ordre naturel donc elle peut se déconstruire. Y.E Aguilar Gil est une écrivaine et linguiste née à Oaxaca au Mexique. Pour des raisons personnelles étant elle même " indigène" ,mais aussi motivée par le désir militant d'ouvrir d'autres horizons et de sensibiliser les lecteurs à une émancipation possible des peuples,elle explique dans cet essai que l'Etat n'a pas toujours existé. Qu'il est apparu par le biais d'une coalition de la bourgeoisie afin de servir ses propres intérêts en divisant les peuples par des notions de classe,de race,de sexe. Bien sûr en divisant également le travail localement, nationalement et internationalement. Elle aborde cette question de l'Etat et ses abus de pouvoir sous différents angles,étudie ses stratagèmes dont l'anéantissement des langues non nationales dont l'impact est immense puisqu'être privé d'une langue c'est être amputé de tout un champ cognitif. Elle rappelle qu'en 1998, L Académie Française a refusé de reconnaître l'existence de langues régionales en affirmant que cela portait atteinte à" l'identité nationale".
Son ouvrage est un playdoyer pour l'autonomie et l'autodétermination des peuples et elle illustre la certitude que cela est possible par la description de plusieurs communautés déjà existantes,et la lutte de nombreux peuples dont celui dont elle fait partie. Il est surtout question de l'Amérique Latine mais évidemment sans aucune exclusion. Elle détaille les différentes formes de lutte et porte un regard attentif à la place des femmes dans l'Etat capitaliste mais aussi dans les communautés autonomes. Bien qu'universitaire , elle s'attache tout au long de son analyse à s'appuyer sur des réflexions et des expérimentations collectives qui oeuvrent ,chacune à leur façon, à la recherche d'alternative à l'Etat.
le sujet de ce livre est passionnant et apporte beaucoup d'espoir et d'énergie pour résister à un ordre qui n'a pas de sens ni d'intérêt pour la majorité . Il repositionne les raisons de ce qui nous gouverne et permet ainsi la remise en question de sa légitimité. Cependant, j'avoue avoir eu de la difficulté à le lire ,je sais que je n'ai pas accédé à la totalité de sa richesse parce que c'est un écrit qui nécessite une attention forte et des connaissances que je ne possède pas. La multiplicité des sujets abordés complexifie la lecture.pour ces raisons je ne peux m'autoriser à le noter car je n'en ai pas la légitimité.
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« Il y a environ trois cents ans, par le biais d'un processus complexe, lemonde a commencé à privilégier une monoculture sociopolitique qui a morcelé la planète en entités légales et juridiques dénommées État-nations, ou plus communément, pays. Selon cette tradition, seule la tutelle de l'État et de son cadre juridique est capable d'organiser la vie en commun. L'État s'obstine à contrôler la totalité des interactions sociales. Malgré cela, des structures émergent et résistent dans le monde entier, nous rappelant l'existence d'autres façons, plurielles, de nous organiser en tant que sociétés, en opposition à cette monoculture sociopolitique, et ce notamment parmi les peuples indigènes du monde. L'État est la structure sociopolitique qui s'est avérée la plus opérante pour le colonialisme et le capitalisme, mais il existe partout des démarches qui tendent vers d'autres possibilités. » Yásnaya Elena Aguilar Gil, née dans la montagne Mixe de l'État d'Oaxaca, formée en littérature et en linguistique à l'université de l'UNAM, passe l'État et ses différents dispositifs, au crible de sa critique, pour proposer d'autres options.
(...)
Yásnaya Elena Aguilar Gil nous parle, « dans la langue d'Astérix », de la résistance à « un grand système envahisseur » et de la nécessité « former un nous sans État, un nous planétaire ». Sachons l'écouter.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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N'ai déménagé, et n déménagement ça ralentit le rythme de lecture mais ça n'empêche pas de tomber sur une pépite.
Une pépite qui comme un déménagement peut rabattre les cartes de l'organisation d'une vie, modifier les angles de vue.

Dans «Nous sans l'État» , Yásnaya Elena Aguilar Gil, chamboule tout, à l'intersection des luttes anticoloniale, anti-patriarcale et anticapitaliste elle nous parle de la démocratie aux marges de l'État-nation.
Un État-nation vantant un modèle à monoculture sociopolitique étouffant les aspérités émancipatrices des organisations "indigènes" au Mexique et partout dans le monde.
Linguiste et écrivaine Y.E.Aguilar Gil, nous parlera de l'appropriation des terres par les grands groupes capitalistes avec la complicité étatique, du rejet des langues régionales par souci de (dés)intégration.
Seront abordés également la multitude d'organisations sociopolitiques riches de leur résistance communautaire (fédérée) et ancestrale à la forme État-nation, changeant les regards sur la justice et l'entraide.

Un vrai bol d'air, une superbe découverte qui ouvre le champ des possibles...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il y a environ trois cents ans, par le biais d'un processus complexe, le monde a commencé à privilégier une monoculture sociopolitique qui a morcelé la planète en entités légales et juridiques dénommées État-nations, ou plus communément, pays. Selon cette tradition, seule la tutelle de l'État et de son cadre juridique est capable d'organiser la vie en commun. L'État s'obstine à contrôler la totalité des interactions sociales. Malgré cela, des structures émergent et résistent dans le monde entier, nous rappelant l'existence d'autres façons, plurielles, de nous organiser en tant que sociétés, en opposition à cette monoculture sociopolitique, et ce notamment parmi les peuples indigènes du monde. L'État est la structure sociopolitique qui s'est avérée la plus opérante pour le colonialisme et le capitalisme, mais il existe partout des démarches qui tendent vers d'autres possibilités. 
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L'idée que l'État est la seule option possible en matière d'organisation de la vie des sociétés est si influente qu'elle a détruit la capacité d'imaginer ne serait-ce qu'une vie différente. 
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J'avais besoin d'imaginer des mondes radicalement différents car même les récits qui me traversaient parvenaient à brider cette exploration. Je résistais en imaginant ne pas résister. Je résistais en voulant échapper aux récits de résistance qui s'ajustaient toujours aux systèmes d'oppression.
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S'il est fondamental de combattre l'idéologie nationaliste, il l'est également de proposer quelques axes pour la gestion de la vie autonome. Compte tenu des réalités très diverses que présentent les peuples indigènes, il s'avère difficile de tracer un seul scénario envisageable pour la construction de structures d'autogestion aussi éloignées que possible des mécanismes étatiques. Malgré cela, on peut esquisser quelques idées d'orientation.
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Le tapage causé par l'inclusion individuelle dans les systèmes de validation occidentaux masque l'exclusion collective sur laquelle ils se fondent et c'est en cela qu'elle est dangereuse. S'insérer dans le système oppresseur, pour mieux résister, comporte toujours le risque que le sujet soit instrumentalisé pour légitimer ce système.
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