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EAN : 9782072780110
368 pages
Gallimard (23/08/2018)
3.42/5   12 notes
Résumé :
"Je suis quelqu’un qui a vu un enfant un jour, un nourrisson qui a disparu. Je suis quelqu’un qui connaît un secret. Probablement que je le sais depuis longtemps, parce que ça ne me détruit pas d’apprendre son existence. Je suis choquée, par contre, que mon père en dise le nom à haute voix : "le fils de l’Autre !" Personne ne l’a jamais fait, nommer l’innommable". Un secret hante les membres d’une famille éclatée entre la France et le Sénégal. Mais un jour de juin, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le grand secret qui innerve le premier roman d'Aminata Aidara est révélé dès ses premières pages. du moins le croit-on jusqu'à la découverte de la vérité, à la fin du livre. Ne pas croire cependant que Je suis quelqu'un soit un récit à suspense. La romancière a plutôt essayé de tisser une histoire familiale à fortes connotations sociales qui explore la psychologie complexe d'une mère et d'une fille ainsi que d'autres personnages qui gravitent autour d'elles sur un axe Paris-Dakar. le journal intime de la première et les confessions de la seconde se déploient au fil des pages dans une architecture narrative qu'on a parfois du mal à assimiler. Indubitablement, l'auteure, italo-sénégalaise, possède un vrai style et un vocabulaire étendu. Au point qu'il y a un véritable décalage entre ce que sont ses héroïnes et la façon, sophistiquée et littéraire, dont Aminata Aidara les fait s'exprimer. Comme si elle les contraignait à utiliser ses propres mots d'écrivaine, bien trop raffinés. C'est une impression toute personnelle, qui paraîtra peut-être étrange à certains lecteurs, mais le livre est de ceux qui semblent refuser leur liberté aux créatures qu'il a créé. C'est une sensation étrange et presque impossible à expliquer. le caractère polyphonique de Je suis quelqu'un ne fait qu'ajouter à ce sentiment d'une certaine confusion et d'incompréhension pour un roman que l'on peut admirer pour son écriture mais trouver malgré tout fastidieux par moments et de toute manière trop empreint d'une recherche évidente d'aboutir à une oeuvre littéraire au détriment d'une histoire qui aurait pu être moins sinueuse et plus directe dans son déroulement.


Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Genre : Roman polyphonique

Estelle, jeune femme de 26 ans d'origine Sénégalaise, vit en région parisienne depuis qu'elle a 11 ans. Son père, s'est séparé de sa mère à cette période, Il choisit la date de son 26 ème anniversaire pour lui révéler un secret de famille. (Je ne le dis pas ici, c'est un peu l'enquête principale, en plus rien n'est sûr dans ce que dit le père, (affabulateur ?))

Estelle va essayer de surmonter seule ce que son père vient de lui apprendre (est-ce la réalité d'ailleurs, sa mère lui a raconté l'inverse ?).
Elle se réfugie un temps chez sa soeur puis chez sa mère, sans bien réussir à mettre des mots sur ce qu'elle a appris. Elle commence une introspection depuis son départ du Sénégal à maintenant. Elle a de nombreux cousins et cousines, trois soeurs (dont une restée au Sénégal). Son amie d'enfance part à Londres la laissant encore plus seule en ce mois d'août (je lis ce livre au bon moment sans l'avoir fait exprès)

L'écriture de l'autrice (italo-sénégalaise) est toute en circonvolutions, aller-retour présent-passé, images et senteurs…

En parallèle de son histoire, le livre présente les messages vocaux d'une cousine d'Estelle (messages qui restent sans réponse : Estelle jette son portable dans les escaliers pour ne pas être tentée de répondre) et des mails de son cousin (arrivé en France à l'âge de deux ans et qui y retourne pour la première fois pour ses 18 ans)
Estelle n'a pas de « vrai » métier : elle se revendique comme artiste, organisatrice de squat…militant pour tous les exclus...

Une troisième partie raconte le témoignage de Cindy (une afro américaine, dont la soeur est une black Panther), amie avec Penda la mère, sur le fameux événement secret et sur d'autres aspects de la vie au Sénégal mais aussi au États Unis : discrimination….
Le témoignage d'Éric, l'ex compagnon de Penda et fils de harkis, dans une longue lettre adressée à celle ci , nous entraîne vers une autre vision de cette famille.

Enfin, Penda la mère, prend la parole et raconte sa vie au Sénégal, son mariage forcé :…le fait de l'entendre parler de ses 4 filles et de son fils est émouvant. C'est de loin la partie que j'ai préféré, ce portrait de femme tout en subtilités…
Elle essaie de sortir sa fille de la dépression …et de remonter le moral à son neveu qui est traumatisé d'avoir été tabassé par la police au Sénégal…

Sur fonds de liens familiaux et d'enquête intérieure, c'est toute l'histoire des relations Sénégal-France que l'on devine : ambiguës, secrètes… La volonté de cette famille africaine de se libérer de ses jougs personnels et historiques donne de l'espoir (en particulier avec la fin que j'avais sentie venir mais qui est très bien amenée.)

En conclusion : enchantée de ma lecture
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Quand Penda reçoit une lettre de son ancien amant lui signifiant qu'il veut la voir, pour une nouvelle promesse, l'épisode le plus douloureux de sa vie resurgit dans le quotidien de cette femme.
Au même moment, Estelle, la plus rêveuse de ces quatre filles, revient à la maison et semble engager dans sa chambre un combat délirant et silencieux contre une Vérité pas encore complètement dévoilée.
"Je suis quelqu'un" est l'histoire de deux femmes, mère et fille, à la fois proches et lointaines, qui essaient, le temps d'un été, de se définir par rapport à un passé dense et trompeur.
Un passé qui s'enracine dans une ville loin de Paris, entre privilèges perdus et soupçons de sorcellerie. Mais ce roman est aussi l'histoire de Mansour, Petit Cousin Fragile, qui retourne au Sénégal à la recherche des traces invisibles de sa mère, et de Dialika, Cousine de Coeur, dont le destin oscille entre Italie et France.
Un livre fort, poétique et réel, passionnant et onirique qui est aussi le récit d'une génération entre deux continents, d'une poignée de jeunes qui cherchent leur identité à la fois dans L Histoire, à la fois dans leur propre famille.
"Je suis quelqu'un" est un roman puissant à lire et à aimer avec la même force avec laquelle il a été écrit par Aminata Aidara.
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Le livre d'Aminata Aidara m'a profondément ému. J'ai été touché par la qualité poétique de l'écriture d'une part, et par l'histoire, composée de lettres, mais qui donne une impression de continuité, de narration très efficace. Des motifs se retrouvent dans le livre et accompagnent le lecteur, créant délicatement et lentement une forme de suspense qui prend toute son ampleur dans les dernières pages. le roman, avec de multiples protagonistes, est découpé en deux parties, du point de vue de deux personnages; celui de Penda m'a attiré par sa force et sa maturité.

Le livre, en filigrane, traite de problématiques contemporaines et complexes, et le fait avec brio. C'est une lecture essentielle pour percevoir les affres des personnes tiraillées entre plusieurs pays, entre plusieurs histoires, entre plusieurs descendances. La profondeur des personnages est exceptionnelle, et leurs psychologies sont denses et tellement crédibles! Au travers de ces expériences, j'ai eu l'impression de percevoir un propos dense et quasi-académique, porté par la vie et les réflexions des protagonistes, de tous âges et de toutes origines, qui ont en commun d'être des personnes cultivées. Estelle, une jeune artiste bohémienne, Mansour, un adolescent champion de slam poetry, Eric, un journaliste écrivain et Penda, une férue de Frantz Fanon.

Mais ce qui fait tout particulièrement la force du livre d'Aimata Aidara, c'est son style inimitable, d'une grande poésie. Les phrases s'envolent parfois dans de grands élans lyriques, et retombent toujours dans le propos, avec une grande justesse. Avec un vocabulaire soutenu, parfois exigeant, l'auteure emmène avec elle le lecteur dans des images très riches, au détour d'une phrase ou d'un paragraphe, pour le recueillir à la ligne suivante, ému d'avoir fait ce petit chemin sémantique inhabituel et surprenant.

Une très belle lecture, que je recommande à ceux qui sont intéressés par les thématiques contemporaines afro-descendantes, mais aussi à ceux qui veulent découvrir une écriture atypique et maîtrisée avec talent.
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le premier roman d'Aminata Aidara est une pépite arrivée tout droit dans nos mains.
Il faut ouvrir son coeur et plonger dans l'histoire sans retenue, sans questions. Tout y est fort et puissant, l'écriture, les mots...
Cette écriture semble "parler à notre âme" directement, elle pourrait donner parfois l'impression d'être difficile à aborder, mais une fois intégrée, une fois que nous laissons aller, elle nous plonge dans la tête et dans le corps d'Estelle, Penda, Eric etc. Chaque personnage a bien sa voix et il est beau de voir comme l'auteure nous les donne à lire sans retenue.
De voir comme un secret si lourd prend une forme et un poids bien différent chez chaque personne. de constater l'impact des non dits dans une famille. On s'attache à chacun, on les suit, ces êtres malmenés par la vie, avec des fêlures comme des failles dans la terre... qu'ils sont beaux et forts!
Par ce livre on entre aussi dans cette confrontation de sociétés, de cultures. Comme vit-on avec deux cultures différentes? quelle équilibre peut-on trouver? ou retrouver quand on change de pays?
les références sont nombreuses et belles, le livre (nous) ouvre!
C'est d'une richesse infinie.


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critiques presse (1)
LeMonde
28 septembre 2018
Au Sénégal, en France, où qu’ils vivent, les protagonistes de « Je suis quelqu’un » se cherchent des origines – et se retrouvent. Un beau premier roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Penda est désormais partie, elle a suivi un rêve d’amour, une des nombreuses promesses des hommes. Qu'elle ait été, au final, satisfaite ou non de son choix, elle aura toujours, pour moi, le mérite y avoir cru : profondément, éperdument. Elle a traîné avec elle trois de ses quatre filles, elle les a conduites dans la terre de l’ex-colonisateur, la France : elle n’est plus jamais revenue. Tandis que moi je suis restée, je reste et je resterai. Les States ne m’auront plus sous leurs griffes : je ferai de Gorée ma demeure éternelle.

Léopold Sédar Senghor, le premier président du Sénégal, venait ici pour réfléchir et composer ses poèmes. Moi je ne réfléchis pas : je survis. Dans le grand livre des visiteurs, j’ai baptisé ma visite à la Maison des Esclaves avec le titre du dernier livre de Georges Jackson, celui qui a lui a coûté la vie : blood in my eye. With Blood in my eye j’observe cette île, si tranquille, où les touristes discrets marchent en silence, conscients de la sacralité qui empêche les éclats de joie. With Blood in my eye je me montre, chaque jour, sur la terrasse qui surmonte les rochers noirs affreusement pareils à ceux de l’autre côté de Gorée, contre lesquels les esclaves trouvaient la mort.
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J’ai presque cinquante-deux ans et je m’aperçois que je suis plus pressée qu’autrefois. Je suis née le jour de la mort de Frantz Fanon, le 6 décembre 1961. Parce que c’est mon idole, il ne me semble pas exagéré de dire qu’il s’agit d’une coïncidence incroyable. Des fois je me demande : s’il n’avait pas existé, qu’en aurait-il été de moi ?
Nous avons partagé cette terre un bref instant. Et ce n’est pas important de ne pas l’avoir connu : j’ai lu tous ses livres et j’en ai absorbé la force, la détermination et le courage. Cela suffit.
Pendant longtemps j’ai connu la même fièvre de vivre que lui. Maintenant ma température a baissé. Et les gouffres de feu qui m’habitent sont désormais temporaires. J’ai affronté beaucoup trop de batailles et passé ma vie à croire en la force salvatrice d’une main. La main qu’on te tend quand tu as besoin d’aide, comme l’a fait Frantz avec ses écrits, pour des milliers d’êtres humains. Il nous a tendu la main ! Il nous a dit combien nous étions riches sans le savoir. Que l’Afrique pouvait et devait se relever de la position agenouillée qu’elle tenait, malgré elle, depuis des siècles.
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7 février 2009,
Île de Gorée

Cher Steve,

Peut-être que cette lettre te surprendra.
Mais, comme tout événement inattendu, elle pourrait aussi te faire plaisir.
Tu veux savoir la raison pour laquelle j’ai décidé de me manifester, après 30 ans de silence ? La voici : hier Joseph Ndiaye est mort. Il s’agit du vieil homme qui depuis près d’un demi-siècle s’occupait de la maison des esclaves, à Gorée. On lui a rendu beaucoup d’hommages dans les médias. Si tu es toujours attentif et engagé, tu ne les auras pas ratés.
Il est mort dix-sept jours après l’élection du premier président noir des États-Unis, Barack Obama. J’aurais aimé mieux connaître Joseph, ce vieil homme si tenace, au regard dur, par exemple en dehors de ses visites guidées. Pour l’entendre dire autre chose que la rengaine habituelle. Mais hélas, ça ne s’est pas passé : on a juste eu le temps d’échanger quelques mots avant qu’il ne s’en aille pour toujours. Et lui, quittant cette terre, n’a pas pu ajouter à la galerie de photos qui l’exposent avec les différents présidents américain celle avec Obama.
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Être un fils de harkis a été pour moi un stigmate. Tes grands-parents l’avaient prédit, ils m’ont donc donné un prénom à consonance judéo-chrétienne. Mais ça n’a servi à rien. J’ai eu la haine de moi-même. La rage contre eux. J’ai mis énormément de temps à accepter qu’ils avaient été bourreaux et victimes à la fois. Énormément de temps. Penser à eux de cette façon m’a aidé à me reconstruire. Autrement, je n’aurais pas pu. C’est pour nous extirper de leur silence que je t’écris, et si je pouvais je te parlerais. Ils ne m’ont jamais expliqué pourquoi ils ont choisi de s’engager ni ce qu’ils ont ressenti lors des massacres des leurs, alors qu’ils étaient à l’abri, en France. Nos vies ont été sacrifiées par les non-dits. Ce réel indicible nous a privés de mots pour d’autres vérités : même des vérités banales ne pouvaient plus être prononcées !
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Essayer d’avoir un air détaché face à toutes les injustices qui ont empoisonné mes origines n’a pas de sens ! Je le faisais et ça ne marchait pas. De toute façon la société me jettera à la figure ce que je ne voulais pas voir, savoir, concevoir ! Elle m’appellera négrillon, mangeur de bananes, chimpanzé. C’est pour cela que je devrai me cultiver : pour faire face aux insultes racistes et à tout ça. Ou je suis trop dramatique ? Quand je fréquentais encore les autres, je m’étais aperçu que parmi tout ce qu’ils disaient de moi, peut-être une seule chose était vraie : mon vieux m’a entraîné à la mélancolie. J’ai une librairie à la maison, maîtresse de mes succès sur scène, mais je sais bien ce que ça signifie d’être forgé par des regards d’agonie ancienne, par le tintement de couverts et par le crissement de pages au milieu du silence.
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