Derrière le masque

J'ai une tendresse toute particulière pour Louisa May Alcott et ses "Quatre Filles du Docteur March", l'un des romans cultes de mon enfance et de mon adolescence, que je relis encore parfois et dont je collectionne les adaptations cinématographiques et télévisuelles, qu'elles soient de franches réussites ou beaucoup plus... discutables.

Ainsi quand je suis tombée sur "Derrière le Masque", j'y ai cru d'autant plus que j'étais véritablement curieuse de découvrir les autres textes de l'auteur dans un registre bien différent de celui des soeurs March.
Et puis la quatrième de couverture vantait les qualités du roman, son atmosphère comparable à celles des romans de Wilkie Collins ou de Charles Dickens: comment alors ne pas succomber?

Quelle déception! Mais quelle déception!..

L'intrigue est cousue de fils blancs aussi discrets que des rubans de signalisation fluorescents et manque cruellement d'audace ou d'originalité en même temps que de crédibilité. Je sais, c'est fou!
Les personnages sont d'un manichéisme confondant -ceux qui se veulent complexes tout particulièrement- et d'une candeur qui confine au ridicule et à la bêtise. Ils sont parfois assez crétins quand même chez les Coventry.
Quant à la "méchante" de l'histoire, elle joue son rôle comme la meilleure des pires actrices du pire des soap et parvient à ses fins avec une aisance douteuse...

J'en ai levé les yeux au ciel plus souvent qu'à mon tour! J'ai peut-être même pesté un peu tout haut.

Dire que la bande-annonce du roman promettait de la férocité et une revanche sociale et quasi-féministe...

Heureusement le roman n'est pas très long et je regrette donc moins violemment le temps perdu à lire cette chose trop prévisible et mièvre à ses chapitres perdus.

L'idée de départ n'était pourtant pas mauvaise et cela aurait pu prendre et fonctionner... oui mais voilà, n'est pas Wilkie Collins ou Charles Dickens qui veut.
Et Louisa May Alcott n'est qu'elle-même et aurait peut-être dû s'en satisfaire, d'autant plus qu'elle n'avait pas à en rougir: son talent éclate avec tant de finesse et d'intelligence dans "Les Quatre Filles du Docteur March" qu'il n'y a plus rien à prouver.
Alors commettre "Derrière le Masque"...

Dommage mais sans rancune.

Louisa May Alcott est l'autrice d'un de mes romans jeunesse classique préféré : Les Quatre filles du Dr March que j'ai relu l'an passé, mais elle est également l'autrice de d'autres textes méconnus. J'ai eu envie de pousser la porte et découvrir le reste de son oeuvre.

Pour débuter ce genre d'aventure, quoi de mieux que de s'attaquer à la fois à un texte court, comme ça si ça ne passe pas ce n'est pas trop long ^^!, et un texte que l'on vend comme féroce et ambigu où on met en scène la revanche amoureuse et sociale d'une femme. Moi, ça me vend du rêve et j'ai adoré le texte !

Comme le disait l'éditeur, ce court texte, édité en plus dans une police parfaite pour ceux ayant une mauvaise vue, est une synthèse de ce qu'auraient pu faire ensemble Wilkie Collins (pour la satire), Mary Elisabeth Braddon (pour le drame) et Dickens (pour le côté sociétal). L'autrice est forte ! Alors certes, c'est une autre Louisa May Alcott que celle des Quatre filles du Dr March qu'elle publie dans les années qui suivent, mais c'est une Louisa May des plus revigorantes !

D'entrée de jeu, elle nous vend une héroïne qui est là pour mentir et tromper la famille où elle a été embauchée comme gouvernante. Ça ne peut être que savoureux de suivre ses plans, surtout dans une narration où elle enfile un masque de respectabilité des plus crédibles qu'elle ne baisse que très rarement. C'est donc particulièrement savoureux de la voir peu à peu s'immiscer dans cette famille, faire tourner la tête aux hommes de celle-ci et jouer les vierges effarouchées, voire la victime d'un ancien patron peu scrupuleux, surtout quand on est dans la confidence. On pouffe derrière notre main en la voyant manipuler tout son petit monde.

J'ai beaucoup aimé la plume énergique et doucement grinçante de l'autrice qui n'hésite pas à égratigner ces familles élitistes qui se croient tellement supérieures au peuple. Mais l'autrice est encore plus fine que cela, car si au début elle se montre critique envers eux, en nous faisant vivre au plus près d'eux, elle nous les rend peu à peu tellement familier qu'on en oublie leurs défauts et qu'on les trouve sympathiques, ce jusqu'au revirement final qui remet les pendules à l'heure. C'est du génie !

Son héroïne est un vrai génie du crime et de la vengeance que j'ai adoré suivre. Mlle Muir est des plus attachantes et sa roublardise vivifiante, totalement surprenante pour l'époque, le texte ayant été publié en 1866. J'ai toujours trouvé une certaine modernité chez l'autrice, elle le confirme en beauté ici. Quelle audace d'imaginer une telle anti-héroïne et de nous la faire passer pour une gentille fille pendant 90% de l'histoire. Il fallait le faire !

Si vous aussi vous avez adoré les Quatre filles du Dr March dans votre enfance, d'abord n'hésitez pas à le relire adulte c'est toujours aussi savoureux, et surtout n'hésitez pas à aller découvrir la richesse de la plume et des histoires de l'autrice en dehors de ce classique qui a pour trop éclipsé sa production pourtant fort piquante et moderne comme le démontre ce court roman de société grinçant.
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(Attention, spoiler très important) Très décevant. Je n'en attendais pourtant pas grand-chose : dès les premières lignes, j'ai su à quoi m'attendre (roman à l'eau de rose prévisible, personnages très gentils et niais qui se feront avoir par une méchante et hypocrite gouvernante) et espérais seulement que la fin ne serait pas trop "gnangnan" (du style "j'ai été très méchante, mais je m'en repens, parce que vous êtes les premiers à m'aimer malgré ma pauvreté" et force larmes de la part de la méchante-pas-si-méchante comme des "gentils-très-gentils" qui pardonnent). Tout s'est d'abord déroulé comme je l'avais imaginé, y compris mon agacement envers les personnages. Puisque je m'y attendais et avais justement besoin d'une telle lecture sans prise de tête, c'était parfait. Malheureusement, la fin, si elle ne correspondait pas à ma crainte, n'en était pas moins décevante pour autant. Certes, la gouvernante joue son jeu jusqu'au bout et y réussit même, bien qu'un enchaînement de circonstances trop heureux pour être vraisemblable permet à la riche famille d'ouvrir les yeux. Elle ne renie rien et regrette son comportement uniquement envers deux personnages réellement gentils, dont on ignore s'ils lui pardonnent ou non. Malgré cela, c'est resté très fade, et la tentative de donner de l'épaisseur psychologique aux personnages s'est avérée très maladroite et particulièrement mal venue. J'aurais vraiment préféré des personnages tout à fait noirs ou blancs plutôt qu'un tel gâchis.

Pour moi, ce roman "facile" et à l'eau de rose n'est même pas réussi dans ce genre littéraire, d'où l'unique étoile au lieu des deux que semblait promettre le début.

Un roman que j'ai tout simplement dévoré. Derrière le masque est avant tout une sombre histoire de manipulation, de désir d'ascension sociale sous les traits d'une gouvernante faussement angélique. L'écriture de Louisa May Alcott est simple, mais en même temps terriblement fine et efficace. Les personnages sont plutôt bien développés, Jean Muir en tête. J'ai apprécié la montée progressive en tension, le fait que le roman soit découpé en petits chapitres : on aurait presque l'impression de suivre un roman feuilleton ! En bref, je ne regrette absolument pas d'avoir ressorti ce livre de ma bibliothèque. Mon seul bémol reste que j'aurais préféré que le récit soit plus long, et plus travaillé au niveau de certains passages.

Jean Muir est une jeune gouvernante, qui a un don : celui de se faire apprécier de tous. Aussi lorsqu'elle entre au service des Coventry, afin de devenir la gouvernante de Bella et d'aider Mrs Coventry, invalide, elle réussit très vite à se faire une place. Derrière les apparences, Jean Muir est pourtant loin d'être celle que l'on croit… Réussira t-elle à mener à bien son plan ? Sera t-elle démasquée ? J'ai adoré me poser ces questions tout en avançant dans l'intrigue. Et surprise… la fin du livre nous offre justement un retournement de situation. Au niveau des personnages, j'ai surtout aimé celui d'Edward, l'un des fils de Mrs Coventry. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis tout particulièrement attachée à lui. J'ai bien sûr été agacée par Jean Muir, mais j'ai apprécié les scènes où la gouvernante s'abandonne et laisse entrevoir son vrai visage. Il aurait été intéressant que ces scènes aient été plus nombreuses. Quoi qu'il en soit, je vous conseille fortement cette lecture auprès de laquelle j'ai passé un agréable moment.
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Une lecture facile et néanmoins agréable, juste ce qu'il faut de temps en temps pour se reposer.
Mais si dès les premières pages, on comprend que la nouvelle gouvernante de dix-neuf ans, Jean Muir, n'est pas ce qu'elle semble être réellement, même si la fin est prévisible, Jean attire la sympathie et on se demande comment elle va mettre son plan à exécution. Car elle en a un, on le sait dès le premier soir.
Mais qui se cache réellement derrière le masque de Jean Muir?