ZOE ET GABRIEL MENENT L'ENQUÊTE de
Lou Allori, illustré par
Cyrielle Pisapia, est le 1er tome d'une série, en collaboration avec le journal "
Le Monde".
Les premiers chapitres plantent le décor et le peuplent : le collège Comète, une classe de 4ème, deux écoliers, Zoé la réfléchie et Gabriel l'hyperactif. Et l'élément perturbateur, l'étincelle qui met le feu aux poudres de l'intrigue : les mercredis "option" au collège ! Qui amènent nos héros à faire leur stage de 3ème avec un an d'avance, en devenant journalistes... au "Monde'" ! Bon, c'était ça ou atelier couture, alors foutus pour foutus, diront les mauvaises langues...
Le mentor de nos héros est le journaliste
Tibo InShape, oups, je veux dire Tibo Mendole. Dynamique, blond, pas pesant, en fait même un peu distant : il laissera souvent Zoé et Gabriel se débrouiller seuls dans
le monde de l'enquête journalistique, pour n'intervenir qu'aux moments critiques. le lecteur découvre la rédaction du "Monde" en même temps que notre duo de collégiens. A certains détails pratiques, on a l'impression que l'auteur,
Lou Allori, a effectivement visité la rédac. Elle apparaît quelque peu différente de ce qu'on peut en voir dans le vieil épisode de "C'est pas sorcier" sur le journalisme, celui que tous les profs doc' et profs de français de 4ème connaissent... Référence pas inutile car le roman a une forte intention démonstrative et pédagogique.
Cette partie de l'histoire, assez vivante et joliment illustrée, permet de découvrir le voca de la presse des années 2020 et de ses métiers. On peut s'amuser à comparer avec les premiers chapitres de
SIX COLONNES A LA UNE de
Pierre Gamarra, une plongée dans la presse... des années 1960 (!). La typo au plomb, les garde-barrières ou les buralistes qui tenaient lieu de correspondants locaux, les dépêches téléphonées depuis une cabine... versus, le journalisme moderne, la rapidité, la téléphonie et les courriels, les archives numérisées, la veille sur les réseaux sociaux. Par-delà les époques, un devoir qui reste le même - informer.
Comme l'annonce le résumé au dos, nos héros vont se casser la tête pour trouver LE sujet parfait, histoire de conclure leur stage avec brio (et avec
Tibo). Plus facile à dire qu'à faire... Par chance, à force de fouiller, un entrefilet de la presse régionale finit par leur tomber sous les yeux : un médecin de province suspecte un scandale sanitaire sans en avoir la preuve. Signe des temps, maintenant que la question sanitaire s'est invitée avec force dans l'actualité... Va s'ensuivre une enquête, avec entretiens au téléphone, interview d'un témoin-clé dans un café (« Les prénoms ont été changés »), révélations en fouillant dans les bonnes archives...
L'avantage est que cela permet de faire saisir de manière simple, claire et ludique aux jeunes lecteurs en quoi consiste une enquête de fond pour des journalistes. On se rend d'ailleurs compte que le métier n'est pas simple et que mener une interview est un art délicat si on ne veut pas se planter là. L'inconvénient est l'aspect trop fortuit des découvertes (le grand-père de Zoé mis en contact par hasard avec un témoin capital, un autre témoin croisé par hasard en allant promener le chien, etc.) Remarque en passant, tout ce petit monde ne semble jamais surpris que nos deux journalistes soient de jeunes adolescents, alors que cela pouvait être réglé en quelques lignes en début de dialogue, ou même participer de l'intrigue, ou encore créer un running gag (« Oui on est des enfants, ON SAIT, maintenant nous avons quelques questions à vous poser... »)
Ce petit livre est rapide à lire et, répétons-le, à forte tenue pédagogique, sans doute pratique à étudier en 4ème pour une séquence de cours sur la presse. Il se conclut sur un happy end sympa (la méchante entreprise pharmaceutique qui fait machine arrière, un peu rapidement) et par l'article de nos héros !