Rendez-vous à Naples, devant le château.
Pierre et Lone attendent. En vain. Il y a le Castel dell'Ovo et le Castel Nuovo.
Mauvais départ pour cette croisière, donc.
Le roman est très court, il ne compte même pas cent pages. L'intrigue se développe sur quelques jours à peine. Il n'y a pas vraiment d'histoire. Non. L'intérêt du livre est ailleurs. Dans l'atmosphère, dans les non-dits.
Dès le début, l'ambiguïté s'installe : la confusion entre les deux châteaux aux noms très proches. le bateau s'appelle « Reviens ». Jeanne est la compagne de Jean. Mais avant, elle aimait Pierre, le frère de Jean. Pierre est venu avec Lone. Pourtant, il n'a pas oublié Jeanne. Il comprend : « Tu m'attends ? » au lieu de : « Tu m'entends ? ». Sur une casquette, il découvre avec étonnement l'inscription « Vendée Globe ». Il avait toujours cru qu'il s'agissait de « Vent des globes ».
Quatre personnages confinés dans un huis clos au milieu de l'immensité marine. La tension monte. Elle est palpable, semblable à l'orage qui menace, la chaleur qui étouffe, la mer dont la fraîcheur attire, alors qu'elle est peuplée de méduses, le bateau dont le moteur renâcle.
L'auteur met l'accent sur les sens. Tous sont en éveil, tous sont sollicités: « l'odeur (...)à la fois sucrée et maritime », « les épines de calcaire (…) tendres et rugueuses », « les chapeaux rose tendre qui semblaient très doux au toucher mais s'apparentaient à de répugnantes confiseries gélatinées » (les méduses), « le cliquetis des drisses (...)musique déstructurée et métallique ».
Les noms des personnages, si simples en apparence, me semblent, au contraire, très révélateurs.
Pierre et Jean sont des frères ennemis, comme dans le roman
De Maupassant, Jean et Jeanne se complètent, Lone est mise à l'écart de ce triangle amoureux (alone), elle ne parle pas bien le français, on la croit idiote, alors qu'elle rédige une thèse.
Le narrateur unique est Pierre. Il présente les choses comme il les voit, croit les voir, veut les voir. Il se trompe, il est manipulé. le dénouement est donc inattendu, mais tout à fait logique.
J'ai beaucoup aimé cette lecture.