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EAN : 9782707349439
128 pages
Editions de Minuit (04/01/2024)
3.49/5   79 notes
Résumé :
Ma voix avait changé. Des poils duveteux dessinaient sous mon nez les prémices d’une moustache et de rebutants boutons me mangeaient le visage. Depuis le début de l’année, on se moquait de moi au collège Irène-Joliot-Curie. Ma mère, elle, ne me supportait plus. Elle se méfiait, même, et m’avait à l’œil après ce qui s’était passé dans le vestiaire du gymnase. J’avais intérêt à bien me comporter durant le week-end chez mes grands-parents. Pour être honnête, je la comp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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L'art subtil du suspense avec trois fois rien…La bête humaine toujours en tapinois…

Les romans de Vincent Almendros me font penser à de petits et jolis napperons en dentelle…Tous ont pour point commun d'être des romans très courts et tous font du malaise sournois et de l'angoisse diffuse, leurs matières premières essentielles, fibres que l'auteur entrelace avec subtilité. Tous utilisent l'art de l'ellipse et une écriture sobre, minimaliste : derrière l'apparence de banalité sourdent l'angoisse et la violence. Ce sont ainsi de petites pièces travaillées, regorgeant de silence, de vide, pour former un ensemble délicat et sobre. Chaque pièce a son climat, son ambiance singulière.
D'ailleurs ces livres semblent quelque peu liés, « Ma chère Lise » « Faire mouche » « L'été » « Sous la menace », gageons que son prochain livre aura pour titre « de l'orage », ou bien « Des ombres »…Je lance les paris.
Quelle que soit la destination, je suis chacun des petits cailloux d'humour noir semés par l'auteur avec toujours le même plaisir. On ne sait jamais trop à quoi s'attendre en ouvrant un livre de Vincent Almendros, si ce n'est que la bête humaine en tapinois, la vigilance est de mise.

« Faire mouche », paru en 2018, est le livre qui, du fait de son atmosphère oppressante et étrange, m'a le plus marquée. Celui dont la chute est la plus abrupte. Derrière la banalité d'une virée dans la campagne de son enfance, le passé encombrant d'un homme se révèle petit à petit, par petites touches progressives, aplats de couleur se superposant, révélant tout doucement un tableau sur lequel brille l'horreur.
Dans ce dernier opus, Vincent Almendros choisit comme personnage principal un adolescent, Quentin, en pleine puberté, gêné par la façon dont se modifie son corps, qui va, le temps d'un week-end, être enfermé dans le monde des adultes, huis-clos familial dans lequel il doit obéir à une mère sèche et qui semble ne plus pouvoir le supporter. Avec elle l'ambiance est tout simplement glaciale, ce d'autant plus qu'il risque de se faire exclure de son collège pour s'être battu avec un camarade.
Entre la tempête hormonale qui a lieu en lui, le désarroi face aux transformations de son corps, les non-dits et les secrets qu'il comprend confusément, l'attitude maternelle qui le rabaisse et le nie, Quentin ressent une violence qui parfois vibre autour de lui…
En tout cas ce week-end, avec sa cousine de onze ans, ils partent chez les grands-parents paternels et comptent aller au cimetière rendre visite à son père mort six ans auparavant. Un week-end qui sera pour le jeune garçon un moment de tragique prise de conscience qui le fait sortir définitivement de l'enfance.

« Ma voix avait changé. Des poils duveteux dessinaient sous mon nez les prémices d'une moustache et de rebutants boutons me mangeaient le visage. Depuis le début de l'année, on se moquait de moi au collège Irène-Joliot-Curie. Ma mère, elle, ne me supportait plus. Elle se méfiait et, même, m'avait à l'oeil après ce qui s'était passé dans le vestiaire du gymnase. J'avais intérêt à bien me comporter durant le week-end chez mes grands-parents.
Pour être honnête, je la comprenais. Mes camarades et elle avaient raison. Avec l'arrivée de la puberté, j'étais en train de devenir un monstre ».

Ce que j'aime chez cet auteur c'est sa façon de distiller le malaise dans les moindres détails. Même le poisson que l'on s'apprête à cuisiner nous met mal à l'aise…Chaque scène a son lot de tension, Vincent Almendros les orchestre en en modulant savamment la dose. Et à chaque page, nous nous demandons si le pire va arriver…ou pas. Parfois il suffit d'un mot, en passant, pour déceler ce qui se joue vraiment alors qu'il ne se passe apparemment quasiment rien. « J'ai déraillé »…Véritable jeu de pistes, la densité du style, de l'écriture, des mots, fait naitre la perception de la tension…

« Entaillée de coupures roses faites délicatement dans la chair avec la lame d'un couteau, sa peau grise et blanche luisait d'huile. Sa bouche, entrouverte sur de fines dents acérées, donnait l'impression qu'il essayait de dire quelque chose et son oeil, d'un noir profond et cerclé de nacre, avait l'air de me regarder.
Allez, sois gentil, me dit ma grand-mère, va porter ça dehors à ton grand-père.
Je pris le plat qu'elle me tendait, à l'intérieur duquel le gros poisson fuselé était étendu sur le flanc, puis sortis par la véranda ».


« Sous la menace » est ainsi un huis-clos familial dans lequel la tension est palpable à chaque phrase grâce à une écriture travaillée, minimaliste et sobre, mettant en valeur les affres de l'adolescence, depuis la sensation de rejet, en passant par la naissance ambigüe du désir, jusqu'à la prise de conscience du monde adulte et de ses failles, de ses secrets. Ce livre regorge de réminiscences de notre propre adolescence, de nos propres pulsions qui ne cessaient, rappelons-nous, de menacer notre intégrité psychique et physique. Une épure réussie à l'image des plus belles épures des Éditions de Minuit !






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Deuxième rencontre avec Vincent Almendros, et dès la départ comme dans « Faire mouche », dans une apparente banalité sourde le malaise, s'instaure une tension invisible. Un ado de quatorze ans mal dans sa peau, une mère avec laquelle il ne semble pas être en symbiose, une cousine, garçon manqué plus jeune, le trio part en week-end chez les grand-parents paternels. le papa est absent, il a eu un accident . le temps de ce week-end en apparence anodin, Almendros sème des petits indices par le biais de tout petits détails intrigants, qui va dévoiler un passé encombrant….

Un peu comme Yves Ravey , minimaliste, mais avec une logique qui tient toujours la route et une écriture très visuelle et sensuelle qui saisit les choses au vif, Almendros m'a à nouveau subjuguée.


« Entaillée de coupures roses faites délicatement dans la chair avec la lame d'un couteau, sa peau grise et blanche luisait d'huile. Sa bouche, entrouverte sur de fines dents acérées, donnait l'impression qu'il essayait de dire quelque chose et son oeil, d'un noir profond et cerclé de nacre, avait l'air de me regarder…..Je pris le plat qu'elle me tendait, à l'intérieur duquel le gros poisson fuselé était étendu sur le flanc, puis sortis par la véranda. »
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Quand aux affres de l'adolescence vient soudain s'ajouter la révélation fortuite d'un secret de famille, le roman d'Olivier Almendros en laisse alors deviner un autre entre les lignes.


Quentin a quatorze ans. Avec sa mère et sa jeune cousine Chloé, il se rend chez ses grands-parents pour le week-end. Finalement, ils ne feront pas le crochet habituel pour rendre visite au père du garçon, dont le lecteur est encore très loin d'imaginer où il se trouve. Pour l'heure, l'ambiance est lourde dans la voiture. C'est que Quentin risque l'exclusion de son collège pour s'être battu avec un camarade de classe qui raillait sa récente mutation en monstre acnéique, envahi d'une nouvelle pilosité et en dérapage continu côté cordes vocales. Entre l'adolescent mal dans sa peau et la mère prise de défiance, l'incompréhension a pris toute la place. Alors la grand-mère a beau les accueillir de son efficacité chaleureuse et le grand-père du fond de sa mémoire perdue, rien ne semble près de soulager la tension qui, entre conflit et ennui, tient ce petit monde clos sous sa menace.


Dans cette atmosphère de cocotte-minute qui installe d'emblée l'inquiétude chez le lecteur, il ne va en définitive pas se passer grand chose, si ce n'est que ce pas grand-chose va chasser Quentin encore un peu plus loin de l'enfance. Distillés au fil d'une observation fine et réaliste, ce sont mille détails qui, parfois au détour d'un simple mot, viennent trahir la métamorphose en cours, malgré lui, du garçon. Même Chloé, pour sa part enchantée de la vieille cabane dans les arbres et des cabrioles dans la piscine, mais déstabilisée par le climat de tension érotique né entre eux, ressent le malaise sans se l'expliquer. La pauvre est à cent lieues de se douter qu'elle détient la clé d'un secret de famille et qu'une toute petite phrase innocemment répétée viendra soudain ouvrir en brèche les fissures qui commençaient à lézarder l'enfance de son cousin.


Tout l'art d'Olivier Almendros tient en une densité lexicale si soigneusement travaillée que, comme dans un jeu de piste, les mots deviennent indices d'une profondeur cachée, parfois même de véritables chausse-trappes ouvrant sur le vertige d'une autre histoire, franchement tragique celle-là. Escamotée avec les meilleures intentions du monde, elle n'en finit pas de distordre les relations entre les personnages, les murant toujours plus avant dans le ciment du malentendu et de l'incompréhension pour resurgir à l'improviste et les manipuler à leur insu. Ainsi la plus banale réalité quotidienne peut-elle masquer de bien terribles abysses…


Sous le réalisme faussement simple d'une intrigue des plus ténues, Olivier Almendros joue en virtuose entre les lignes pour nous livrer deux histoires en une, celle qu'enfants, nous prenons avec confiance pour la réalité, et celle qu'à l'adolescence, nous découvrons avec des yeux nouvellement dessillés. Un livre tout en subtilité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Trois personnes, une mère, son fils, qui est aussi le narrateur et est sous la menace d'un conseil de discipline dans son collège, et sa nièce, s'arrêtent chez Jardiland pour offrir des fleurs au père. Les enfants restent sur le parking et la mère ressort du magasin avec une plante. Ils vont ensuite non pas voir le père mais chez les grands-parents paternels. le grand-père semble perdre la mémoire… ● Ce récit est dans la lignée des autres romans de Vincent Almendros et aussi dans celle des éditions de Minuit : c'est une épure. Presque rien n'est dit, tout est suggéré, dans un style d'une grande précision et d'une parfaite élégance. En même temps, il y a une vraie intrigue, et elle est touchante. ● En quelques notations, les personnages sont très bien campés, notamment Quentin, le fils et narrateur, en proie à une puberté qui le couvre d'acné et qui, à son propre avis, le rend difforme, et est dans une relation d'opposition à sa mère – ou plutôt c'est la mère qui s'oppose à lui. ● J'ai trouvé la fin moins abrupte que dans d'autres romans de l'auteur. ● Une réussite.
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Un bijou! Une lecture bonheur !
Un style très particulier,
des petites touches de rien
qui avancent vers le drame..
Et puis trois pas en arrière, ...
Retour à la normale, on nous rassure..
Et puis de nouveau
cette montée vers l'inéluctable tragique...
Ça va péter?
Quand?
Comment ?
Un bouchon de non-dits
qui paralyse une famille.
Des tensions, des évitement, de la méfiance..
Explosion de violence
des hormones contenues..
Une grand mère en maillot de bain
Un papi perdu dans son monde
Une mère psycho-rigide
Des ados mal dans leur mue.
Cet écrit très court et condensé
se dévore comme un thriller.
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critiques presse (4)
Culturebox
23 avril 2024
L'auteur d'Un été et de Faire mouche (Éditions de Minuit, 2015 et 2018) confirme son art de distiller dans une écriture éthérée et précise le malaise et la tension produite par des secrets et des mensonges qui empoisonnent la vie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
22 février 2024
Cette malicieuse élaboration de la forme, très en phase avec le catalogue des Editions de Minuit, qui accueille Vincent Almendros, ne se fait pas au détriment du récit ou des émotions : elle nourrit au contraire ce roman de l’adolescence, du silence et du deuil.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
12 janvier 2024
L’écrivain dose la tension de chaque scène tout en conduisant le récit à pas feutré avec la plus grande précision.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesInrocks
09 janvier 2024
Avec “Sous la menace”, Vincent Almendros enferme un ado dans un huis clos familial pesant. Un véritable travail d’orfèvre.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ma grand-mère s'attendrit de cette indocilité inattendue, puis s'approcha de moi et m'enlaça.
À bientôt, me dit-elle.
Elle me témoignait toujours son affection d'une manière trop marquée au moment des départs, avec une intensité qui me paraissait suspecte alors que, durant le reste du week-end, elle ne m'avait pas spécialement manifesté de tendresse.
(P. 131)
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Je n’insistai pas. À 14 ans, j'avais fini par comprendre que ma mère suivait des logiques qui lui étaient propres. En voulant toujours tout simplifier, elle compliquait souvent les choses, elle aussi.
(P. 14)
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Entaillée de coupures roses faites délicatement dans la chair avec la lame d'un couteau, sa peau grise et blanche luisait d'huile. Sa bouche, entrouverte sur de fines dents acérées, donnait l'impression qu'il essayait de dire quelque chose et son œil, d'un noir profond et cerclé de nacre, avait l'air de me regarder.
Allez, sois gentil, me dit ma grand-mère, va porter ça dehors à ton grand-père.
Je pris le plat qu'elle me tendait, à l'intérieur duquel le gros poisson fuselé était étendu sur le flanc, puis sortis par la véranda.
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Entaillée de coupures roses faites délicatement dans la chair avec la lame d'un couteau, sa peau grise et blanche luisait d'huile. Sa bouche, entrouverte sur de fines dents acérées, donnait l'impression qu'il essayait de dire quelque chose et son œil, d'un noir profond et cerclé de nacre, avait l'air de me regarder.
Allez, sois gentil, me dit ma grand-mère, va porter ça dehors à ton grand-père.
Je pris le plat qu'elle me tendait, à l'intérieur duquel le gros poisson fuselé était étendu sur le flanc, puis sortis par la véranda.
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Au moment où elle parvint enfin à grimper dessus, je ressentis un grand vide à l'idée que c'était elle qui avait parlé de l'accident de mon père à sa copine
Si Mamy Ramanalarahona avait tout répété à son frère, c'était à cause d'elle. Et donc, c'était à cause d'elle que, dans quelques jours, j'allais être renvoyé de Joliot-Curie.
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Vidéo de Vincent Almendros
Lecture par Emmanuel Noblet Rencontre animée Camille Thomine
Depuis quatre romans, Vincent Almendros cultive un art subtil et délicat, où les intrigues sont toujours portées par une tension sourde, palpable mais invisible. Et les situations sont souvent « ordinaires », du moins en apparence.
Ici Quentin, un adolescent de quatorze ans, parle. Il raconte sa « monstruosité » physique, ses difficultés sociales au collège Joliot-Curie, sa relation compliquée avec sa mère. Un week-end qu'ils passent chez sa grand-mère maternelle, sa cousine de onze ans est avec eux. Or Quentin n'est pas insensible à la toute jeune femme et sa mère le surveille… le suspens et la drôlerie de ce livre rivalisent avec l'émotion puissante qu'il fait naître.
« Avec l'arrivée de la puberté, j'étais en train de devenir un monstre. » Vincent Almendros, Sous la menace.
À lire – Vincent Almendros, Sous la menace, éd. de Minuit, 2024.
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