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EAN : 9782735129522
345 pages
Maison des Sciences de l'Homme (16/11/2023)

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Dans son essai « Les Graines de l'au-delà. Domestiquer les plantes au Proche-Orient, (2023, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 346 p.), le chercheur Nissim Amzallag suggère que la domestication des plantes et le fondement de l'agriculture auraient conduit à la naissance des divinités religieuses il y a plusieurs milliers d'années au Proche-Orient,
Auparavant, ce biologiste français a traité l‘épistémologie dans cette matière. En résulte « La raison malmenée. de l'origine des idées reçues en biologie moderne » (2002, CNRS Editions, 264 p.). Il y développe une théorie sur son approche purement réductionniste qui s'est progressivement imposée au cours du XXe siècle sur la base de critères idéologiques. Il affirme, en particulier que le développement de la science est dû aux alliances que les scientifiques ont établis avec le pouvoir politique, ou autres groupes de pouvoirs au sein des sociétés. le même paradigme sert à expliquer le système de « reproduction » au sein de la communauté scientifique. Puis, dans « La Forge de Dieu. Aux origines de la Bible », de Nissim Amzallag (2020, Editions du Cerf, 304 p.), il envisage le début du monothéisme au terme duquel le petit dieu Yahvé, ou plus simplement le tétragramme YHWH, puisqu'il est interdit d'écrire son nom, s'est imposé dans le Moyen Orient.
Dans ce nouvel essai, il suggère que c'est la domestication des plantes et donc le passage de cueilleur à agriculteur qui auraient donné naissance à des divinités religieuses au Proche-Orient. Exit donc la théorie d'une secte de forgerons, ou plutôt de dinandiers, puisqu'il s'agit de l'âge du cuivre, avant celui de bronze et celui du fer.
J'ai déjà écrit à ce sujet dans « La Forge de DIeu » du même auteur, et exprimé mon opinion et septicisme à propos de « La Bible dévoilée : Les nouvelles révélations de l'archéologie » des archéologues Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman traduit par Patrice Ghirardi (2002, Bayard, 432 p.). Cette approche compare archéologie et textes bibliques. On la retrouve dans le livre qu'il faut mettre en rapport qui est celui de William G. Dever (1933- ) qui a publié « Aux Origines d'Israel, Quand la Bible dit Vrai » (2005, Bayard, 285 p.). Il n'est pas inutile de le rappeler ici, à savoir l'interprétation de pratiques religieuses à partir de l'archéologie.
Ce n'est qu'à partir de 1970 que les méthodes inspirées des sciences sociales et bénéficiant des techniques scientifiques, se sont peu à peu imposées aux interprétations bibliques. Ceci dit, les archéologues tombent d'accord sur le fait que nombre de légendes, de personnages et de fragments de récits de la Bible remontent fort loin dans le temps. Finkelstein et Silbermann foncent le clou. « Jusqu'à présent, l'archéologie biblique essayait de repérer les sites, les objets, les personnages et tentait de les faire coïncider avec les faits relatés dans la Bible et leur chronologie supposée. À l'inverse, nous partons de ce que découvre l'archéologie et nous reconstruisons l'histoire à partir de ces découvertes. Nous pouvons ainsi voir en quoi elle correspond ou non avec la réalité du récit biblique, en quoi les événements sont plus tardifs ou plus précoces que ce que nous en savions ». C'est cette lecture critique et ces données des vestiges qui m'intéressent.
Pour aller droit au but, la démarche de Nissim Amzallag me parait biaisée, voulant faire coïncider les faits bruts de l'archéologie aux textes bibliques. Déjà dans « La Forge de Dieu » il fait remonter la secte des forgerons à des descendants de Cain, le premier fils d'Adam et d'Eve. Là, dans ce nouveau livre, on se sait qui a précédé qui, si c'est l'oeuf ou la poule, ou en d'autres termes si c'est Dieu ou le froment qui fait l'hostie.
Bref, l'auteur assume « On considère généralement que l'originalité des Hébreux a été de transformer un dieu ordinaire, tel un dieu de l'orage ou protecteur d'une tribu, en un dieu unique. Je m'oppose à cette idée, comme à celle qu'il existerait un lien exclusif entre Yahvé et Israël. Cette vision procède d'un anachronisme transposant au passé lointain le culte de Yahvé tel qu'il était pratiqué à une époque tardive ». Déjà la dernière phrase me met mal à l'aise. Et il poursuit « Mais le plus tragique malentendu concerne le terme hébreu faisant de Yahvé un Dieu jaloux ». il est passé, peut-être sans le vouloir des sentiments ou opinions du peuple à ceux de Dieu lui-même. Pour moi, c'est un pu comme s'il en déduisait que Dieu est bien un barbu, à la toison blanche, en y rajoutant un costume rouge à bords fourrés blancs.
Son livre commence par ailleurs par un chapitre, ou mise en garde « Avant l'appropriation ». Avant d'entamer les 10 chapitres de la domestication et de l'agriculture. Je retiens de ce préambule « Et pour cela, il peut être utile de se défaire de quelques idées reçues ». Il conviendrait de s'en souvenir par la suite. Tout cela pour justifier que la sédentarisation, et donc l'élevage et l'agriculture, peuvent montrer leur autosuffisance et se comparer favorablement à la cueillette et à la chasse. On n'en n'est toujours pas au stade de la semence de « Dieu » au rayon graineterie. « Pour ce faire, il faudra se départir des visions généralistes qui considèrent la domestication comme un processus universel, une tendance naturelle et spontanée de l'Homo sapiens à s'approprier le monde ». Ce seront les cinq premiers chapitres.
Puis dans la seconde partie il présente « un moteur non-pragmatique susceptible de guider les premières phases du processus de domestication au Proche-Orient ». Cette activité y apparaît non pas liée à une recherche de sécurité alimentaire, mais à la découverte d'un transfert de vitalité depuis le monde des défunts vers les vivants, par l'intermédiaire des plantes qui croissent sur les sépultures ». On rentre déjà dans l'immatériel, avec « une importance spéciale pour les crânes des défunts ». En passant rapidement sur le fait que les ossements ne s'altèrent pas tous de la même manière. Sinon on ne pourrait contempler à Vienne et Salzbourg le crâne du jeune Mozart, puis celui de son mariage et enfin celui de son lit de mort.
Et d'argumenter sur la véracité de sa thèse. « Cette reconstitution resterait spéculative si elle n'avait laissé des traces dans les récits mythologiques relatifs à la naissance des plantes cultivées ou au culte des divinités qui les offrirent aux hommes ». On en revient à la prémice majeure: C'est écrit dans les textes sacrés. Donc Adam et Eve avaient trois fils, pas de fille pour engendre l'humanité ? et tout ce qui s'ensuit. On est loin des études sur la structure de l'ADN de sujets choisis un peu partout sur la planète, où l'on a identifié des lignées descendant de 10 fils d'un “Adam génétique” et de 18 filles d'“Eve”.
Ce qui n'explique toujours pas le passage de l'agriculture à la religion.
Il est intéressant, à ce stade, de revenir à son premier ouvrage « La raison malmenée » dans lequel Amzallag traite du problème de la fraude. Par fraude, il faut distinguer ce qui est fraude volontaire pour tromper son auditoire, et fraude inconsciente, souvent par omission. Les deux peuvent coexister.
Dans ma vie professionnelle, j'ai été confronté à ce problème de fraude. Avec des collègues, anglais et canadiens, nous avons écrit un article sur des massifs granitiques, indiquant leurs formes et leur mode rapide de mise en place. Rien de bien étonnant ou de révolutionnaire. Cependant, le service de presse de l'établissement du collègue canadien a vu lui parvenir ne série de demandes et de questions complémentaires, souvent issues du même groupe, ou secte religieuse. L'objet étant de confirmer la mise en place rapide de ces massifs. Toujours rien de bien choquant. Sauf que, à la lecture des articles de ces sociétés, la tromperie était organisée, et bien argumentée. Tout partait de portions d'articles publiés dans des revues scientifiques renommées. Untel a dit que, tel laboratoire a mesuré des âges, etc, etc, avec des références exactes. Tout cela montrait que ces formations résultaient d'épisodes brefs de quelques dizaines de milliers d'années. Rien que du vrai. Sauf qua par un habile saut sémantique, il y avait une phrase indiquant que les jours de Dieu correspondaient à un minimum d'un millénaire terrestre. Et donc que toutes ces données scientifiques se corrélaient fort bien avec les six jours de la création du monde. D'où la validation par les sciences des écrits bibliques de cette secte. Avec mes collègues, nous n'avons même pas eu droit à un billet de réduction, ou un coupe-fil pour gagner leur paradis.

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