J'ai apprécié cette lecture qui s'égrène conte après conte, au moment où l'on en a envie. le choix est varié : contes illustrant des hadiths (dits du Prophète), religieux ou de sagesse, contes de la vie quotidienne éclairant des moments universels dans la vie humaine - choisir une compagne, trouver un métier, contes un peu moqueurs (sur les médisants par exemple) ou encore contes plus profonds sur le sens de l'existence, ou bien poétiques...
Chaque conte est relativement court, et toujours délicatement écrit, avec des formules très justes, qui nous projettent dans un coin de rue brûlé par le soleil, en haut d'une colline sous un ksar (forteresse), dans un village de tentes nomades. Nous nous sentons en fraternité avec ces artisans, au point d'épouser tous ces petits métiers (tuiliers, corroyeurs...), ces femmes, ces enfants qui découvrent le monde avec de grands yeux étonnés, et nous réfléchissons à chaque leçon donnée, car la forme du conte donne à voir les conséquences d'un comportement, à en tirer des observations par nous-mêmes, mais le conteur donne également subtilement des clés.
C'est beau, et j'ai aimé cet équilibre entre la simplicité recherchée et la poésie de l'écriture : un lexique à la fin permet de conserver des mots de la langue arabe qui ont toute leur saveur, sans alourdir la compréhension. le format de ce livre est original : rectangulaire, plus haut que large, les pages sont encadrées de motifs, les illustrations sont belles...
Parfois je ne me suis pas sentie touchée par certains contes, ou j'ai manqué peut-être une partie de leur sens, mais le plus souvent, je m'y suis retrouvée, et ce recueil m'a donné envie de découvrir d'autres ouvrages de cette collection de contes de sagesse.
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Dans un douar situé au pied du djebel Nefta, il était un jeune bédouin qui hésitait à se marier pour deux raisons. La première était qu’il craignait de se voir imposer une épouse qu’il n’aurait pas aimée ; la seconde, d’essuyer un refus de l’élue de son cœur.
Il alla voir le cheikh qui l’écouta patiemment puis lui dit :
- Je comprends tes hésitations : un homme et une femme ne se choisissent pas comme on choisirait une pastèque à l’étal du marchand. Mais un cavalier ne peut non plus demeurer éternellement devant le cheval sans mettre le pied à l’étrier. Pour ce qui est de tes craintes, je te dirai :
« Si tu l’aimes, dis-le-lui.
Si elle t’aime, écoute-la.
Si vous vous aimez, dîtes-le-vous.
Si elle ne t’aime pas, ne dis rien.
Si tu ne l’aimes pas, apprends à l’aimer. »
Je sais, pour les avoir fréquentés toute ma vie, que les contes sont des vieillards immémoriaux et bienveillants. Ils connaissent la musique du cœur du monde. Ils répondent toujours à nos questions, pour peu qu'ils soient interrogés avec cette innocence dont ils sont eux-mêmes pétris.
Que dois-je faire ?
- Très peu de choses et beaucoup à la fois : délester le plateau de gauche pour retrouver la grâce de tes doigts, de tes paumes qui auraient toujours dû être ce pour quoi elles étaient faites : fines, lisses, fermes et aimantes comme le sable de la dune exposé au bon vent.
Quand l'instant de la fin du monde sera à nos portes, si l'un de vous tient un plant de palmier et qu'il peut le planter avant que ne survienne l'instant de la fin du monde, qu'il le fasse.
L'Homme qui lisait dans les arbres
Selle ton chameau et pars vers le sud. Il te reste encore beaucoup d'hommes à rencontrer, et de mains à toucher avant que tu ne fermes les yeux