Dans la forêt toute proche, la pluie a cessé de tomber. Sur le toit du chalet aussi et, cependant, j’ai le sentiment qu’à l’intérieur, il pleut encore et qu’il ne finira jamais de pleuvoir. C’est tout ça, la disparition de Véronique : dix ans d’existence que la pluie doit copieusement nettoyer, laver à grandes eaux, inonder en somme. Et, tout à coup, cette métaphore inattendue : «Je suis le noyé de Noé». Véronique est montée dans l’arche et je suis resté en haute mer, en émergeant tumulte, virevoltant sans vigueur sur les vagues de l’âme. Dehors, il ne pleut plus, mais, à l’intérieur, il s’agit bien de déluge.
Tu tues. Tu t’en vas, Véronique. Trop vite. Et la vie vaine virtuellement et réellement, la vie telle un navire qui navigue sans nord, sans nécessité, soudain inutile. Au-dessus des arbres, le ciel est sec et gris, comme un homme sans sève, comme ces mers désespérantes parce qu’aucun vent ne les émeut.
Livre-toi- Frank Andriat - 11 juin 2013
Ker Editions