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Des histoires traitant de la gémellité j'en ai lues un certain nombre, le doute de S.K. Tremayne, Comme deux gouttes d'eau de Jacques Expert ou bien encore, Duelle de Barbara Abel. Des histoires qui m'ont énormément plu car elles mettaient en exergue les problèmes auxquels doivent faire parfois face des jumeaux monozygotes qui se ressemblent trait pour trait et qui ont des difficultés à se construire une personnalité qui leur est propre, l'ascendant aussi que peut avoir l'un sur l'autre et qui peuvent parfois conduire à des déviances. 

L'originalité ici réside dans le fait que "Sans elle" fait partie avec "Avec elle" de Solène Bakowski d'un projet commun pensé par les deux auteurs. L'idée est d'écrire à partir d'un début identique deux histoires différentes.

Les deux romans commencent donc de la même manière. Jessica et Coline sont deux jumelles monozygotes âgées de six ans. Deux blondinettes au visage angélique qui vivent entourées de leurs parents Patricia et Thierry Simoëns à Quesnoy dans le nord de la France.

Dans cette version de l'histoire comme dans celle de Solène Bakowski, les choses vont prendre un tournant à une date précise, le 14 juillet 2004. Nous sommes donc le 14 juillet 2004 jour de fête nationale et les deux fillettes comme beaucoup d'enfants de leur âge veulent assister au feu d'artifice qui doit être tiré dans leur ville à cette occasion. Seulement, voilà, comme beaucoup d'enfants de leur âge aussi, les deux enfants font beaucoup de bêtises et il se trouve qu'aujourd'hui Coline a renversé un parfum auquel sa mère tenait beaucoup. Pour la punir, la mère a décidé que sa fille serait privée de feu d'artifice et qu'elle resterait à la maison avec son père. Alors que Jessica et sa mère attendent que le feu d'artifice commence, la fillette repère un jeune homme qui distribue des bracelets fluorescents et houspille sa mère pour aller le chercher dans l'espoir d'en obtenir un pour elle et un pour sa soeur avant qu'il n'y en ait plus. Mais avant de laisser partir, la mère, constatant que sa fille a les lacets défaits, insiste pour les lui refaire pour ne pas qu'elle ne trébuche et n'aille se faire mal.

Alors que Patricia perd de vue Jessica qui était partie chercher les bracelets, la fillette disparaît sans laisser de traces. 

Ce livre parle de gémellité mais il parle aussi de hasard, de destin, chacun ayant sa propre conception de la chose et cet aspect me fait penser à l'excellent livre de Jacques Expert Tu me plais dans lequel il est également question de cela. Un événement aussi anodin puisse-t-il paraître peut-il changer à jamais le cours de nos vies  ? C'est ce qu'ont voulu montrer les deux auteurs avec ces deux départs communs et ces suites on ne peut plus divergentes même si certains événements auront lieu dans des circonstances différentes. 

La tension qui règne dans ce nouveau livre d'Amélie Antoine m'a beaucoup plu comme cela avait été le cas de Fidèle au poste du même auteur. Je me suis laissée porter par cette histoire tragique. Je me suis mise à la place des parents, désormais orphelins d'une de leur petite fille. J'ai souffert avec eux, avec Coline amputée de son alter ego. J'ai ressenti beaucoup de peine pour cette fillette qui, en plus de perdre sa soeur, avait en partie perdu ses parents qui ne pensaient plus qu'à retrouver sa soeur et ne se rendaient pas compte du désarroi dans lequel elle se trouvait. Une double sanction pour une si jeune enfant, une vie bancale, faites de manques qui ne lui permettront pas de se bâtir une existence sereine.

Avec elle n'est en aucune manière un thriller car plus que de s'appesantir sur l'enquête même si celle-ci fait l'objet de nombreux passages, l'auteur a préféré se focaliser sur la vie des protagonistes après la disparition de Jessica, sur la difficulté à se reconstruire après un tel drame, sur les dommages collatéraux, sur le deuil lorsque l'on ne sait pas. 

Certains pourront essayer comme je l'ai fait de faire des conjectures mais le plus important comme je le disais n'est pas de savoir ce qu'il est advenu de Jessica. 
Lien : http://jasmineandviolet.com/..
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Il me semble que c'est la chronique de MaggyM qui m'a donné envie d'entamer ce livre, ou plutôt ces romans. En effet, même si l'un peut se lire indépendamment de l'autre, il me semble dommage de ne pas découvrir Sans elle si on a lu Avec elle, ou l'inverse.
Il s'agit ici d'un procédé d'écriture très intéressant, à savoir écrire d'après le même point de départ et sortir deux histoires en parallèle d'après un événement qui va faire basculer le récit d'un côté ou d'un autre. D'autres auteurs s'y sont déjà collés, je pense par exemple à La part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt qui donne une trajectoire différente à la vie d'Adolf Hitler, et donc de l'Histoire, selon qu'il est accepté, ou non, aux Beaux-arts de Vienne. Mais ici, cette idée donne lieu à deux romans, écrit en prime par deux auteures différentes, Amélie Antoine pour celui-ci, Solène Bakowski pour l'autre côté de la médaille. Et je salue déjà leur talent, car il en fallait pour écrire deux histoires en parallèle, qui se répondent à certains endroits, et aussi pour que le lecteur n'ait pas l'impression de lire deux histoires complètement différentes, écrites par deux auteures qui n'auraient rien en commun au niveau de l'écriture, ou, à l'inverse, l'impression de lire le même livre deux fois.
Au final, je ne peux pas dire que j'en ai aimé un plus que l'autre, je trouve vraiment qu'ils se valent.

Dans la partie écrite par Amélie Antoine, Jessica a disparu subitement un soir de feu d'artifice du 14 juillet, laissant, on s'en doute une faille immense dans sa famille, et plus particulièrement un vide inimaginable dans la vie de sa jumelle, Coline. Les deux soeurs étaient inséparables, comment poursuivre sa vie, particulièrement quand on est celle qui reste et qu'on est persuadée que ses parents, et plus particulièrement sa mère, auraient préféré l'inverse si ils avaient eu à choisir. L'autre, même si son sort ne peut pas être envié, restera à tout jamais la fille parfaite...

Comme je l'écrivais un peu plus haut, les deux livres peuvent se lire séparément, ou on peut ne lire qu'un seul des deux opus. Pour ma part, j'ai eu la chance de pouvoir emprunter à la médiathèque un ouvrage ou les deux romans se trouvaient tête-bêche, et j'ai fait le choix de lire les deux histoires en parallèle, quelques chapitres de l'un, puis quelques chapitres de l'autre, pour les finir quasiment en même temps. C'est ce qui m'a permis non seulement de bien m'immerger dans le récit de cette famille mais aussi certainement de bien apprécier les deux pendants de l'histoire proposées parc ces deux auteures.

Il s'agissait du deuxième roman que je lisais d'Amélie Antoine, je n'ai pas été déçue. J'ai trouvé sa plume fine, précise, percutante, se prêtant totalement à ce genre de récit, servant incroyablement bien l'histoire. J'aurais peut-être juste préféré une fin différente même si je comprends totalement le choix de l'auteure.

En bref, un diptyque que je conseille, surtout si vous aimez vous plonger dans les méandres de la psyché humaine.
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Voici le second roman que j'ai lu dans ce duo atypique Solène/Amélie. Je découvre la plume d'Amélie alors qu'elle a déjà publié plusieurs romans. Deux romans autour de la gémellité, deux histoires, deux possibilités, deux coups de coeur.

Amélie a une plume qui donne beaucoup d'émotions, elle a réussi à me faire venir les larmes aux yeux. J'ai eu un final auquel je ne m'attendais pas du tout et je ressors avec des interrogations sur les certitudes que j'avais pu me faire tout au long de ma lecture.

Aborder la disparition d'un enfant est un sujet délicat, on peut vite rentrer dans les clichés et le patho... mais ce n'est pas du tout le cas dans ce roman. On rentre dans la peau de chaque personnage, on vit leur descente aux enfers au fil des jours, des mois et des années. On ressent le chagrin, le désespoir, on a ce trou dans le coeur, cette part de nous qui a été arrachée.

En tant que maman, je crois que j'ai plus vécue ce roman que "Avec elle" pourtant il avait réussi à me retourner, il avait fait un effet ouragan. Mais là imaginer une seule seconde perdre un enfant, ne pas savoir, espérer au point du désespoir, de la folie...Ce n'est pas un ouragan mais un Tsunami qui m'est passé dessus.
Comment se relever de la disparition de sa propre chair, comment vivre, revivre quand on ne peut pas faire le deuil ?!
Amélie nous fait vivre la tragédie au travers de tout les personnages, chacun apprend à vivre avec ou non. Leur vie s'est arrêté ce 14 juillet, lors d'un événement de fête... Cette journée ne sera pour eux plus jamais synonyme de fête, ce jour ils vont le revenir en boucle à jamais, les feux d'artifices ne seront plus des pluies d'étoiles dans les yeux, mais des larmes au multiples couleurs et facettes.

La culpabilité vécue par un parent qui mettra tout en oeuvre pour que son enfant ne passe pas dans l'oubli.
Les reproches, les accusations, quand on montre du doigts les petites faiblesses du quotidien. Les faiblesses que chacun d'entre nous pouvons vivre à un moment donné. Ces faiblesses sont mises en haut de la liste, les gens ne se souviennent que de ça et non des moment heureux, des rires et sourires qui étaient pourtant beaucoup plus présents.

La nature humaine, le jugement tellement facile, la reconstruction plus ou moins facile, le déni car on a peur de s'avouer la vérité. Une famille heureuse qui se bat malgré tout mais qui ne finira pas en conte de fées. Aucun espoir ou presque, un coin de ciel bleu pas très loin qu'on essaie d'attraper quand la force revient. le gouffre, le trou noir dans lequel on se conforte car ce coin de ciel bleu effraie plus que les profondeurs obscures.

Ce roman est un cataclysme d'émotions, Amélie ne ménage pas ses personnages et du coup ne ménage pas ses lecteurs. Un roman qui me restera gravé dans la mémoire longtemps.
Lien : http://les-mots-de-gaiange.o..
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Il était une fois une famille heureuse et unie. Deux jumelles inséparables.
Un soir du 14 juillet lune d'elle, Coline est punie, et reste à maison avec son père.
La mère Patricia, emmène Jessica voir les feux d'artifice. Jessica ne rentrera jamais...
Deux Intrigues avec le même départ l'une écrit par Amélie Antoine "Sans elle " j'ai choisi celui-ci pour commencer et l'autre " Avec elle" écrit par Solène Bakowski.

de suite j'ai retrouvé l'écriture d'Amélie Antoine et j'ai été embarqué. Elle donne le ton dès les premiers chapitres et elle mets les points sur les i quand il le faut !
Le roman m'a prise aux tripes, car c'est un sujet délicat que la disparition d'enfants et ses conséquences.

Tous personnages avec leurs défauts et leurs faiblesses sont inoubliables. L'auteur a très bien travaillé la psychologie de ses personnages. Elle a su analyser les réactions, les sentiments et le ressenti de chacun avec justesse en réussissant à se mettre non seulement dans la peau d' adultes mais aussi dans celle d'un enfant de 4 ans qui grandi ...
J'ai donc réussi à mieux comprendre leurs souffrances personnelles et forcément différentes.
Je ne suis pas prête d'oublier cette famille, Patricia, Thierry, Coline et Jessica.

L'ambiance est sombre, les chapitres nous donnent une idée de l'état psychologique de cette famille... chercher, s'acharner, soupçonner, ruminer, surmonter...

J'ai espéré jusqu'au bout sans imaginer une telle fin.
J'ai beaucoup pleuré..
Décidément Amélie Antoine me touche à chaque fois.

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Une initiative originale et intéressante que ces deux romans, Avec elle et Sans elle, respectivement de Solène Bakowski et d'Amélie Antoine.

En effet, les personnages, les lieux et la structure familiale de départ sont identiques mais un événement ou un non événement lors d'un feu d'artifice du 14 Juillet tracera des destins bien différents pour la famille de Coline et Jessica.

Thierry et Patricia sont les heureux parents de Jessica et de Coline, jumelles de 6 ans.

Ces romans ont pour thème la gémellité et la difficulté de se construire en tant qu'individu face à sa jumelle. Ils abordent également le regard que nous portons sur ces duos atypiques et le rôle des parents dans leur éducation.
Les deux auteurs ont également choisi de traiter de l'usure du couple, indépendamment du fait qu'ils sont parents de ces belles jumelles.

Les deux romans sont d'une qualité égale. Je me suis autant régalée avec l'un qu'avec l'autre. On peut penser que Sans elle, avec la disparition d'une des deux petites filles, porte une charge émotionnelle plus puissante mais il n'en est rien car le drame est autre mais tout aussi tragique dans la situation des deux petites filles qui grandissent ensemble.

Coline est un personnage fascinant. Elle coalise tous les doutes, les tourments et les hésitations de la petite fille qui ne donne pas la préférence à sa propre personnalité. J'ai eu envie de la secouer par moment et de lui dire « fais ta vie, ne laisse personne t'empêcher de tracer ta destinée ». Mais si l'enfer, c'est les autres, c'est avant tout soi-même. Elle est le parfait exemple du jeune arbre soumis à la violence des éléments et qui ne peut pousser droit. Elle se préoccupe de sa jumelle, de sa mère, et un peu moins de son père mais elle s'oublie… et se perd…
Cette petite fille m'a beaucoup émue par la maturité qu'elle est obligée de maîtriser, par le poids de la responsabilité des fautes des autres, par cet amour-haine qui la submerge et qui ne prend que tardivement conscience des dangers sur sa route.

Autant j'ai aimé Coline et ressenti sa souffrance, autant j'ai détesté sa mère, Patricia. Dans les deux cas de figure, l'une ne rattrape pas l'autre. Je suis femme et maman… et lire l'histoire de Patricia m'a juste donné des bouffées de colère et des envies de meurtre. Parce qu'elle marque sa préférence entre ses deux filles, parce qu'elle en oublie l'une ou la méprise. Parce qu'elle n'a aucune capacité d'écoute, aucune attention réelle pour ces jeunes enfants qui ont besoin de se construire sereinement. C'est une femme dépassée par son rôle maternel et commet erreur sur erreur. Et, à aucun moment, elle ne fait son mea culpa, elle s'enfonce dans petit prisme égotique.

Le seul petit bémol de cette expérience livresque est peut-être le rôle paternel un peu effacé dans les deux romans. Dans les deux cas, Thierry donne l'impression de prendre la tangente, d'une manière différente dans l'un comme dans l'autre roman, et d'avoir cette capacité toute masculine à se reconstruire loin de son foyer originel. Mais comme cela rejoint ce que j'ai pu observer autour de moi, je ne peux guère en vouloir à Amélie Antoine et Solène Bakowki d'avoir versé en ce sens!

Par contre, une question restera sûrement sans réponse, Solène Bakowski et Amélie Antoine se sont-elles concertées au cours de l'écriture de leur roman ou ont-elles confronté leur choix in fine?
De toute manière, le résultat est génial et aucune excuse: les deux romans sont totalement différents et peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Le désarroi, la douleur, la violence, la peur, l'incompréhension, l'envie de tout oublier, l'envie de se souvenir de tout, la culpabilité, la lâcheté, on reçoit en pleine gueule tous les sentiments, toute la vie de cette famille amputée d'un membre. Je ne vais pas déflorer l'histoire, il faut la découvrir page après page. Mais n'espérez pas de rayon de soleil ou de happy end, ici on est dans la vraie vie. Et on entre dans la tête des membres présents: en particulier, superbe portrait d'une enfant devenant adolescente. Encore un immense bouquin d'une auteure qui livre après livre entre au pinacle de mes écrivains/aines préféré (e) s.
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Ce livre fait partie d'un projet très atypique, deux auteurs Amélie Antoine et Solène Bakowski ont écrit deux romans dans lesquels elles ont imaginé deux histoires qui commencent pareil avec la même famille et deux jumelles inséparables mais qui partent chacune sur une voie différente à cause d'un seul détail. "Comment un seul détail suffit à tout changer".

Ces deux romans peuvent se lire séparément ou dans n'importe quel ordre, j'ai commencé par celui d'Amélie Antoine dont j'avais beaucoup apprécié le précédent roman "Quand on n'a que l'humour".

Coline et Jessica sont deux soeurs jumelles de 6 ans, elles sont tellement inséparables qu'elles n'ont jamais passé un moment l'une sans l'autre. Physiquement semblables elles diffèrent par leur caractère, Coline est l'ombre alors que Jessica est la lumière dans le couple fusionnel qu'elles forment, c'est un couple classique de jumelles où l'une domine l'autre.

Le soir du 14 juillet leur mère Patricia amène seulement Jessica admirer le feu d'artifice tiré sur un étang tout près de chez eux à le Quesnoy, une ville paisible du nord de la France car Coline a fait une bêtise et est punie. Patricia refait le lacet de Jessica qui veut aller chercher seule un collier fluorescent publicitaire distribué par un vendeur à quelques mètres. Quelques minutes d'inattention de la part de Patricia et Jessica disparait, volatilisée en pleine foule... La vie de cette famille bascule alors dans l'horreur car malgré les recherches engagées Jessica reste introuvable.

Amélie Antoine décortique finement les différentes étapes par lesquelles passent le couple et Coline dans les mois et années qui suivent cette disparition. La culpabilité qui assaille Patricia, la suspicion de la police qu'elle ressent douloureusement, les soupçons inévitables mais insupportables envers elle qui est toujours stressée à la limite du burn out...

Patricia et Thierry, au fil du temps qui passe, n'auront pas la même vision de la façon de poursuivre leur vie, tourner ou non la page..., renoncer ou non..., leurs réactions seront diamétralement opposées.
Quant à Coline, elle réalise brutalement à six ans que les adultes ne sont pas tout puissants comme elle l'imaginait, elle continue à faire comme si sa soeur était là, lui met son couvert à table, ressent l'absence de sa soeur puis un terrible manque, elle a le sentiment d'être incomplète et ne passe pas une journée sans penser à sa soeur jumelle.
Chacun reste enfermé dans sa souffrance, le couple est fragilisé par les reproches que Thierry fait à sa femme qu'il juge responsable de la disparition de Jessica et Coline va trainer, à partir de ce funeste jour, un terrible mal être, elle va vivre une vie sans aucune légèreté, sans amies, une vie bien différente des autres jeunes. Pour Patricia va aussi se poser une terrible question comment aimer celle qui reste ? D'autant plus que celle qui a disparue a toujours été sa préférée…

Amélie Antoine dissèque la question de la gémellité et questionne sur la façon de se construire avec l'absence de celle qui était son reflet. Tous les sentiments des différents membres de la famille sont analysés avec une extrême finesse dans ce roman dont les pages se tournent toutes seules et qui se termine par un final qui m'a complètement scotchée.

Les deux auteurs ont parfaitement réussi à mener leur projet en parallèle,
leurs personnages ont le mêmes traits de caractère et les situations se rejoignent.
Elles ont développé des thèmes communs :
* L'importance du fait fondateur, du moment où tout bascule (disparition de Jessica pour Amélie Antoine) qui sont pour Coline, dans les deux cas, à l'origine d'une cassure dans sa vie qui après ses 6 ans ne sera plus jamais la même qu'avant ses 6 ans.
* La souffrance des enfants puis adolescents (les deux dans « Avec elle »,
seulement Coline dans « Sans elle ») qui subissent le manque d'attention de leurs parents englués dans leurs problèmes d'adultes, qui sont livrées à elles-mêmes et vont devenir le soutien de leur mère à la dérive.
* Leur isolement sans pouvoir compter sur aucune aide extérieure.
* La solitude d'une Coline au destin bouleversant qu'elle vive avec ou sans sa soeur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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L'autrice s'est prêtée au jeu du roman jumeau avec Solène Bakowski.
Pour apprécier le travail sur la psychologie des personnages et la cohérence des deux récits qui s'interpellent par delà un monde parallèle, je pense qu'il faut lire les deux romans à la suite l'un de l'autre; ou au moins lire le second quand le premier est encore frais dans la mémoire.

J'ai trouvé que l'exercice était parfaitement rempli.

Le début de chaque roman est identique. Nous sommes le 14 juillet 2004, ce soir c'est feu d'artifices au bord du lac. Coline, 6 ans, est restée à la maison avec son père après avoir été punie dans l'après-midi. Jessica, sa jumelle, se rend gaiement avec sa mère pour clore la fête nationale sous les lumières. le lacet d'une de ses chaussures est défait. Patricia, la maman insiste pour le lacer... ou pas.

Dans Sans elle, Patricia insiste pour prendre le temps de refaire le lacet avant de laisser Jessica aller chercher un collier fluorescent quelques mètres plus loin. Elle échappe au regard de sa mère quelques secondes, et personne ne la reverra jamais.
Le roman suivra la famille jusqu'aux 19 ans de Coline, celle qui reste.

Les thèmes abordés entrent en résonance d'un roman à l'autre.
Nous avons bien entendu la quête d'identité, surtout quand on perd son double, sa moitié; celle avec laquelle on vit H24 depuis bien avant la vie. Et cette question, toujours, "pourquoi elle et pas moi?"
Immanquablement, on ne peut pas éluder la question du couple qui doit résister à la perte d'un enfant, et surtout, aux reproches et à la rancoeur que peuvent entraîner une situation où c'est l'un des deux parents qui "perdu" l'enfant.
Comme nous avons à faire à une famille, il y a de fait toute la thématique du rapport parents-enfants. Difficile de dire dans ces situations jusqu'à quel point on peut se permettre d'encenser la disparue sans nuire à la confiance en soi de celle qui reste. Et comme personne ne parvient à continuer à vivre "comme si de rien n'était", la relation entre les parents et la petite Coline vont prendre un sacré coup. le personnage de la mère était finement construit, au point qu'elle m'a insupporté à force égale dans les deux romans. le personnage du père était plus effacé, dans les deux romans mais a suscité plus d'empathie chez moi que son épouse.
Et enfin, le grand thème qui relie les deux ouvrages est celui de la culpabilité. La culpabilité de la mère qui a perdu sa fille du regard quelques malheureuses secondes, la culpabilité de Coline qui elle, est toujours là et la culpabilité du père, qui était resté à la maison ce soir-là et qui en veut terriblement à sa femme, même s'il tente de le cacher.

C'est cette perte immense, le chagrin d'une mère et d'un père et cette fichue culpabilité du survivant qui forgera Coline et son rapport au monde, la menant au bord d'un précipice.

J'ai trouvé que l'ensemble était très cohérent, on n'est pas dans un feel-good, loin de là. Toutes les dimensions ont été exploitées par l'autrice. Et si le roman, lu seul, est déjà une lecture bien agréable en soi, il gagne de l'ampleur à la lecture de son jumeau.

Franchement, respect à ces deux autrices pour ce travail remarquable de finesse.
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Après avoir lu récemment " le bonheur l'emportera " que j'ai adoré, j'ai repéré à la médiathèque le titre suivant " Sans elle". le résumé me tentait bien. Amélie Antoine excelle de nouveau dans un thriller psychologique où la réalité est mise en avant.

Dans ce roman, j'ai suivi l'histoire d'une famille qui prend de plein fouet un drame qui va tout faire exploser. La perte d'un enfant est le principal fil conducteur du récit. Jessica et Coline sont deux jumelles âgées de 6 ans habitant à le Quesnoy. Coline est punie car elle a renversé un flacon dans la salle de bains et ne pourra pas voir les feux d'artifice avec sa soeur. Sa mère Patricia et sa jumelle Jessica se rendent alors toutes les deux aux illuminations artificielles. Alors que le ciel se remplit de diverses couleurs, tout ne se passe pas comme prévu ; Jessica est portée disparue sans laisser de trace. L'angoisse de la mère se fait sentir, chaque minute s'écoule et aucun signe de vie de la petite fille. Patricia est anéantie. Malgré les recherches de la police et des habitants, aucun signe de vie.
" Elle ne peut pas être bien loin ; une gamine, ça ne se volatilise pas comme ça, d'un coup de baguette magique !"Patricia ignore les commentaires futiles, elle décrit sa fille, dix fois, vingt fois, elle réduit Jessica à quelques détails qui lui semblent essentiels, les boucles, la taille, les grands yeux couleur topaze, la robe, l'âge. Six ans, elle a six ans, elle est toute petite, c'est encore un bébé, aidez-moi à la retrouver, s'il vous plaît… "
Les jours, les mois et les années s'écoulent et personne ne sait où est Jessica. le couple se déchire, Patricia tombe dans une profonde dépression frôlant parfois la paranoïa. Quant à Coline, elle pense constamment à sa soeur et les questions qu'elle pose à ses parents restent sans réponse. Son père tente de tenir le coup pour préserver Coline du chagrin qui l'entoure.

Amélie Antoine a une facilité à raconter des histoires où la psychologie des personnages marque l'esprit du lecteur. L'histoire est minutieusement analysée ; la détresse du couple est à son paroxysme. D'autres thèmes sont aussi mis en avant tels que le pardon, la culpabilité et l'espoir.

" Sans elle " est un roman poignant où les émotions sont au rendez-vous. L'histoire sonne juste avec des protagonistes bien caricaturés.

Encore une fois Amélie Antoine a le don de me toucher au plus profond de mon être !
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AVEC ELLE / SANS ELLESolène Bakowski / Amélie Antoine
2 romans, une chronique.
Ces deux auteures ont fait un pari fou : les mêmes personnages, le même début, la même fin.
Au centre des intrigues, Jessica et Coline, des jumelles de 6 ans quand commence les récits et que l'on va suivre pendant plus de 10 ans.
L'idée repose sur le principe suivant : un infime changement dans le cours de notre vie peut la faire basculer. Mais le destin reste identique.
J'apprécie les thèmes en rapport avec la destinée et j'étais donc intéressée à découvrir cette performance (au sens artistique du terme).
Je dois dire que j'ai été bluffée : tout est cohérent, le lecteur ressent la symbiose de l'écriture. On imagine le volume de travail d'autant plus que chacune des auteures ne pouvait se passer de l'avis de l'autre. Elles étaient liées, comme des jumelles, pour produire cette oeuvre iconoclaste.
Le style est fluide, sans grandes envolées lyriques mais ça tient la route sur le plan linguistique.
Une expérience que je recommande.
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