Dans le Turin du milieu du 20e siècle se joue un drame principalement entre un quadragénaire hésitant et une soeur novice qui aimerait bien échapper à son sort. Serena est un bon petit roman psychologique et intimiste avec une finale ouverte qui risque d'en décevoir quelques-uns mais que, personnellement, j'apprécie. L'auteur aborde par la bande l'opposition entre le monde paysan et celui des villes, perçu comme davantage privilégié.
La traduction de l'italien par Jeanne Modigliani sonne juste. Un seul inconvénient technique, extérieur à l'oeuvre elle-même: la mauvaise reliure du livre dans l'édition de poche Points, qui ne facilite pas la lecture.
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Je suis un pauvre diable, même cette joie, même cette chance me le confirment. Par moments je n'ose pas le croire; les paroles qu'elles m'a dites me retombent dessus avec violence; il me semble que je comprends, aujourd'hui, ces tragédies dont on lit ou dont on entend le récit, ces transports qui, auparavant, me paraissaient inventés, ridicules. Je voudrais que tout le monde puisse jouir de ma chance et que, en même temps, personne ne puisse m'en dérober une miette.
Et elle est quelque part dans la ville, dans la rue peut-être, elle parle et pense à moi. Déjà cette image suffit à me combler, me procure à la fois une sensation de frénésie et une immense fatigue, un épuisement de malade.