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3,67

sur 68 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alberto Giacometti rêve d'un atelier plus grand pour faire des sculptures encore plus petites, il est séduisant, il a trente-cinq ans l'âge où l'on plait à la fois aux mères et à leurs filles. Une Américaine à moitié ivre a roulé avec sa voiture directement sur son pied, le séjour à la clinique l'a requinqué. Il décide, dès sa sortie, d'aller mettre une beigne à Jean-Paul Sartre, un crapaud grimaçant, un scribouillard qui se prétend son ami, mais qui s'est comporté comme une raclure à son égard.

Voilà donc le point de départ de ce livre jubilatoire où l'on croise Picasso, Mauriac, Simone de Beauvoir, André Breton, Fernand Léger, Cocteau. L'auteur comme Émile Zola nous dépeint à merveille Paris, ses rues, ses quartiers, mais l'action ne se situe pas au milieu de XIX siècle mais à la fin des années 30, dans un Paris insouciant. Son écriture vivante est parsemée de dialogues qui rendent le récit encore plus réaliste. Jérôme Attal nous entraîne donc à la suite d'Alberto dans les cafés à la mode où l'on croise le Tout-Montparnasse, les artistes, les écrivains, les mondaines, les modèles et les maitresses, certaine sont les deux, Montmartre et ses bordels et les soirées avec de charmantes inconnues.
« Si tous les gens qui se désirent couchaient ensemble au moins une fois, ils seraient moins tourmentés par la suite. C'est comme avec le chocolat, quand on y goûte c'est délicieux, mais on arrive plus vite qu'on croit à saturation. »

Mais l'auteur évoque aussi l'horizon qui s'assombrit, la cagoule qui multiplie les assassinats dans Paris, les coups de poing fréquents entre les groupuscules d'extrêmes droites et les bolcheviques, toutes les tensions politiques et sociales qui annoncent la Seconde Guerre mondiale.
Le ton léger voir badin m'a tout de suite enchanté, les dialogues sont savoureux et que dire des portraits de ces deux monstres sacrés que sont Giacometti et Sartre, un vrai régal !


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Giacometti veut casser la gueule à Sartre

Dans un roman aussi enlevé que documenté Jérôme Attal nous raconte comment Alberto Giacometti essaie de retrouver Jean-Paul Sartre dans le Paris de 1937 pour se venger d'un affront.

Il n'aura fallu que quelques lignes à Jérôme Attal pour m'embarquer dans ce roman aussi historique que joyeux. On y découvre Alberto Giacometti sur un lit d'hôpital, jaugeant les infirmières avec un oeil dont on ne sait s'il est celui du peintre ou celui du chasseur de femmes. Mais il va lui falloir quitter cette charmante compagnie car son accident de voiture était somme toute bénin – une fracture du métatarse – pour retrouver… Jean-Paul Sartre. Il entend faire payer au philosophe la formule assassine qu'il a prononcé à son encontre. En apprenant les circonstances de l'accident dont il a été victime, il a eu cette formule : « Il lui est ENFIN arrivé quelque chose !».
Un affront qui ne saurait rester sans réponse. « le sentiment d'injustice est criant. L'affront total. » À tel point que la phrase assassine mobilise toutes ses pensées, qu'il ne peut plus travailler et qu'il ne peut plus jouir. Ce qui, on en conviendra est d'autant plus dramatique que les femmes jouent dans sa vie et dans celle de ses amis un rôle capital, à la fois muses, modèles, inspiratrices et amantes.
Aussi voilà Giacometti parti brinquebalant à la chasse à l'homme. L'occasion pour Jérôme Attal ne nous faire (re)découvrir le Paris de l'Entre-deux-guerres et le Montparnasse des artistes et des intellectuels au fil des pérégrinations d'Alberto et de Jean-Paul. Quand le premier pense le trouver à la terrasse de l'un des cafés du Boulevard Saint-Germain ou du Boulevard Montparnasse ce dernier est chez l'opticien où il se fait faire de nouvelles lunettes et annonce avec fierté que qu'il va faire paraître son roman que Gaston Gallimard a proposé d'appeler La Nausée. Au lieu des compliments attendus, le spécialiste de la vue se récrie : « Il faut un titre qui soit appétant. Qui fasse envie. Qui déclenche la nécessité de l'emporter sur les plages ou aux sports d'hiver, votre bouquin ! » Une anecdote parmi d'autres qui enrichissent le livre et lui donnent cette touche de légèreté qui rende la lecture du roman très plaisante.
Je retrouve avec grand plaisir cette époque déjà formidablement bien racontée l'an passé par Gaëlle Nohant. Dans Légende d'un dormeur éveillé, elle retraçait le destin tragique du poète Robert Desnos. Sur un mode plus léger, on retrouve cette même envie de prouver son talent d'artiste, cette même certitude que la reconnaissance viendra, comme le pense Diego, le frère d'Alberto : « Malgré les années de misère, le travail patient et incertain, il croit en une espèce de bonne étoile qui le sortirait des situations les plus tordues. La détermination et la patience font tout en ce bas monde. Ce qui fait tenir l'homme debout, c'est la rage positive. »
Mais revenons quelques instants à la traque de Jean-Paul Sartre. Peut-être figure-t-il parmi les invités de Nelly qui aime accueillir chez elle cette faune bigarrée, allant de Picasso à Henri-Pierre Roché. L'auteur de l'inoubliable Jules et Jim, indécrottable romantique va suggérer de régler ce différend par un duel dont il serait le témoin et le chroniqueur.
Je ne dirai rien ici l'issue de ce superbe roman, histoire de garder le suspense intact. Tout juste me hasarderai-je à dire que l'épilogue risque de vous surprendre, apportant une confirmation supplémentaire du talent de Jérôme Attal.



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Pour une petite phrase vitriolée de la part de ce "foutriquet" de Jean Paul Sartre, Giacometti s'est mis en tête de lui refaire le portrait, en bon sculpteur qu'il est.
De quoi s'embarquer dans quelques aventures et rencontres de branquignoles parisiens au détour des années 37/38.

Ils doivent se retourner dans leur tombe d'agacement ou d'amusement, tous les contemporains des frères Giacometti, figures de la vie artistique parisienne de l'entre-deux guerres. Avec humour, vitalité de l'écriture, insolence et sens aigu du bon mot, l'auteur prend leurs voix (et celles de beaucoup d'autres) pour tailler des croupières, ressuscitant à sa façon une époque encore insouciante, bruissante de talents dans les bars de Montparnasse.
Une manière aussi d'évoquer les égos surdimensionnés, le doute dans la création artistique, l'image de soi et l'amour.

Persiflage désinvolte, humoristique, gaillard, pétillant. D'autant plus savoureux que l'époque annonce un nouveau cataclysme.
Un livre en friandise à déguster avec gourmandise.
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J'ai mis du temps à piger que le 37 du titre, c'était l'année : 1937. Je n'ai pas non plus saisi l'idée-force, le thème de ce roman, mais peut-être que ce n'est pas important, la légèreté de cette fiction suffit à en faire une lecture agréable. D'ailleurs, le thème c'est certainement ça : La légèreté. Comme les bulles de Champagne remontent à la surface, on suit Alberto Giacometti, qui est le personnage central de cette histoire, on le suit à travers les rues de Paris, dans le quartier Montparnasse, au bordel, aux terrasses des cafés et parfois dans son atelier, sculpteur « au travail ». Il cherche avec plus ou moins d'acharnement, Jean-Paul Sartre, qui est donc le deuxième personnage ; plus terne, moins volubile mais parfois très drôle aussi ; parce que quand même, page 298 : Vous imaginez Pean-Jaul Trarse (il n'y a pas de raison que je ne participe pas au concours !) danser la Chenille, «♪♫ Mets tes deux pieds en canard ♪ C'est la chenille qui redémarre ♫ » mort de rire !!! Giacometti veut lui casser la gueule pour une raison futile, à la fin il ne lui cassera que les lunettes (divulguer cela n'empêchera pas une bonne lecture). Il y a aussi Diego le frangin d'Alberto, et puis quelques jolis portraits de femmes libres, de personnalités plus ou moins reconnues, plus ou moins amoureuses, plus ou moins spirituelles. Il fallait bien en profiter avant le début de la fin (jusqu'à la prochaine fois) : 1938. Voila, une sympathique petite lecture facile et sans prétention, avec quelques belles métaphores et d'autres un peu moins pertinentes. Allez, salut.
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Avec « 37, étoiles filantes », Jérôme Attal emmène son lecteur faire un voyage dans le temps auprès des artistes des années 30, avant la deuxième guerre mondiale et après la première guerre mondiale, où tout est encore possible. Montmartre est le lieu où tous les artistes se croisent, se toisent, s'apostrophent, trouvent l'inspiration. Alberto Giacometti y puise son inspiration pour sculpter ses petites figurines. Jean-Paul Sartre écrit et cherche un nom pour son premier roman. Ils sont amis jusqu'à ce que Alberto entend ce que Jean-Paul dit de lui… Et là, même avec ses béquilles, il part à sa recherche pour lui « casser la gueule ». Albert, dans cette quête, va croiser la route de femmes dont la présence ne passe inaperçue et vont le hanter, surtout Julia. Et oui Alberto ne sait résister à un sourire!

Comme à chaque fois, Jérôme Attal développe un côté un peu loufoque dans son roman mais si rafraîchissant, si plaisant, si enthousiasme. Avec « 37, étoiles filantes », j'ai déambulé dans les rues parisiennes, je suis rentrée dans les ateliers d'artistes, j'ai bu un café au Café de Flore, j'ai même été au commissariat et à la clinique, j'ai passé un 31 décembre entourée d'artistes, et je suis aussi allée au bordel! C'est un vrai voyage de rencontres, de connaissances que nous proposent l'auteur. Et les femmes de ce roman: elles ont toutes une telle importance pour tous. Et oui, comme on dit, « il y a toujours une femme derrière un grand homme »!! Elles font le monde et Jérôme Attal leur rend hommage!! Malheureusement, dans les années 30, c'est le début du nazisme et même le milieu artistique n'y échappe pas… Jérôme Attal aime les artistes et son milieu et avec « 37, étoiles filantes », il dévoile l'envers du décor: les relations entre eux, le pouvoir de séduction des femmes, les soirées où seuls les artistes y ont leur place, le rêve américain. Ses personnages manient avec élégance la langue française et hésitent pas à faire des références à d'autres artistes, à d'autres oeuvres.
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Un style indéniable, des tournures remarquables, une syntaxe impeccable. Jérôme Attal sait écrire et c𠆞st un plaisir de le lire. En revanche si la forme est attrayante le fond est d’un plat désespérant. Une histoire de vengeance après une phrase assassine : « il lui est enfin arrivé quelque chose » malheureusement dans ce livre il n𠆚rrive pas grand chose.
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Dans ce roman qui semble au premier abord léger et loufoque, Jérôme ATTAL revisite le Montparnasse des artistes et des intellectuels de 1937 sur fond de guerre d'Espagne et de montée du nazisme. Outre les frères Giacometti nous y croisons Sartre et Olga, Arthaud, François Mauriac, des femmes aussi modèles, muses etc.... L'auteur dépeint avec brio l'insouciance de tout ce petit monde et en égratigne, pour mon plus grand plaisir, certains au passage.
C'est dans les cafés de la rive gauche que tous s'agitent, se cherchent et débattent passionnement. On les voit passer comme des étoiles filantes dans le ciel parisien même si en 1937 ils ne sont pas encore au firmament de leur art. Sartre n'était pas encore devenu une icône et le portait très amusant qu'en fait Jérôme ATTAL est certainement assez réaliste. le tête-à-tête de Sartre avec son opticien est un vrai régal.
Ce roman pétillant, truffé de dialogues savoureux est bien documenté.
#37étoilesFilantes #NetGalleyFrance
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Sympa de découvrir ces années foisonnantes de grands esprits et de grands artistes.
J'ai apprécié l'humour d'Alberto Giacometti...un peu moins l'ego démesuré de tout ce joli monde...
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"Il lui est ENFIN arrivé quelque chose"
Cette petite phrase, lancée à la volée dans un troquet, déclenche tout un tohu bohu à travers Paris.
Protagonistes :
Alberto Giacometti : vient de se faire écraser le pied par une américaine ivre au volant d'une américaine.
Jean Paul Sartre : auteur de la fameuse phrase.

Alberto est vert de rage et n'a qu'une seule idée en tête se venger et provoquer un duel contre Jean-Paul.
De joutes verbales en discussions philosophiques, artistiques, on suit avec délice les déambulations loufoques de ces deux artistes. On vogue dans l'élégance des années 30, les cafés parisiens de la Rive Gauche, les ateliers et les dîners en bonne compagnie.
On en oublie pas moins l'actualité de cette époque, entre deux guerres. La montée du nazisme, les premières mesures contre les juifs.

Un roman pétillant et léger et totalement conquise.
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Alors que le sculpteur Alberto, 35 ans, s'apprête à rompre avec Isabel, une jeune femme avec qui il a une liaison, il se fait écraser le pied par une voiture.
À la clinique, Isabel rapporte à Alberto des propos du professeur de philosophie, Jean-Paul qu'il considérait comme un ami, qui blessent son amour propre.
Bien décidé à s'expliquer avec Jean-Paul dès sa sortie de la clinique, Alberto cède à la tentation de trouver du réconfort auprès de Rosalie au bordel.
Le style est vif, grâce aux nombreux dialogues et à la répartie d'Alberto.
Ce roman nous propose une immersion dans le quotidien du monde des arts et les lettres du quartier de Montparnasse dans les années 30.
Le climat des années précédant la seconde guerre mondiale mêlant légèreté et tensions politiques est également perceptible dans le roman.
Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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