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3,67

sur 68 notes
Sensible à la magie des mots, Jérôme Attal promène sa plume sur des terrains de toutes sortes : romans, nouvelles, poèmes, chansons – qu'il interprète parfois ! –, sans oublier les scénarios de films. Son dernier roman, 37, étoiles filantes, est l'occasion d'une agréable déambulation culturelle et romanesque dans les rues et les cafés de Montparnasse, un quartier qui, dans les années trente, était le centre névralgique de la vie intellectuelle et artistique à Paris.

J'ai ainsi croisé nombre de personnalités qui comptent dans l'histoire de l'art et dans l'Histoire tout court. Ils sont juste de passage et l'auteur les présente sous leur identité complète, nom et prénom. En revanche, les personnages principaux de l'ouvrage sont couramment désignés par leur seul prénom – Alberto, Jean-Paul, Diego, Henri-Pierre –, comme si moi, lecteur, j'étais devenu leur intime par la seule grâce de Jérôme Attal ; pardon, je veux dire : de Jérôme.

Tout tourne autour du sculpteur Alberto Giacometti, un géant ombrageux, dissimulant sa sensibilité derrière une grivoiserie dont le bon aloi n'est pas évident. Entre deux aventures féminines, il est à la recherche brouillonne de son style. En 1937, Alberto est loin d'avoir atteint la notoriété qui sera la sienne vingt-cinq ans plus tard, lorsqu'il aura réalisé L'homme qui marche, dont l'original est de nos jours la sculpture la plus chère du monde. Pour l'instant, Alberto serait plutôt l'homme qui marche en boitant à l'aide d'une béquille, car une voiture lui a roulé sur le pied et il porte un plâtre. Ceci dit, une béquille, ça peut servir à beaucoup de choses...

Jean-Paul, c'est Sartre. le futur pape de l'existentialisme est déjà le binoclard strabique et grimaçant dont la postérité sacralisera l'image à partir des années cinquante. Mais pour l'heure, il n'est qu'un simple prof de philo de lycée, en négociation avec son éditeur pour la publication de la nausée, son premier roman. Tout à son envie frénétique de démontrer sa supériorité intellectuelle, il tient des propos qui ne lui valent pas toujours des amis. C'est d'ailleurs le cas pour Alberto.

Diego est le frère d'Alberto. Il est sculpteur, lui aussi. Les deux frères vivent et travaillent ensemble dans un minuscule atelier à peine salubre. Timide et introverti, Diego n'est qu'un simple comparse, étouffé par la personnalité d'Alberto.

Beaucoup plus âgé, Henri-Pierre Roché (dont je dois avouer que j'ignorais le nom) promène avec élégance son personnage d'esthète bienveillant, de touche-à-tout talentueux, de riche marchand d'art et de séducteur impénitent.

Autour d'eux papillonnent des femmes : Isabel, Nelly, Olga, Julia, et d'autres. Séduisantes, séductrices, mystérieuses, elles sont modèles, mondaines, artistes... ou femmes fatales. Certaines pourraient même être des espionnes : c'est l'année 37, des puissances étrangères menaçantes activent des réseaux de renseignement. La tension monte. Les groupes et les partis politiques extrémistes grondent.

A Montparnasse, on préfère ne pas savoir. On s'amuse, les cafés sont pleins. Accompagnés de leur cour, artistes confirmés ou en devenir vivent la tête dans les étoiles sans souci du temps qui file. On parle, on parle, on chante. Avec humour, Jérôme Attal n'hésite pas à placer, dans la bouche de l'un(e) ou l'autre, des formules paraissant bien senties mais ne voulant rien dire : « la liberté c'est juste la possibilité non négociable de choisir sa propre servitude » ou « s'expliquer sur tout sans avoir le besoin de se faire un avis sur rien ». Parfois, c'est une sentence artificiellement prémonitoire : « dans le monde moderne, les cages d'escalier seront les nouveaux territoires apaches ».

La lecture de 37, étoiles filantes est un surprenant moment de plaisir. Les personnages virevoltent dans des péripéties tantôt cocasses, tantôt émouvantes. L'ensemble forme une fantaisie légère et jubilatoire. La syntaxe et le vocabulaire sont éblouissants.

Un récit à nul autre pareil, une écriture aérienne, une atmosphère germanopratine (l'esprit de Montparnasse ne s'est-il pas, après la guerre, déplacé à Saint-Germain-des-Prés ?). Voilà qui est de bon augure pour un grand prix littéraire cet automne.

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Alberto Giacometti rêve d'un atelier plus grand pour faire des sculptures encore plus petites, il est séduisant, il a trente-cinq ans l'âge où l'on plait à la fois aux mères et à leurs filles. Une Américaine à moitié ivre a roulé avec sa voiture directement sur son pied, le séjour à la clinique l'a requinqué. Il décide, dès sa sortie, d'aller mettre une beigne à Jean-Paul Sartre, un crapaud grimaçant, un scribouillard qui se prétend son ami, mais qui s'est comporté comme une raclure à son égard.

Voilà donc le point de départ de ce livre jubilatoire où l'on croise Picasso, Mauriac, Simone de Beauvoir, André Breton, Fernand Léger, Cocteau. L'auteur comme Émile Zola nous dépeint à merveille Paris, ses rues, ses quartiers, mais l'action ne se situe pas au milieu de XIX siècle mais à la fin des années 30, dans un Paris insouciant. Son écriture vivante est parsemée de dialogues qui rendent le récit encore plus réaliste. Jérôme Attal nous entraîne donc à la suite d'Alberto dans les cafés à la mode où l'on croise le Tout-Montparnasse, les artistes, les écrivains, les mondaines, les modèles et les maitresses, certaine sont les deux, Montmartre et ses bordels et les soirées avec de charmantes inconnues.
« Si tous les gens qui se désirent couchaient ensemble au moins une fois, ils seraient moins tourmentés par la suite. C'est comme avec le chocolat, quand on y goûte c'est délicieux, mais on arrive plus vite qu'on croit à saturation. »

Mais l'auteur évoque aussi l'horizon qui s'assombrit, la cagoule qui multiplie les assassinats dans Paris, les coups de poing fréquents entre les groupuscules d'extrêmes droites et les bolcheviques, toutes les tensions politiques et sociales qui annoncent la Seconde Guerre mondiale.
Le ton léger voir badin m'a tout de suite enchanté, les dialogues sont savoureux et que dire des portraits de ces deux monstres sacrés que sont Giacometti et Sartre, un vrai régal !


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Giacometti veut casser la gueule à Sartre

Dans un roman aussi enlevé que documenté Jérôme Attal nous raconte comment Alberto Giacometti essaie de retrouver Jean-Paul Sartre dans le Paris de 1937 pour se venger d'un affront.

Il n'aura fallu que quelques lignes à Jérôme Attal pour m'embarquer dans ce roman aussi historique que joyeux. On y découvre Alberto Giacometti sur un lit d'hôpital, jaugeant les infirmières avec un oeil dont on ne sait s'il est celui du peintre ou celui du chasseur de femmes. Mais il va lui falloir quitter cette charmante compagnie car son accident de voiture était somme toute bénin – une fracture du métatarse – pour retrouver… Jean-Paul Sartre. Il entend faire payer au philosophe la formule assassine qu'il a prononcé à son encontre. En apprenant les circonstances de l'accident dont il a été victime, il a eu cette formule : « Il lui est ENFIN arrivé quelque chose !».
Un affront qui ne saurait rester sans réponse. « le sentiment d'injustice est criant. L'affront total. » À tel point que la phrase assassine mobilise toutes ses pensées, qu'il ne peut plus travailler et qu'il ne peut plus jouir. Ce qui, on en conviendra est d'autant plus dramatique que les femmes jouent dans sa vie et dans celle de ses amis un rôle capital, à la fois muses, modèles, inspiratrices et amantes.
Aussi voilà Giacometti parti brinquebalant à la chasse à l'homme. L'occasion pour Jérôme Attal ne nous faire (re)découvrir le Paris de l'Entre-deux-guerres et le Montparnasse des artistes et des intellectuels au fil des pérégrinations d'Alberto et de Jean-Paul. Quand le premier pense le trouver à la terrasse de l'un des cafés du Boulevard Saint-Germain ou du Boulevard Montparnasse ce dernier est chez l'opticien où il se fait faire de nouvelles lunettes et annonce avec fierté que qu'il va faire paraître son roman que Gaston Gallimard a proposé d'appeler La Nausée. Au lieu des compliments attendus, le spécialiste de la vue se récrie : « Il faut un titre qui soit appétant. Qui fasse envie. Qui déclenche la nécessité de l'emporter sur les plages ou aux sports d'hiver, votre bouquin ! » Une anecdote parmi d'autres qui enrichissent le livre et lui donnent cette touche de légèreté qui rende la lecture du roman très plaisante.
Je retrouve avec grand plaisir cette époque déjà formidablement bien racontée l'an passé par Gaëlle Nohant. Dans Légende d'un dormeur éveillé, elle retraçait le destin tragique du poète Robert Desnos. Sur un mode plus léger, on retrouve cette même envie de prouver son talent d'artiste, cette même certitude que la reconnaissance viendra, comme le pense Diego, le frère d'Alberto : « Malgré les années de misère, le travail patient et incertain, il croit en une espèce de bonne étoile qui le sortirait des situations les plus tordues. La détermination et la patience font tout en ce bas monde. Ce qui fait tenir l'homme debout, c'est la rage positive. »
Mais revenons quelques instants à la traque de Jean-Paul Sartre. Peut-être figure-t-il parmi les invités de Nelly qui aime accueillir chez elle cette faune bigarrée, allant de Picasso à Henri-Pierre Roché. L'auteur de l'inoubliable Jules et Jim, indécrottable romantique va suggérer de régler ce différend par un duel dont il serait le témoin et le chroniqueur.
Je ne dirai rien ici l'issue de ce superbe roman, histoire de garder le suspense intact. Tout juste me hasarderai-je à dire que l'épilogue risque de vous surprendre, apportant une confirmation supplémentaire du talent de Jérôme Attal.



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Pour une petite phrase vitriolée de la part de ce "foutriquet" de Jean Paul Sartre, Giacometti s'est mis en tête de lui refaire le portrait, en bon sculpteur qu'il est.
De quoi s'embarquer dans quelques aventures et rencontres de branquignoles parisiens au détour des années 37/38.

Ils doivent se retourner dans leur tombe d'agacement ou d'amusement, tous les contemporains des frères Giacometti, figures de la vie artistique parisienne de l'entre-deux guerres. Avec humour, vitalité de l'écriture, insolence et sens aigu du bon mot, l'auteur prend leurs voix (et celles de beaucoup d'autres) pour tailler des croupières, ressuscitant à sa façon une époque encore insouciante, bruissante de talents dans les bars de Montparnasse.
Une manière aussi d'évoquer les égos surdimensionnés, le doute dans la création artistique, l'image de soi et l'amour.

Persiflage désinvolte, humoristique, gaillard, pétillant. D'autant plus savoureux que l'époque annonce un nouveau cataclysme.
Un livre en friandise à déguster avec gourmandise.
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Jérôme Attal nous offre une déambulation dans le Montparnasse des années 1937 et met en scène deux personnalités en passe d'être reconnues : Giacometti vs Sartre.
Tous deux se cherchent, aspirent à une renommée internationale, confie l'auteur.
Heureuse coïncidence, ce roman sort quand on vient d'inaugurer, à Paris, l'Institut Giacometti. On connaît ses sculptures de « l'Homme qui marche », mais ironie du sort, c'est hospitalisé, le pied plâtré, qu'Alberto se présente à nous. Il ne penserait pas quitter cette clinique tant il y est chouchouté. Pensez-vous donc, sous les blouses de ces nurses, «  on trouve la peinture de Cézanne » !

Mais l'insulte perfide de Sartre, qu'on lui rapporte le frappe, tel un uppercut, et déclenche son besoin impérieux de vengeance.
On le suit dans sa traque de l'ami/ennemi. Pas facile avec « sa sculpture portative », ses béquilles ! Réussira-t-il… ?
Son frère Diego, en son absence, recrute les modèles.
Mais les voilà au commissariat, inquiétés. Il ne fait pas bon pour un artiste d'avoir sa carte de visite retrouvée dans la poche d'une victime. Situation qui rappelle celle de L'écrivain national dont le livre avait été retrouvé chez des marginaux ! (1)
Vont-ils s'en sortir , les deux frères? Avoir des alibis convaincants ?
Sartre nous conduit chez le lunetier, à dîner chez Mauriac, ou encore chez le galeriste Baptiste Medrano où il s'extasie devant des Balthus inspirés par Emilie Brontë.
A noter que le déclic de ce roman, est dû à ce peintre qui divulgua dans un de ses entretiens la fameuse remarque perfide !

On s'attarde dans les cafés déjà célèbres de la Closerie, de Flore, (rendez-vous de l'intelligentsia), d'Alésia. L'écrivain, un tantinet séducteur, conseille pour plus de connivence de s'asseoir à côté de la personne : « Question d'odeur et de frottement ».

Autour de cette galaxie d'artistes, d'intellectuels, gravitent une constellation de femmes : nurses, compagnes officielles ou celles du bordel, belles de nuit, muses, modèles et peut-être une espionne. Et celle prise sans doute à tort pour une jeune fille juive qui, agressée, est sauvée par Alberto.
Avec Isabel, »la snobinarde », l'auteur glisse la note de « British touch » qu'il affectionne.
Sa passion invétérée pour la culture britannique, on la retrouve dans l'évocation des «  comic strips », de Buster Keaton et dans toutes ses pointes d'humour et les situations amusantes, cocasses.


Il explore les relations amoureuses, fragiles car nombreuses sont les tentations !
On croise le trio Simone/Olga/Jean-Paul, ce « bousier de littérature » « amoureux d'un castor ». Ne serait-il pas plus simple de s'aimer à trois ?!

L'auteur distille des réflexions sur la vie : «  La vie est un Luna Park, où l'on va d'une attraction à l'autre ». La création et l'écriture d'un roman : il évoque le choix du titre, nécessitant parfois de faire confiance à son éditeur, ainsi que le maelström qui vous saisit avant une publication. Et l'amour : « Les êtres qui s'aiment se déçoivent tout le temps ».
Des thèmes qui l'habitent de romans en romans. Il mise également sur la sérendipité des rencontres pour ses personnages : «  le hasard est un chemin ». Et on pense au poème de Robert Frost : «  The road not taken ». (3)

L'écrivain parolier ne peut que s'intéresser à la musique de l'époque, et nous rappelle que l'on doit le fameux « Au lycée papillon » à Georgius. Et la chanson de nous trotter dans la tête.


Jérôme Attal brosse en creux le portrait de celui qui rêve de devenir «  le prince de Montparnasse », qui tente de retrouver sa mobilité « tel un jeune albatros qui s'exerce au vol en trois bonds patauds ». Il nous le montre à l'ouvrage (« Le travail est la convalescence. »), les doigts en train de malaxer l'argile, sans relâche, avec pour but de « travailler de mémoire »,«  de saisir une image qui s'échappe », celle de Julia qui l'a mis «  dans un état second » et qu'il va tenter de retrouver pour lui offrir sa figurine. « Seul le travail lui permet de respirer ».
La dextérité des mains du sculpteur fait écho à une confession d'Alberto : «  J'ai toujours le sentiment de la fragilité des êtres vivants. Comme si à chaque instant il fallait une énergie formidable pour qu'ils puissent tenir debout, instant après instant. Toujours dans la menace de s'écrouler. Je le ressens chaque fois que je travaille ».
Cette fragilité renvoie à l'évanescence de ces étoiles filantes.

On devine l'amoureux de Paris qui a dû arpenter tout ce quartier maintes fois pour se l'approprier et mieux nous le restituer. Par contre plus de métro première classe !Ainsi, sur le pont Mirabeau, il zoome sur les sculptures de Jean-Antoine Injalbert.
Pour le provincial, se munir d'un plan aidera à mieux géolocaliser tous les lieux fréquentés et la pléthore de rues ! Il nous fait franchir la frontière intramuros et nous conduit jusqu'au « quartier des voitures » ( carcasses de voitures aménagées en logis) et dans cette zone architecturale nouvelle des HBM ( logement social à bon marché).

En filigrane, au gré d'articles de journaux, les remous dans l'Histoire se profilent :« En Espagne, on exécutait à tour de bras. Ce requin de Mussolini alignait sa trajectoire dans les visées d'Hitler ». Place à l'insouciance, «  dans cette mince languette d'une beauté sursitaire », « avant l'obscurité totale ».

Des années folles, où l'on virevolte, mais si « on ne peut pas passer sa vie à danser », Charles Dantzig déclare qu'« on lit un livre pour danser avec son auteur ». Rappelons le rôle des livres et des oeuvres d'art pour le galeriste Baptiste  Medrano: « éclairer notre grisaille ». Jérôme Attal y réussit avec brio. Il déploie tout son talent pour dérider nos zygomatiques, rebondissant sur les mots, sur la polysémie du terme correction, par exemple.
Il multiplie les comparaisons : «  le mec a l'intelligence d'un ticket de métro » «  les becs de gaz se succèdent comme les naïades de Busby Berkeley ». Il pastiche Hugo : « à l'heure où blanchit la mie du pain de campagne... ».

L'esthète manifeste une grande connaissance des arts, distillant de nombreuses références artistiques, goût très certainement hérité d'un grand-père peintre. ( Klimt, Rodin, Otto Dix, Duchamp, Van Gogh, Schiele, Derain, J.Waterhouse..)

Jérôme Attal signe un roman enrichissant, alerte, plein de verve, de fantaisie, qui nous permet une incursion dans l'oeuvre d'Alberto Giacometti, « pâtre à la tête frisée ».
Il revisite brillamment cette époque florissante, foisonnante, pour les arts et la littérature, année de l'exposition universelle, « perfusée à l'émulsion intellectuelle » (2). Et nous donne envie de nous replonger dans Sartre, et de visiter L'institut Giacometti.
Au final, il tient en haleine son lecteur qui guette le moment du duel !

(1) In L'écrivain national de Serge Joncour Flammarion et en poche J'ai lu.
(2) Expression de David Foenkinos dans sa chronique sur Gabriële, des soeurs Berest.
(3) Robert Frost : «  The road not taken », la route que l'on pas prise.
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J'ai mis du temps à piger que le 37 du titre, c'était l'année : 1937. Je n'ai pas non plus saisi l'idée-force, le thème de ce roman, mais peut-être que ce n'est pas important, la légèreté de cette fiction suffit à en faire une lecture agréable. D'ailleurs, le thème c'est certainement ça : La légèreté. Comme les bulles de Champagne remontent à la surface, on suit Alberto Giacometti, qui est le personnage central de cette histoire, on le suit à travers les rues de Paris, dans le quartier Montparnasse, au bordel, aux terrasses des cafés et parfois dans son atelier, sculpteur « au travail ». Il cherche avec plus ou moins d'acharnement, Jean-Paul Sartre, qui est donc le deuxième personnage ; plus terne, moins volubile mais parfois très drôle aussi ; parce que quand même, page 298 : Vous imaginez Pean-Jaul Trarse (il n'y a pas de raison que je ne participe pas au concours !) danser la Chenille, «♪♫ Mets tes deux pieds en canard ♪ C'est la chenille qui redémarre ♫ » mort de rire !!! Giacometti veut lui casser la gueule pour une raison futile, à la fin il ne lui cassera que les lunettes (divulguer cela n'empêchera pas une bonne lecture). Il y a aussi Diego le frangin d'Alberto, et puis quelques jolis portraits de femmes libres, de personnalités plus ou moins reconnues, plus ou moins amoureuses, plus ou moins spirituelles. Il fallait bien en profiter avant le début de la fin (jusqu'à la prochaine fois) : 1938. Voila, une sympathique petite lecture facile et sans prétention, avec quelques belles métaphores et d'autres un peu moins pertinentes. Allez, salut.
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À la page 109 j'arrête ma lecture. Oui. il est question de Sartre et de Giacometti. Et aprés ? Cela nous fait une belle gambette.
Le vide cela va bien un petit moment, mais c'est monotone et ça ne remplit pas l'estomac ni la cage neuronale.
Attal a la chance d'être arrivé à écrire des paroles pour des chanteurs en vogue mais il n'est pas Aznavour ni Gainsbourg...
En littérature (ah le beau mot !) son "succès" apparent et "persistant" sans raison est pour moi une des énigmes de ce siècle en décomposition. Mais toutes les publications romanesques de cet auteur suivent la même trajectoire : écrire pour ne rien dire. Et empocher du fric.
Mais qui donc va lire ce bouquin ? Ses affidés, personne d'autre.
Et comment les Editions Laffont font-elles pour ne pas déposer bilan en publiant des romans aussi inanes et faussement intellos ?
mais je suis accoutumée de lire beaucoup de sornettes grâce à un site qui me permet de découvrir des ânes bâtés en littérature, pour lesquels je dois m'efforcer d'écrire quelque commentaire documenté. Encore faudrait-il qu'il y eût matière à document
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Jérôme Attal nous propose ici un bien singulier voyage. Il s'agit de remonter le temps et de vivre le rythme effréné de l'Entre-deux-guerres dans le monde foisonnant de la Rive gauche parisienne.

Parce que le contexte est morose et que bientôt l'Europe va se couvrir d'un voile encore plus sombre, le milieu des artistes semble pris d'une frénésie extraordinaire. La guerre d'Espagne fait rage et le nazisme s'étend en cette année 1937, on a encore en mémoire le désastre de 14-18 et on craint un possible nouveau conflit. Mais Paris bouillonne de vie, de fêtes et de créations.

Jérôme Attal y embarque son lecteur, lui fait arpenter les rues, avenues et immeubles du Baron Haussmann, les cafés, terrasses ou même bordels... le lecteur visite littéralement l'architecture et le paysage urbain parisien. Il y croise aussi toute sa faune diverse et variée, en particulier les intellectuels et artistes comme Breton, Cocteau, Picasso... En cela, cette oeuvre est un tableau vivant et joyeux, mieux qu'un guide touristique !

Cette fiction, à la fois humoristique et tendre, met en scène deux figures de l'époque, Alberto Giacometti et Jean-Paul Sartre.
L'un est un Italien volubile au langage truculent, un séducteur, un amoureux, un passionné, un sculpteur qui compose les statues les plus petites possible.
Alberto a d'ailleurs le sang chaud et décide de se venger de Sartre qui aurait prononcé la phrase de trop, « Il lui est enfin arrivé quelque chose », alors qu'il vient de se faire broyer le pied par une Américaine dans une américaine.
Sartre se cherche. Il n'est pas encore le penseur de l'existentialisme mais il veut déjà se faire un nom. Il est laid, binoclard, orgueilleux, fourbe et se fait traiter de tous les noms par Alberto.
Le lecteur suit avec jubilation les péripéties de ces deux personnages drolatiques, qui se démènent dans cet univers haut en couleur.

Le langage est fleuri. Chaque phrase, chaque page, chacun des 37 chapitres est un tourbillon de drôlerie, un écrin d'envolées littéraires à déguster sans modération. Une gourmandise légère et aérienne qui promet un bon moment de détente.
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Après m'être plongé dans son atelier à la Fondation Giacometti , la découverte de ce récit-roman fut un vrai moment de rencontres comme je les apprécie.
Qu'une femme sentant que son amant va la quitter lui donne un os à ronger pour éviter la séparation, c'est intelligent! C'est ce que fait Isabel à Giacometti sur son lit d'hôpital en lui confiant, sous le sceau de la confidence, que son ami, Jean-Paul Sartre, toujours prêt à se faire mousser devant une galerie d'artistes plus ou moins talentueux, a dit qu'enfin quelque chose lui était arrivé.
Jérôme Atal part de ce trait d'esprit très inamical pour entraîner son gringalet d'artiste dans une vengeance toute romanesque et décrire Paris mais surtout le quartier de Montmartre d'avant guerre perturbé par la montée du nazisme, les débuts des persécutions juives, l'année de Guernica
Ce carrefour de l'art et de la culture du quartier ces années-là est parfaitement illustré. Un lieu où « le gang des Parisiens sans patrie » vogue le jour, mais plutôt la nuit, dans les cafés, où on refaisait le monde avec présents autour tous les groupuscules rouges, noires et anar de l'époque. A travers le meurtre de Laetitia Toureaux, soupçonnée d'espionnage pour la « Ligue du Bien public », Jérôme Atal nous dépeint une ambiance trouble où la fête ininterrompue fait oublier la noirceur du monde présent et à venir.
Une multitude d'étoiles – artistes sortent de l'ombre au milieu de bourgeois installés, de traîne-misère et de jeunes et jolies filles rêvant de se faire une place au soleil. le Sartre de Jérôme Atal ne plaît pas. Et, je suis d'accord, car je suis une « Camus inconditionnelle » ! le Giacometti présenté est quand-même assez foutraque et « habité ». Mais, j'avoue avoir été complétement sous le charme de ce génie qui a bien besoin de la béquille de son frère, Diego !
Surprise de cette rentrée littéraire 2018, Jérôme Atal dévoile dans 37, étoiles filantes, sous forme anecdotique et légère, le milieu artistique de Montparnasse traversé par les influences extrêmes du moment, le souvenir du passage endiablé des américains, partis faire la révolution en Espagne, les purges qui débutent et le rêve américain poursuivi par certains pour échapper aux persécutions. Beau moment de lecture!
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Un jour de 1937, Alberto Giacometti n'a qu'une idée en tête : casser la gueule à Jean-Paul Sartre car Jean Paul aurait dit sur lui 'qu'il lui arrivait ENFIN quelque chose " lorsqu'Alberto s'est fait renversé par une voiture et une américaine.
Il y a beaucoup d'humour dans ce livre, il est très bien écrit , on apprend un peu la vie des artistes pendant cette période d'avant guerre; beaucoup de légèreté.
J'ai très souvent rit sur certaines phrases,je l'ai lu en 2 jours , j'ai adoré .
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