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Depuis mes 20 ans (cela date donc d'un bon nombre d'années), Paul Auster fait partie de mes auteurs contemporains incontournables.
Je me rappelle que, dès qu'un roman sortait en librairie, je me précipitais pour l'acheter et je m'y plongeais chaque fois avec plus ou moins de bonheur. Il suffisait souvent de quelques lignes, d'une simple phrase, de l'ambiance qu'il créait sous mes yeux pour que je ne lâche plus le roman. Il y a un je-ne-sais-quoi que j'aime dans ses histoires, une forme d'élégance dans les mots qu'il emploie, un respect pour la littérature, des impressions qu'il suggère parfois sans vraiment les dire, une atmosphère, quelque chose presque ineffable qui me séduit toujours.
Paul Auster a cette capacité de me faire oublier tout ce qui m'entoure, de me faire me sentir bien durant ces quelques jours de lecture parce que je sais que je vais le retrouver le soir avant de m'endormir, le temps d'un voyage en métro, de quelques minutes à la terrasse d'un café. Son écriture me transporte à chaque fois. On s'immerge dans une bulle. Il y a comme une douce chaleur en soi qu'on aimerait longtemps garder et ressentir. Les journées sont décidément plus belles avec un bon roman près de soi.
Cet écrivain parle pourtant de sujets graves, tristes, comme la perte, la dépression, la solitude mais il y a toujours une poésie, de la beauté dans ses mots, une forme d'espoir. Ses personnages sont profonds, avec leurs qualités et défauts, leur réalisme, leurs fragilités, mais aussi leurs aspirations, leurs rêves. Ses personnages ont toujours suffisamment de matière pour qu'on s'y intéresse, voire s'y attache.
Et pourtant, je ne sais pourquoi, ai-je lu une critique négative qui m'a fait penser que je pourrais être déçue de cette autobiographie, ai-je eu peur que ce qu'il me montre de lui fissure la magie de ces romans, toujours est-il que j'ai mis des années avant de me décider à lire « Chroniques d'hiver ». Je m'étonne encore d'avoir tant rechigné, moi, qui suis presque une groupie de ce cher Paul.
Il aura fallu qu'en déambulant dans ma médiathèque, désoeuvrée de ne trouver le roman que je voulais absolument lire, me sentant presque mal, en état de manque, je passe devant le rayon où se trouvaient les oeuvres de cet écrivain et que je prenne « Chroniques d'hiver », plutôt par dépit, histoire de patienter le temps que je trouve lecture plus enthousiasmante.
Et là, en ouvrant la première page, en commençant à lire les premières lignes, quel fut mon plaisir de réaliser que le miracle opérait encore, même pour son autobiographie ! J'aurais pu lui embrasser les mains s'il avait trainé dans le coin (bon, je ne vois pas trop ce qu'il aurait eu à traîner dans ce coin de banlieue parisienne mais sait-on jamais avec les petits miracles de la vie). Son écriture me happait à nouveau.
Paul Auster a écrit une autobiographie qui tranche avec le genre. Il ne s'est pas simplement contenté de narrer sa vie, d'étaler tous les romans qui ont fait de lui cet auteur connu, respecté et estimé par les média, apprécié par une large majorité de lecteurs.
En employant le « Tu » pour parler de lui, il crée un personnage et ça change la donne. Ça en fait toute une histoire. Déjà, peut-être, parce qu'on a l'impression alors que c'est à nous, lecteur lambda, qu'il parle, qu'on est nous-même dans le récit, qu'on participe à la naissance d'un écrivain. Ce n'est pas tout à fait une autobiographie qu'on tient dans les mains mais presque un conte qu'Auster nous offre.
On suit un enfant avec ses découvertes, ses plaisirs, l'adolescent avec ses premiers émois, son désir d'écriture, ses voyages, sa vie en France, sur Paris dans de petits appartements, presque miteux, faites de périodes difficiles, période où il n'a pas encore écrit les romans qui vont le faire connaître, vivant de traductions et de pièces de théâtre. On sourit face à certaines anecdotes, certaines situations cocasses (avec des français par exemple). Il y a aussi son amour des femmes, ses dragues, ses déconvenues, les femmes qui ont compté dans sa vie dont, bien entendu, sa dernière femme -la romancière Siri Hustvedt- avec qui il entretient une relation amoureuse intense. Et puis New-York et le quartier de Brooklyn bien sûr.
Paul, comme ça m'a fait du bien de te retrouver. (Permets-moi de te tutoyer puisque tu te tutoies). Tu m'as permis de découvrir un peu plus de toi, de comprendre un peu plus pourquoi j'étais si attachée à toi. Peut-être parce que, dans cette autobiographie, il y a cette part de l'humain que tu décris dans tes romans. Il y a aussi ta sensibilité, ton amour de l'art, de la littérature, ton humour et un brin d'autodérision qu'on sent dans tes romans et qu'on retrouve aussi dans ta vie. J'ai refermé cette autobiographie avec le sourire aux lèvres et j'ai hâte de découvrir ton nouveau roman et de m'y plonger encore corps et âme.
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Étonnant et séduisant ouvrage que cette intime Chronique d'hiver, livré du haut de ses soixante-quatre ans !

Je suis certaine de n'avoir jamais rien lu de semblable, et sa grande originalité de narration contribue bien sûr au charme indéniable de l'oeuvre, composée selon les propres mots de l'auteur comme " Un catalogue de données sensorielles ", une méditation sur sa vie à partir de l'évolution de son corps depuis qu'il est capable de s'en souvenir, soit environ sa cinquième année.

Plaisirs et douleurs physiques, sensations et émotions : pourquoi pas.
Cependant, malgré tout l'attrait de l'originalité, les premières pages m'ont décontenancée, je l'avoue. L'inventaire de ses cicatrices par exemple me semble un peu rébarbatif et longuet ; mais, car il y a bien sûr un mais ( sinon comment justifier mes quatre étoiles ), on s'habitue très vite à cette chronique, son ton très direct, et d'autant plus facilement qu'Auster, par le truchement du tutoiement, s'adressant d'abord à lui-même, interpelle franchement aussi le lecteur.
Le procédé est très ingénieux et ça marche. le lecteur est pris par la main et retrouve nécessairement au détour d'un paragraphe un élément de puzzle qui s'insère aisément dans sa propre expérience corporelle, réveille des souvenirs. Quand tel est le cas, le " tu " est redoutablement efficace : Auster relate alors aussi des bribes de ta vie à toi, lecteur !

La structure du récit n'est pas non plus anodine : 250 pages présentées d'une seule traite, sans chapitre, juste rythmées par des paragraphes de longueurs très variables, allant d'une simple ligne percutante à plusieurs pages élaborées pour incarner progressivement son corps, un tout qui a vécu physiquement et psychiquement et qui me semble être au sommet de son talent pour nous communiquer son humanité.
Un conseil si vous pouvez pour réussir cette rencontre avec Auster : immergez-vous dans le bouquin et ne le lâchez plus avant de l'avoir terminé, laissez-vous porter par sa musique personnelle.
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« Will you still need me, will you still feed me
When I'm sixty four »
( d'un autre Paul bien aimé).

S'il y a tant de romancières et de romanciers que j'admire, Paul Auster, avec très peu d'autres : Kundera, Roth, et peut-être Carver et Tolstoï, fait partie d'une autre catégorie, celle des amis, des frères que je retrouve à chaque lecture. Ce qui me touche, plus que leur capacité extraordinaire à raconter des histoires, c'est autre chose: leur humanité, leur regard lucide parfois ironique mais presque toujours bienveillant sur les hauts et les bas, sur les contradictions et les failles de toute vie.

Si je n'ai pas encore tout lu de lui, et pas encore tenté l'ascension de ce sommet que doit être 4321, chaque lecture et parfois relecture de ses livres me confirme dans cette opinion.
Et c'est le cas avec cette magnifique Chronique d'hiver qui m'avait été conseillée par mon « amie » babeliote Lambert Valérie.

Paul Auster y revient sur sa vie alors qu'il vient d'avoir 64 ans et qu'il entre, comme il dit, dans l'hiver de sa vie.
Mais, comme on est chez Auster, ce ne sera pas une autobiographie conventionnelle, mais une sorte de long monologue intérieur, faussement décousu, où ce cher Paul se parle et évoque tour à tour l'histoire de son corps, des accidents de son corps, de son terrible accident de voiture, l'histoire des appartements et maisons qu'il a occupées. Une longue partie est consacrée aussi à ses années de jeunesse à Paris, à sa rencontre récente avec Jean-Louis Trintignant. Il parlera aussi de ses premiers émois amoureux, de la relation compliquée avec sa première femme, et plus généralement avec les femmes, jusqu'à la chance qui lui est tombée du ciel avec la rencontre de celle qui est toujours sa femme, Siri Hustvedt. Et puis de sa famille, de la terrible famille de son père, de la chaleureuse famille de sa femme.

En miroir avec son premier texte, Un homme invisible, qui, dans son récit L'invention de la solitude, évoquait son père, ici, de nombreuses pages pleines de tendresse parlent de sa mère, si attentive à lui et si positive quand il était enfant, si dynamique et si gaie, mais dont le dynamisme et la vie sociale péricliteront peu à peu. Les pages consacrées à sa mort brutale sont bouleversantes.

Ici, Auster l'écrivain parle très peu de littérature, il se décrit sans artifice ni complaisance, livrant notamment son goût pour le tabac et l'alcool, c'est tout sauf narcissique, il n'y a pas non plus de nostalgie sur la fuite du temps, mais un constat réaliste du corps qui vieillit, et de toutes celles et ceux qui ne sont plus. Et puis tant d'empathie pour les gens.

Et enfin, c'est raconté par ce merveilleux conteur qu'est Paul Auster, cette écriture si fluide et imagée, un régal.

En conclusion, un très, très beau récit, très touchant.
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J'aime lire Paul Auster, quand il parle de ses blessures physiques, des coups qu'il a reçus...
J'aime lire Paul Auster, quand il parle de l'histoire de sa famille, de sa mère, de son père, de sa femme...
J'aime lire Paul Auster quand il parle de son enfance, de la vie, de la mort...
"Chronique d'hiver" est un livre que j'ai commencé et arrêté il y a quelques années. Je crois que ce n'était pas le bon moment. Il y a quelques semaines, je l'ai ressorti de ma bibliothèque et je ne le regrette pas. C'est un texte plein de sensibilité, on rit, on est touché en plein coeur. Je le recommande. Quant à moi, je découvre Paul Auster.
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"Tu es entré dans l'hiver de ta vie" constate Paul Auster, écrivain à présent sexagénaire, en se tutoyant dans Chronique d'hiver, un récit autobiographique où il s'interroge, se souvient, se remet en question et établit un bilan de sa vie à travers corps.On pense bien sûr à Journal d'un corps de Daniel Pennac, mais le corps est ici moins morcelé.
Traité dans sa globalité, il sert juste de support à la pensée, à l'émotion et à la réflexion après être passé par moult sensations.C'est son corps désirant (flirts, première fois, amours...), son corps accidenté (meurtri, recousu...), son corps fatigué (par des ennuis de santé ou infections..),son corps pris de panique (lorsque l'angoisse de mort est trop forte..), son corps vidé (à la mort de proches en particulier de sa mère..), son corps agressé (étant lui-même bagarreur dans sa jeunesse..), son corps aimant (étant toujours amoureux de sa femme..), son corps circoncis (signant sa judéité..) que nous dévoile l'écrivain Paul Auster de New-York à Paris.
Chronique d'hiver expulse bien des angoisses, mais (dommage! à mon avis) ne nous apprend pas grand chose sur sa relation à l'écriture.
L'écrivain n'est qu'un homme après tout et c'est sans doute ça le but de sa méditation.
Mais un homme qui a su éviter les dérives de sa propre violence en se créant un trompe l'oeil, tel un peintre pour effacer, minimiser ou enjoliver certains détails sordides.
Et là on comprend le double langage caché dans l'écriture, le processus de créativité et ... l'extra- ordinaire.
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Je ne pensais pas être un jour un peu déçue par un livre de Paul Auster, et bien voilà qui est fait. Cette biographie originale mais bizarrement construite tourne assez souvent en longueur et les évènements de la vie de l'auteur sont jetés pêle-mêle, sautant assez souvent du coq-à-l'âne dans un tourbillon étourdissant de faits, de constatations, de pensées, de regrets -voire de reproches- que l'auteur se fait à lui-même ; le tout dans une virtuosité d'écriture qui laisse essouflé et pris de vertige. Quelle énergie, quelle vitalité de jeune homme à plus de soixante ans ! Il s'agit plus d'un puzzle (comme le dit le résumé) que d'une véritable chronique et si les pièces finissent par s'ajuster les unes aux autres ce n'est pas sans mal.
Au total, j'ai bien aimé, retrouvant à chaque page la grande humanité, l'intelligence profonde des événements et des êtres et la générosité d'un auteur à part mais ce n'est pas mon livre préféré de Paul Auster et j'attends son prochain roman avec impatience.
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Pourquoi "d'hiver"? Peut-être parce que cette "chronique" a été rédigée pendant la période hivernale ? Probablement aussi du fait que ce journal est une sorte "d'arrêt-bilan" à une période de la vie que l'auteur qualifie lui-même d'entrée dans l'hiver.
Un texte très plaisant écrit par Paul Auster alors qu'il était âgé de 64 ans, avec une originalité dans le style: l'emploi du "tu" pour parler de lui-même, ce qui confère au récit une intimité qui n'aurait sans doute pas exister avec le banal emploi du "je".
Ce livre n'est d'ailleurs pas une autobiographie au sens classique du terme, mais plutôt l'évocation de pages de vie, d'anecdotes tirées de son enfance, de son adolescence, d'évènements récents, voire actuels. le lecteur découvre ainsi l'auteur tel qu'il se présente à lui-même comme s'il parlait à un ami proche, avec ses qualités et ses travers, ses faiblesses et ses forces, ses idées et ses choix. Il parle des personnes qu'il a côtoyées, ses amis, ses flirts de jeunesse, ses deux épouses, ses enfants, des personnes de sa famille, avec toutefois une grande absente, sa soeur, née quelques années après lui et de laquelle seules deux allusions évoquent la maladie mentale. Un silence voulu ou un blocage ?
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Paul Auster est un écrivain américain né en 1947 à Newark, New Jersey, aux États-Unis. Une partie de son oeuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D'abord traducteur de poètes français, il écrit des poésies avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films. Marié puis séparé de l'écrivaine Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster. Chronique d'hiver vient de paraître.
On reconnaît un bon livre de Paul Auster à sa musicalité, du moins est-ce ainsi que je conçois son oeuvre. Si la musique qui s'échappe des mots et des phrases sait charmer mon oreille, alors j'adhère à l'ouvrage. L'histoire n'est pas réellement importante, là n'est pas l'enjeu, c'est aussi pourquoi je ne conseillerai jamais un bouquin de Paul Auster à quelqu'un que je ne connais pas. le lien entre l'auteur, son texte et le lecteur, est beaucoup trop fragile, intime et inexplicable pour être vanté à tous. Amis lecteurs, disons pour vous donner mon sentiment global, que la musique m'a happé dès les premières lignes de ce livre et que si, par-ci ou par-là au milieu du texte j'ai cru la perdre, ce ne furent que des instants fugaces.
Mais de quoi cet ouvrage est-il fait ? Ni autobiographie, ni mémoires, ni même un récit, confie l'écrivain dans un entretien au magazine Lire (mars 2013), « je voulais écrire quelque chose sur mon corps ». Et il vrai que le corps tient une part importante dans cette Chronique d'hiver. Que ce soit par son éveil à la vie, ses problèmes de santé ou encore par la mort de ses proches, comme sa mère décédée et longuement évoquée ici. Il aborde aussi ses origines juives, ses femmes et ses enfants, les lieux où il a habité, le terrible accident de voiture dont lui et sa famille se sont tirés indemnes par miracle, bref, même si Paul Auster le conteste, le lecteur y verra une autobiographie mais écrite avec beaucoup de style et d'élégance.
Le gros atout de ce livre, outre sa petite musique, c'est aussi sa forme d'écriture, puisque l'écrivain utilise le « tu » en permanence, ce qui peut se comprendre comme un dialogue entre l'auteur et son héros Paul Auster mais aussi astuce stylistique qui renforce le lien entre lui et ses lecteurs par un effet d'empathie accentué. Auster étant mon aîné de quelques années à peine, certains angles de sa vie me semblent familiers et ce « tu », donne alors l'impression qu'il s'adresse à moi en particulier. Belle trouvaille d'écrivain.
Sachez enfin que Chronique d'hiver est le premier volet d'un diptyque dont le second volet, déjà écrit mais non paru, s'appellera Report from the Interior et sera consacré à son aventure spirituelle et intellectuelle, ce qui théoriquement devrait être encore plus passionnant.
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre, peut-être parce que l'angle d'approche, appréhender sa vie passée à travers son corps, me déroutait. Mais il s'agissait de Paul Auster et j'ai continué ma lecture et, comme toujours, il a réussi à m'entrainer dans son monde. Je me suis identifié à lui bien des fois, comme si j'étais relié à lui par un fil invisible : crise de panique p177, somatisations diverses, etc., j'ai eu peu à peu le sentiment de lire les confidences d'un ami proche...
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Le Voyage d'hiver de Paul Auster

Chronique d'hiver” de Paul Auster, nous rappelle que nous habitons un corps.
Un corps que nous maltraitons parfois, un corps auquel nous donnons du plaisir.

Notre corps témoigne de notre existence dans le monde.

Rien n'est plus proche de nous que cette étoffe de chair ; ces tissus musculaires ; ces organes qui brassent du vivant ; cette ossature qui constitue notre charpente intérieure et nous fait prendre assise au sein de notre être.

Ce corps que nous oublions est trop souvent la cible de notre désamour.

Chronique d'hiver” est le “Winterreise” de Paul Auster, son voyage en terres hivernales.

Il y chante la mort, la vie et surtout l'amour.
Il visite la nuit, il visite le jour.

L'auteur de “Moon Palace” s'est revêtu d'une cape de neige, pour cheminer dans l'hiver de sa vie.
Ses mots se répandent en flocons comme pour mieux étouffer les bruits de la discordance.

Car ce livre est une tentative de concordance avec soi-même.

Paul Auster “entre dans l'hiver de sa vie” et, loin d'être une élégie, son récit prodigue le souffle des renaissances, la ferveur de la lumière du printemps.

Dans cet ouvrage, il se déleste d'anciennes peaux mortes comme pour alléger son rapport à la vie, pour exhausser l'entente avec son corps.

L'amour est un feu qui nous brûle ; qui nous offre joie et souffrance.
Et toujours nous fait clamer le don de la vie et la gratitude qui s'y fiance.

Dans de très belles pages, Paul Auster évoque notre relation angoissée face à la mort.
Il souligne, avec une grande justesse, que la peur de la mort est tout autant peur de la vie.

L'écrivain égyptien, Naguib Mahfouz, exprime également cela avec une grande verve, à la fin de son livre, “Les fils de la Médina” :

« Oui la peur de la mort est pire que la mort, elle tue à petit feu avant que la mort n'arrive.
S'il pouvait revenir à la vie, il crierait au monde entier : “N'ayez jamais peur ! La peur n'empêche pas la mort, elle empêche la vie. Tant que vous craindrez la mort, vous ne serez pas vivants !” »

“Faire corps avec la vie” : tel est le sésame.

© Thibault Marconnet
06/11/2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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