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"Edouard Baer n'est pas Proust, ça se saurait".
Et ça ne s'est pas su !
Mais Edouard Baer est un jeune homme de bonne famille, de bonne famille puisque son père, qui avait lu et avait une haute idée du mot "écrire", ne s'est jamais autorisé à écrire.
Là, réside sûrement le véritable amour des livres.
Le jeune Edouard, donc, issu d'une famille où peut-être l'on n'écrit pas de pères en fils, avait décidé, lui, de parler.
Il parlait à la radio, à la télévision.
Il parlait au théâtre et au cinéma.
Comme soudain frappé par la grâce, il s'amusait avec les mots sans les écrire.
Et il parlait comme on écrit.
Enfin jusque-là !
Car, il a décidé d'écrire ... enfin d'écrire ...
De jeter plutôt sur le papier quelques 140 pages d'élucubrations magnifiquement illustrées par un dénommé Stéphane Manel dont la famille peut-être ne dessinait pas non plus de pères en fils.
Donc "les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce" est un petit livre écrit, non pas par Proust, mais par Edouard Baer.
Il est paru aux éditions du Seuil en février 2021.
Il est la retranscription d'un spectacle donné au théâtre Antoine, à Paris, le 18 avril 2019.
Cet agréable moment de lecture est un pur moment de fantaisie et d'intelligence.
Edouard Baer y est aussi élégant dans la tournure que dans le mot.
De plus, le propos est d'une haute tenue intellectuelle.
C'est de coutume au zinc du dernier bar avant la fin du monde.
Car il a été poli par les manches de Brassens, d'Antoine Pol, d'Albert Camus, de Boris Vian, de Jean Rochefort, de Jeanne Moreau et de quelques autres dont la voix voyage dans les conduits d'aération du théâtre Antoine.
Et finalement, n'est-ce là qu'élucubrations ?
Car entre deux fantaisies, on y trouve pêle-mêle amour des livres, tendre philosophie de comptoir littéraire, pirouettes de comédien, faux téléphone et vrais appels, petits textes lus en aparté, sourires et amitiés.
Dorénavant, Edouard Baer a décidé de parler aussi dans les livres
Et, Dieu me savonne, que la vie serait belle si elle n'était qu'élucubrations touchées par la grâce ...


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Édouard Baer se met seul en scène, il nous livre par écrit le texte de son spectacle.

Fantasque, poète en prose, attendrissant Edouard Baer, j'ai apprécié de le lire avec sa voix qui me soufflait le texte, mais j'en arrive ainsi à la conclusion que j'aurais préféré le voir sur scène, vivant, gesticulant, déclamant, le petit sourire en coin ou les yeux tristes.
Cela m'a manqué dans le récit qui, en outre, n'a pas vraiment de fil conducteur; oui, ce sont bien des élucubrations, charmantes mais désordonnées.
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Texte de son spectacle mis par écrit. C'est E. Baer comme on aime : tendre et précis, extravagant et intelligent. Des petites pensées simples qui font leur effet. Et l'épisode avec Napoléon à mourir de rire. Plus qu'une obligation : tenter de voir le spectacle, le livre donne franchement envie.
Lien : https://www.facebook.com/liv..
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2019 a été l'année du retour d'Édouard Baer quasiment seul sur scène. Il avait donné deux séries de représentations de son dernier spectacle Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce", au théâtre Antoine.

Après une première salve de représentations en début d'année, Edouard Baer aurait du être à l'affiche du théâtre à l'été 2020.

Mais l'épidémie de coronavirus en a décidé autrement.

A défaut de pouvoir jouer ce spectacle, il a décidé de le publier aux Editions du Seuil le texte intégral avec une jolie préface de l'auteur visiblement tout ému de voir un de ses textes couchés sur du papier, lui qui a toujours eu tendance à sacraliser le livre.

Avec "Les Elucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce", Edouard Baer, ce doux rêveur, livre une pièce avec une forme et une construction pour le moins originale, qui évoque une mise en abîme.

Une pièce qui lui permet de donner libre cours à sa folie, son autodérision et sa fantaisie habituelle.

On aime ce texte car on retrouve le Edouard Baer qu'on aime, sa folie, sa verve, son érudition, sa joie, sa légèreté. Tout est là, avec des textes magnifiques, des discours historiques, de l'émotion.

Malraux, Boris Vian, Romain Gary ou encore Jean Rochefort sont convoqués pour des réflexions plus succulentes les unes que les autres ! Un grand moment de lecture.

Drôlissime et cocasse, Edouard Baer a le don de nous transporter dans un univers tantôt poétique, tantôt absurde, et très souvent drôle .

On a hate de le voir prochainement habité sur scène par l'auteur qui devrait profiter de la fermeture des théâtres pour le paufiner comme il se doit !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« On ne peut pas jouer Malraux à 20 h 30 après avoir poussé un caddie dans l'après-midi à la supérette du coin ».


Drôle, tendre, intelligent, Edouard Baer fuit son spectacle au titre un brin prétentieux (tout en rappelant avoir déjà incarné Jésus au théâtre…) et se retrouve sur la scène d'un autre spectacle, pas moins ambitieux (« le dernier bar avant la fin du monde »).


Edouard Baer chute avec Malraux, tangue avec Bukowski (« Il avait constaté un phénomène étrange… autant le chemin pour aller de sa piaule vers le bar était rectiligne… autant au retour ils ont foutu des détours… des bifurcations… »), s'émerveille devant la tenue de Romain Gary à l'enterrement du Général de Gaulle, nous lit la dernière page de « La nuit sera calme ». Romain Gary y répond aux questions d'un ami journaliste
« F.B : Tu as été heureux ?
R.G : Non… Si… Je ne sais pas. Entre les gouttes »


Cette retranscription de son spectacle est magique, du début à la fin, pas seulement « entre les gouttes » : on y est, on l'entend, et avec lui Brassens (Les Passantes), Jean Rochefort (Courage fuyons), Jean-Louis Trintignant, Pierre Brasseur lisant Boris Vian :
« Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents »


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On ne peut pas jouer Malraux à 20 h 30 après avoir poussé un caddie dans l'après-midi à la supérette du coin. Aussi, lorsque notre Édouard se retrouve sur scène, c'est courage fuyons, le voilà qui file sur la scène voisine, seul face à un public venu voir autre chose. le monologue qui va suivre sera juste entrecoupé par les répliques du régisseur, quelques appels téléphoniques puisqu'on le cherche sur la scène d'à côté, et l'implication du public qui scande « non » à la manière des enfants devant un spectacle de Guignol lorsque le régisseur d'à côté déboule sur scène pour savoir si quelqu'un a vu le fuyard.

Le monologue permet à notre Édouard dans ses divagations littéraires et un peu à la manière d'Otis, le personnage qu'il joue dans Astérix et Cléopâtre, de rendre hommage aux auteurs qui ont compté pour lui, les rencontres qui ont forgé sa destinée : Malraux, Bukovski, Camus, Vian, Brassens ou Gary. Un peu comme Luchini le fait avec La Fontaine ou Céline.

Un texte court, dense, jouissif, décalé, très fantaisiste qui correspond bien à l'image que l'on se fait d'Édouard Baer.
Un regret de n'avoir pas vu cette pièce sur scène.

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
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C'est tout à fait par hasard que j'ai acheté à la librairie ce texte d'Édouard Baer. Je pensais que "Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce" était un livre sur le théâtre, une sorte d'essai, mais pas du tout c'est le texte de son dernier spectacle.
D'ailleurs, j'ai découvert qu'il le jouait en ce moment au théâtre Antoine à Paris. Je n'irai pas le voir, d'une part parce que les places sont trop chères et d'autre part parce qu'Edouard Baer a parfois une posture mégalomaniaque qui me dérange un peu (dixit le titre) même si c'est du deuxième degré. Ça c'est pour le côté négatif mais ce texte a aussi pas mal de qualités.
J'aime bien la mise en abyme de l'acteur qui fuit la scène d'un théâtre pour se retrouver devant le public de la pièce en train de se jouer. Cette pièce c'est "Le dernier bar avant la fin du monde" mais elle n'aura pas lieu parce qu'Edouard va se réfugier près du régisseur face au public qu'il interpelle pour témoigner de ses préoccupations et de ses angoisses de comédien. le public devient ami plus que spectateur (s'il accepte ce jeu).
Cela peut sembler court comme intrigue mais c'est sans compter les références aux auteurs qu'il admire : André Malraux, Boris Vian, Albert Camus, Thomas Bernhard, Romain Gary... A cette occasion il dit des extraits marquants et cela permet d'entendre des textes de qualité.
Certes, ça manque un peu de femme mais la pièce est faite sur mesure parce qu'Edouard Baer l'a écrite pour lui. Son jeu doit certainement être à la hauteur de ses qualités d'acteur dont je ne doute pas depuis que je l'ai vu jouer dans "Un pedigree", une adaptation du roman de Patrick Modiano. D'ailleurs, il ne manquait plus que ce dernier pour compléter son éloge aux auteurs admirés.


Challenge Riquiqui 2021
Challenge ABC 2021/2022
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Truculent ! Succulent ! Drolissime !
J'ai retrouvé ce qui me plaît tant chez Edouard Baer : sa folie et sa mélancolie toutes deux mêlées pour en faire un être fantaisiste, extravagant à souhait mais d'une douceur et d'une pertinence rare.
Vous l'aurez compris : fan d'Édouard je suis, chouchou il est !
Déjà, la préface est un ptit bonheur à lire, émouvante, humble et empreinte d'une timidité touchante.
Ce spectacle a été joué en 2019 au théâtre Antoine, comme j'aurais adorée voir ça en scène !
Un homme, Edouard, s'échappe de son théâtre pour se réfugier dans un autre... le public est déjà installé, il s'excuse de faire irruption et essaie d'expliquer cet errement. Les dialogues décalés et foutraques avec le régisseur ou au faux téléphone sont un réel bonheur ! Il invoque, dans de courts textes choisis, ses maîtres à penser dans des réflexions pertinentes, de Malraux à Camus, de Boris Vian à Thomas Bernhard et Romain Gary, Bukowski... Napoléon et Jean Rochefort y passent aussi !
Un petit bijou de 143 pages pour un grand moment illuminé de lecture, traversé par les dessins de @stephanemanel
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C'est en écoutant ses interventions, le matin au réveil, sur Radio Nova, que j'ai vraiment découvert Édouard Baer, sa voix, sa plume. J'ai adoré l'homme, qu'on imagine presque un peu camé tant il est hors de tout, un rêveur, un peu fou, qui raconte tout et n'importe quoi, tout en étant terriblement inspirant.

A la lecture de la 4ème de couverture, j'ai de suite pensé que ce spectacle ressemble un peu à ça, à la fois décousu et très cohérent, et je n'ai pas résisté....
"Dans un théâtre, soudain un homme surgit, l'air en fuite. Qui est à ses trousses ? Y a-t-il vraiment une menace ? Il pourrait faire marche arrière, retourner à sa vie. Il est encore temps. Juste une excuse à trouver : un moment de panique, une erreur d'aiguillage, une rencontre imprévue. Ou au contraire larguer les amarres, pour toujours.
Au cours de ce moment suspendu où tout peut basculer, il se prend à imaginer d'autres vies. de grands destins. L'appel du large. Il invoque ses maîtres et se rêve André Malraux, Charles Bukowski, Thomas Bernhard, Romain Gary… Qu'auraient-ils fait à sa place ?
Et lui, s'il osait être lui, que ferait-il ?"

Le titre correspond parfaitement au contenu : des élucubrations, des divagations, du déraisonnable, de l'extravagance.

Je l'ai lu d'une traite. J'avais sans cesse en tête sa voix, son intonation, son génie de l'improvisation, que j'ai justement pu apprécier hier à l'Intime Festival de Namur.

C'est bien écrit, avec beaucoup d'humour et des références littéraires intéressantes. Il partage d'ailleurs certains extraits, à la manière de Luchini que j'adore.

On entend sa voix grave, cadencée, entre les lignes, derrière le charme de ces phrases, de ces mots, écrits de façon à préserver une certaine oralité, dans la profondeur des réflexions sur le courage et la lâcheté, notamment, ou sur des personnes qu'il admire, comme Malraux, Romain Gary, ou Brassens.

Quelques passages sont très drôles, d'autres plus profonds. 

Cela se lit vite, cela désarçonne, et surtout donne envie d'être dans la salle. Je me suis sentie un peu frustrée d'ailleurs, j'aurais aimé assister au spectacle.

Je ne le conseillerais pas à tout le monde, même si j'ai aimé.

Mais une chose est sûre, je ne regrette pas de l'avoir acheté. Il aura sa place, sur ma table de nuit, ou à côté, et je le reprendrai, certainement, par petits bouts, pour en savourer des extraits.
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Délicieux !
J'ai dévoré ce livre.
Je me suis régalée de lire cette pièce de théâtre à l'humour dévastateur et très bien écrite, jouée au Théâtre Antoine en 2019 (avec Eduarden Baer, Christophe Meynet et Patrick Boshart).
J'ai également beaucoup aimé les dessins Stéphane Manel.
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