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EAN : 9781095772133
Anamosa (13/10/2016)
4.17/5   15 notes
Résumé :
« Retourne faire la vaisselle et du tricot » ; « Qu’elles s’occupent de leurs casseroles… » ; « On dirait un tir de femme enceinte »… Autant de « petites phrases », trop souvent répétées dans le monde du sport, où le machisme et le sexisme semblent régner sinon en maîtres, du moins dans une forme de connivence naturelle.

Du sexisme ordinaire, touchant d’ailleurs femmes comme hommes, aux violences sexuelles, de la question d’une « nature masculine » du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour moi ce livre est un véritable coup de coeur : je l'ai dévoré à une vitesse folle (et pourtant je suis une vraie limace pour lire des essais !) tant il m'a passionné ! Son postulat est (hélas) assez simple : analyser le sexisme et ses conséquences, dans le milieu du sport (français et international), un milieu qui se voudrait exemplaire de par les valeurs qu'il véhicule mais se révèle être le miroir grossissant du sexiste incrusté dans notre société. L'autrice va à la fois mêler analyses sociologiques et historiques et s'appuyer sur sa propre expérience de première présidente d'un club de sports collectifs masculin qu'elle consignait dans un carnet. Ces témoignages sont par ailleurs particulièrement glaçants et révélateurs ; cela va de l'ignorer superbement (ou la prendre pour « la femme du président ») à miner des actes sexuels face à elle en toute quiétude ( !). Se permettrait-on la même chose avec un homme ? La réponse paraît évidente.
Cet essai commence par un sujet peu abordé, comme le dit l'autrice elle-même, à savoir les conséquences de ce sexisme chez les sportives : sentiment imposture, dévalorisation, violence physique et mentale (injonction du milieu, souffrir pour aller au bout de soi). Elle insiste également sur la dimension particulièrement violente de ce milieu, car quand on y réfléchit, dans quel autre milieu au monde se permet-on de hurler sur ses subordonnés, de les insulter pour les « motiver » avec des « sors-toi les doigts du c** » et autres joyeusetés ? Cette violence s'incruste dans l'éducation des garçons tant le sport a toujours été un moyen d'affirmer sa virilité (pensons à Billy Elliott) ; ne pas aimer le sport, c'est être une « tapette ».
Ensuite l'autrice s'interroge sur le « sexe » des sports, et il est assez juste de constater qu'on préciser toujours qu'une équipe est féminine mais jamais masculine (comme si cela coulait de source). Elle demande à juste titre s'il existe une musique féminine, une littérature féminine, une science féminine ? Comme si notre sexe marquait chacune de nos activités d'un sceau particulier. Elle réalise à ce moment un historique très intéressant du sport au féminin (en comparaison du masculin) et force est de constater que des pionnières ont tout fait pour se battre pour leur passion, pour s'affirmer dans cette chasse-gardée masculine. J'ai énormément apprécié cet historique (certes bref, mais ce n'était pas le sujet du livre) sur les femmes et le sport, et j'ai appris avec énormément de surprise que les femmes avaient organisé leurs propres jeux olympiques durant quelques décennies.
L'autrice enchaîne ensuite sur la situation « difficile » des femmes sportives, prise au piège des injonctions de la société à les conserver « féminines » pour éviter tout « soupçon » de lesbianisme (non mais parfois on se demande dans quelle société on vit) et d'envie d'affirmation de soi, de ses propres goûts vestimentaires… Elle les enjoint de développer une « conscience de genre », par égard des autres femmes, mais le féminisme est le mot qui fâche et effraie, et peu de sportives s'emparent consciemment de ces problématiques. La féminité est un argument marketing la plupart du temps, au détriment de la performance (affiche avec des talons, décolleté, mise en valeur des attributs féminins) : attirer un nouveau public, mais on se demande lequel… L'autrice développe également la problématique des habits des sportives ; éternel moyen de contrôler le corps féminin, trop ou pas assez couvert… Encore une fois le corps féminin (sublimé par des jupettes et autres vêtements peu pratiques de la bouche même des sportives) sert à attirer le public, sans vraiment que des enquêtes le confirment. J'ai particulièrement apprécié la réflexion sur la « désexualisation des individus » (le cauchemar de certains, vous en conviendrez). le sport permettrait de faire définitivement flancher les stéréotypes et chacun pourrait se revendiquer tel qu'il souhaite être ; délier « impératifs biologiques et normes sociales ».
La prochaine partie se consacre au point guère plus reluisant du management du sport, qui est frappé de plein fouet par le bien connu « plafond de verre » ; les femmes doivent fournir plus d'efforts, être dans le soupçon perpétuel de l'incompétence, la dévalorisation, le manque de soutien et de considération… Un vrai panier de crabes où pourtant des femmes s'affirment, souvent avec beaucoup de succès (elles sont souvent très compétentes, puisqu'elles se dévalorisent, et doivent travailler plus dur pour y arriver). L'autrice dénonce les « impensés » de ce milieu, ces réalités inenvisageables : comment de fois l'a-t-on prise pour une secrétaire, ou la femme du président…
Enfin, malgré tout, elle conclut avec un tableau plus optimisme en soulignant les efforts des dernières années, les avancées, petit à petit, chaque édition des jeux olympiques accueillant de plus en plus de catégories féminines par exemple, même s'il reste évident que la question de l'égalité dans le sport doit être un effort collectif (et surtout que les hommes s'enlèvent leurs oeillères).
Bref, un livre indispensable, enrichissant, passionnant sur le sujet (avec une bibliographie très documentée) !
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Au même titre que Les émeutes raciales de Chicago de Carl Sandburg et La saison des apparences de Christophe Granger, je n'ai pas été déçue par cette nouvelle lecture aux éditions Anamosa. Béatrice Barbusse est notamment ancienne handballeuse de haut niveau, présidente d'un club de sport professionnel masculin, maître de conférence en sociologie. Avec du sexisme dans le sport, elle nous livre un essai de sociologie mêlé de témoignages personnels. La combinaison des deux approches est très utile, voire nécessaire pour appréhender au mieux les questions féministes. Comme toujours chez Anamosa, si l'ouvrage est scientifique, le texte reste léger et accessible au grand public, illustré de nombreux témoignages issus du vécu de l'autrice ou de personnes de son entourage proche. L'objet-livre avec sa couverture à rabats est également très élégant et agréable à prendre en main.
Du sexisme dans le sport s'articule autour de six chapitres. le premier, "le sexisme est dangereux", présente plusieurs exemples très variés de sexisme. de la main aux fesses d'une entraineuse à l'injonction outrancière de virilisation des hommes, en passant par la franche moquerie sexiste - que l'on qualifiera gentiment d'humour - les occasions d'instaurer une domination masculine sur les femmes sont nombreuses dans la vie quotidienne et plus nombreuses encore dans un environnement sportif. Petit chiffre intéressant, les différences de records de performances sportives au JO entre hommes et femmes ne sont que de 10%. Si l'on prend en compte le traitement social, psychologique, physique fait aux femmes dès l'enfance - sur ce point, cf. notamment Fragiles ou contagieuses de Barbara Ehrenreich et Deirdre English - ce chiffre plutôt faible devient à mon sens encore plus relatif. On est très loin de la soi-disant hyper virilité masculine. Faut-il le rappeler : les femmes aussi sont musclées ! Ce premier chapitre ne surprendra probablement pas les lectrices mais aidera certainement de nombreux hommes à comprendre de quoi l'on parle.
Le second chapitre, "les sports ont-ils un sexe ?" est une brève histoire du sport professionnel féminin. Celui-ci n'est possible pour les femmes que depuis le début du XXème siècle. L'exemple suivant prouve, si besoin, que le féminisme n'est pas un combat obsolète : la boxe anglaise, sport olympique depuis 1904 , n'a été ouvert aux femmes qu'en... 2012.
Les deux chapitres suivants "Les sportives doivent-elles être féminines ?" et "Comment les femmes de sport doivent-elles s'habiller ?" reprennent des débats courants par ailleurs dans la société sur l'injonction que subisse les femmes de correspondre aux codes de la féminité. Mais quid de cette féminité pour une femme plus musclée que la moyenne ? Faut-il assumer cette forme de virilité ? Certaines sportives choisissent d'exacerber leurs attributs féminins en-dehors des salles de sport pour que l'on n'oublie pas qu'elles sont aussi des femmes. Ces questions qui relèvent finalement de la liberté de chacune se posent essentiellement à cause du regard d'une société qui a toujours beaucoup trop de choses à dire sur l'apparence d'une femme - et beaucoup moins sur celle d'un homme. le chapitre "Les femmes sont-elles capables de manager le sport ?" est particulièrement intéressant, il fournit les chiffres de la très large sous-représentation des femmes dans les instances politiques, fruit d'un sexisme latent et d'un harcèlement insidieux visant à miner la confiance en soi des sportives. La conclusion "Et maintenant, et demain ?" est positive, elle fait l'état des avancées sur la question et incite les hommes et les femmes à prendre davantage conscience de ces inégalités afin d'agir en connaissance de cause, à réagir face à un comportement sexiste. Béatrice Barbusse invite à la réflexivité, à prendre du recul sur nos positions de dominants ou de dominées et à faire en sorte que les mentalités changent. Si les lois françaises permettent maintenant une certaine égalité entre les femmes et les hommes, le travail sur nos structures psychologiques est encore à faire.
En bref, du sexisme dans le sport est un livre hautement recommandable pour tous !

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Elle commence en expliquant la dangerosité du sexisme, celui qui est intériorisé par tout à chacun et celui, plus violent, qui fait moins d'apparitions mais qui sont souvent plus violentes. C'est le commentaires déplacé de P. Candeloro lors des Jeux de Sotchi en parlant d'une patineuse canadienne : « Moi je connais plus d'un anaconda qui aimerait venir l'embêter un petit peu cette jeune Cléopâtre. » ou la main aux fesses de l'arbitre Charlotte Girard par un joueur lors d'un match de hockey sur glace. Les deux sont des événements intolérables à notre époque mais sont souvent impunis sans la montée au créneau de la victime. Elle montre, raconte, comment des associations, des individus seuls aussi, tentent avec leurs moyens de changer les choses. Comment lorsque les gens décident de dire « non », certains comportements sont modifiés ou punis.

Une autre conséquence à laquelle l'autrice s'intéresse est celle de la modification des comportements individuels pour résister à cet univers violent. Piochant dans les autobiographies de différents sportifs masculins et féminins, elle tente de comprendre comment ces injonctions souvent invisibles touchent les sportif de haut niveau. Les injonctions à être un homme pour les sportifs, comme le raconte Raphaël Poulain, ancien rugbyman qui explique qu' « un homme ne doit pas montrer ses sentiments » ou Lucie Décosse qui raconte qu'il faut rester féminine, même pleine de transpiration. Sans prendre parti, ce qui est formidable, l'autrice montre que le sexisme touche en fait les deux sexes, de façon différentes certes, et à des degrés divers, mais qu'il est un problème pas seulement pour les femmes.
Lien : https://lamenageriedulivre.w..
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Ancienne sportive de haut niveau et sociologue, l'auteur nous livre un document alliant expérience personnelle et analyse sociologique. Elle interroge la place des femmes dans le sport, ne la limitant pas à la pratique sportive mais l'étendant à la sphère institutionnelle, économique et médiatique. A travers cet essai elle entend combattre le sexisme, les inégalités et les discriminations de genre
à l'oeuvre dans le milieu sportif.
Les six chapitres de l'ouvrage analysent progressivement la réalité du sexisme dans la sphère sportive, des terrains au sport-business en passant par le monde journalistique.

lire la suite en suivant le lien
Lien : http://www.dev.scienceenlivr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Comme le déclarait en 1896 la suffragette Susan B. Anthony : "Le cyclisme : c'est ce qui a fait le plus dans le monde pour l'émancipation des femmes." Plus d'un siècle après, Myriam Lamare, championne de boxe ne dit pas autre chose : "Les coups que je porte secouent aussi bien mes adversaires que les fondations de notre société."
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