Il y a, dans ce recueil de textes, une partie accablante pour l'auteur : celle qui concerne l'Affaire Dreyfus. Ses réflexions sur Dreyfus au procès de Rennes, par exemple, ne laissent d'indigner ; il est fort à parier que, si le souvenir de cet écrivain, qui fut un maître pour nombre de jeunes intellectuels (comme Mauriac), s'est aujourd'hui estompé, ou peu s'en faut, son antisémitisme, qu'il reniera cependant plus tard, en est une des raisons majeures. Beaucoup plus belles, en revanche, sont les pages qu'il consacre à Déroulède, auquel il succéda à la tête de la Ligue des Patriotes (juste avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale). Il s'agit d'expliquer que Déroulède, le chantre de la Revanche, n'était pas fou ! Le propos peut faire sourire, mais moi qui me suis donné la peine de lire "l'inventeur du nationalisme français", je puis dire qu'à mon sens, Barrès avait entièrement raison, et que son prédécesseur ne méritait pas la réputation quelque peu sulfureuse que des soi-disant démocrates lui firent.
En bref, le Barrès politique est à lire avec prudence, certes, et si ses propos antisémites sont évidemment à condamner, son programme politique (nationaliste et fédéraliste en même temps) mériterait encore que l'on s'y attardât.
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Une nation, c'est la possession en commun d'un antique cimetière et la volonté de faire valoir cet héritage indivis.
MAURICE BARRÉS - ESTELLE ANGLADE TRUBERT